Au moment où le Parti conservateur présente ou adopte une série de lois antisyndicales, à la veille du scrutin fédéral du 19 octobre, Montréal accueille aujourd’hui l’un des piliers du Right-to-Work, le gouverneur du Wisconsin, Scott Walker. Ce dernier interviendra à 17 heures, cet après-midi, devant les invités du Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM), qui s’associe pour cette occasion avec la Chambre de commerce américaine au Canada, Section Québec (AmCham).
Dans les 25 États où le Right-to-Work est en vigueur aux États-Unis, on a constaté une diminution du taux de syndicalisation, causant baisses de salaires et accidents du travail accrus. Ainsi, le taux d’accidents mortels au travail y est plus élevé de 52,9 %. Selon l’ Economic Policy Institute, les salaires y sont de 3,2 % inférieurs à ceux versés dans les États qui n’ont pas adopté une telle loi, ce qui représente un écart de plus de 1500 $ par année pour un travailleur à temps plein. En outre, le niveau des régimes d’assurance santé assumés par les employeurs est plus bas de 2,6 %, et de 4,8 % en regard de leur part dans les régimes de retraite. Enfin, sur les 10 États qui avaient le taux de chômage le plus haut en 2011, 7 ont adopté une telle législation.
« Bien que cette loi soit souvent invoquée pour stimuler l’économie, ces statistiques démontrent le contraire, elle affecte directement la classe moyenne, soit les travailleuses et les travailleurs qui sont touchés par le processus de désyndicalisation qui suit le plus souvent son adoption, a dénoncé le président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Jacques Létourneau. Ce n’est certes pas avec des hausses du chômage et des baisses de salaires que l’économie sera revigorée, d’autant moins dans des régions comme ici, déjà frappées par les mesures d’austérité.
« Le Right-to-Workest responsable des inégalités qui ne cessent de se creuser aux États-Unis et il pousse des familles à la misère, a poursuivi Jacques Létourneau. Il n’a définitivement pas sa place au Québec et au Canada. Faite dans un climat d’austérité au Québec, qui frappe particulièrement les employé-es de l’État actuellement en négociation de leurs conditions de travail, et dans un contexte pré-électoral au Canada, l’invitation qui a été lancée au gouverneur Walker est pour le moins singulière. » Cette loi accorde le droit aux salarié-es couverts par une convention collective de ne pas adhérer au syndicat et de ne pas payer de cotisations syndicales, contrairement à ce que prévoit la formule Rand au Canada. De nombreuses études démontrent que les lois antisyndicales de ce genre sont responsables du déclin du taux de syndicalisation dans le secteur privé aux États-Unis, qui atteint aujourd’hui à peine 7,5 %.
Les conservateurs de Stephen Harper s’inspirent ouvertement du courant de droite dominant dans certains États de notre voisin du sud, dont le Wisconsin, pour adopter de telles législations, comme le C-525, ou pour présenter des projets de loi comme C-377.
« Nous dénonçons de telles tactiques qui jouent en faveur du patronat, au détriment des travailleuses et des travailleurs. Le bilan du Parti conservateur pèse lourdement sur la démocratie canadienne, l’environnement et les lois sociales. C’est pourquoi nous invitons nos membres et la population à battre les conservateurs le 19 octobre prochain » , a conclu le président de la CSN. La CSN est aussi membre de la coalition Pas de démocratie sans voix qui a conçu un site pour que les gens puissent dénoncer les attaques répétées du gouvernement conservateur contre la démocratie et les droits humains au Québec et au Canada, avant les élections de l’automne.
La CSN représente près de 325 000 travailleuses et travailleurs œuvrant dans tous les secteurs d’activité dans quelque 2000 syndicats.