Exclusion du personnel de la SAQ à la Société québécoise du cannabis

La ministre fait volte-face

Dernière heure: lors de la présentation de la CSN à la commission parlementaire, la ministre Charlebois a fait volte-face en annonçant que le projet de loi 157 sera amendé pour permettre aux employé-es de la SAQ de travailler dans l’éventuelle Société québécoise du cannabis, une demande formulée par la CSN. Nous suivrons attentivement l’évolution de ce dossier.

Nous vous invitons à consulter la présentation du président de la CSN, Jacques Létourneau, lors de la commission parlementaire.


Le 16 janvier, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) a présenté son mémoire aux parlementaires qui étudient, en commission, le projet de loi 157 encadrant le cannabis. La CSN dénonce vigoureusement une disposition du projet de loi qui aurait pour effet d’interdire aux salarié-es de la SAQ de travailler dans la nouvelle Société québécoise du cannabis (SQC), ce qui constitue un dangereux précédent.

Pour la CSN, le débat sur l’encadrement du cannabis doit reposer en priorité sur les enjeux de la santé et de la sécurité publiques. « Nous partageons l’objectif de ne pas mélanger le commerce de l’alcool et celui du cannabis, explique son président, Jacques Létourneau. Mais interdire aux employé-es de la SAQ de travailler à la SQC n’ajoute rien aux autres balises déjà prévues par le projet de loi. »

Les employé-es de la SAQ sont les seules personnes au Québec à qui le projet de loi interdirait d’obtenir un emploi à la future SQC (article 5 modifiant l’article 23.19 de la Loi sur la SAQ). Il n’y aucun autre exemple récent d’une telle clause dans un projet de loi. La CSN y voit un dangereux précédent.

« Nous trouvons scandaleux que la SAQ ne proteste même pas. Quel manque de reconnaissance à l’égard du travail accompli par ses salarié-es dont 70 % travaillent à temps partiel », dénonce la présidente par intérim du Syndicat des employé-es de magasin et de bureau de la SAQ (SEMB–SAQ–CSN), Katia Lelièvre.

Un choix malavisé
Dans son mémoire, la CSN souligne qu’en interdisant à ses propres salarié-es de la SAQ de mettre leur expertise au service de la nouvelle société, le gouvernement se prive d’un bassin d’expertise important. Les employé-es des magasins ont en effet une bonne partie de la formation exigée par le projet de loi. Ils font face au quotidien à des situations où la prévention ainsi que la santé et la sécurité publiques doivent l’emporter sur les impératifs commerciaux. Dans le contexte actuel de pénuries de main-d’œuvre, la SQC aura fort à faire pour être prête à fonctionner dans moins de six mois.

En outre, la CSN déplore que le projet de loi ouvre la porte à un dédoublement des fonctions professionnelles spécialisées existant déjà au sein de la SAQ, qu’on pense au contrôle de la qualité, à la mise en marché responsable ou à la chaîne d’approvisionnement. Forcer la SQC à tout construire en parallèle ou à avoir recours à la sous-traitance nécessitera à coup sûr des investissements plus importants.

« Le projet de loi est paradoxal. L’encadrement ressemble beaucoup à ce qu’on fait avec l’alcool, qui est un succès ne serait-ce que sur les plans de la santé et de la sécurité publiques. On reconnaît notre expertise, mais du même souffle on décide de s’en priver collectivement.  Ça ne tient pas la route », poursuit la présidente du Syndicat du personnel technique et professionnel (SPTP–SAQ–CSN), Sandrine Thériault

Porte ouverte au secteur privé
Globalement, la CSN a accueilli positivement le projet de loi 157 malgré ses irritants, notamment parce qu’il mise sur le secteur public dans l’encadrement du cannabis. « Si je me fie à ce que nous avons entendu lors des consultations, c’est la voie qui est la plus rassembleuse pour toute la population, poursuit Jacques Létourneau. C’est donc inquiétant que le projet de loi garde ouverte la porte à une privatisation éventuelle par la mise en route de projet-pilote. Nous pensons qu’il faudrait exclure le secteur privé à but lucratif de la vente de cannabis au Québec. Il y a de nombreux lobbies qui, dans l’antichambre, militent encore pour la privatisation du cannabis : il faut envoyer un message clair ».

À propos
Le SEMB-SAQ (CSN) représente les 5500 travailleuses et travailleurs des magasins et des bureaux de la SAQ. Il est affilié à la Fédération des employé-es de services publics.

Le SPTP-SAQ regroupe quelque 500 membres qui travaillent en partie à Québec, mais principalement à Montréal. On y compte notamment les secrétaires, techniciens et analystes du siège social et des centres de distribution. C’est d’ailleurs ce centre qui est responsable d’approvisionner en vin l’ensemble du réseau de la SAQ. Le SPTP-SAQ est affilié à la Fédération des professionnèles (FP–CSN).

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