La CSN dénonce le sort fait à des militants colombiens des droits sociaux qui ont participé à des actions de solidarité ou témoigné contre les agissements de la pétrolière canadienne Pacific Rubiales en Colombie. Cette dernière nie clairement le droit au travail et la liberté d’association. La CSN demande en outre au gouvernement Harper qu’il assume sa responsabilité de s’assurer du respect des conventions internationales et des accords intervenus entre le Canada et la Colombie qui prévoient explicitement la protection des principes et des droits reconnus par l’OIT, tels que la liberté d’association et le droit de négociation collective.
La CSN interviendra auprès des autorités colombiennes pour demander la libération des prisonniers, qu’elles leur accordent un procès juste et que cesse la persécution des militants de l’Union syndicale ouvrière (USO).
Arrestations arbitraires et menaces de mort
Le 4 décembre à 9 heures, Campo Elias Ortiz, un ex-travailleur d’une entreprise sous-traitante de Pacific Rubiales, a été arrêté alors qu’il quittait son domicile pour se rendre au siège social de l’USO, section de l’industrie du pétrole, dont il est militant. José Dilio, Dario Cardenas, et Hector Sanchez, leaders communautaires de la région de Rubiales, ont également été appréhendés.
Ces syndicalistes ont témoigné lors du Tribunal populaire sur les politiques extractives en Colombie qui a eu lieu l’été dernier. José Dilio est l’un des dizaines de témoins dans l’enquête qui a suivi les nombreuses plaintes de l’USO qui accuse Pacific Rubiales de violation au droit du travail et au droit de libre association. Cette plainte a été déposée en mai 2013 et Campo Elias Ortiz s’en était fait le porte-parole notamment auprès des médias canadiens. Quant à Hector Sanchez, il a fait l’objet de plusieurs actions de solidarité consécutives aux menaces de mort contre lui et sa famille. Ces menaces ont été proférées après l’audience du Tribunal populaire qui s’est tenue à Puerto Gaitan le 13 juillet 2013.
À ce moment, un jugement avait été émis contre la multinationale Pacific Rubiales Energy, en présence de diverses personnalités et organisations québécoises et canadiennes, dont la CSN. Il avait été démontré que les travailleurs ne peuvent s’affilier au syndicat de leur choix ni continuer à travailler pour la pétrolière. Non seulement les travailleurs affiliés au syndicat pétrolier national font face à des menaces et à de l’intimidation, mais l’un d’entre eux, Milton Riveras, a carrément été assassiné en décembre 2012.
Inaction du gouvernement Harper
Ces pratiques vont clairement à l’encontre des droits syndicaux reconnus par l’Organisation internationale du travail (OIT). De plus, un accord de coopération dans le domaine du travail entre le Canada et la Colombie, entré en vigueur en même temps que l’Accord de libre-échange entre ses pays, stipule qu’ils doivent incorporer et protéger les principes et les droits reconnus par l’OIT, tels que la liberté d’association et le droit de négociation collective.
Pour la CSN, l’État canadien doit s’assurer que les entreprises canadiennes à l’étranger respectent ces accords et qu’elles se soumettent aux lois internationales et nationales. Mais le gouvernement Harper ne fait rien pour s’assurer que ces compagnies agissent en conséquence et qu’elles respectent les conventions internationales. Il a le devoir d’enquêter sur les nombreux cas d’abus et, éventuellement, d’imposer des sanctions aux entreprises impliquées. La CSN demande donc au gouvernement conservateur qu’il assume ses responsabilités à ces égards.
L’État colombien a évidemment aussi une responsabilité à jouer pour veiller au respect des droits humains et syndicaux. L’ensemble des charges est lié à des faits remontant à 2011 et s’étant déroulé dans le cadre de la mobilisation ouvrière pour l’amélioration des conditions de travail au champ pétrolier de Rubiales, opéré par la Canadienne Pacific Rubiales Energy.
Les militants ont comparu le jeudi 5 décembre au matin sous des chefs d’accusation « d’obstruction de la voie publique », « violations au droit du travail », « menaces » et « séquestration aggravée ». Cette dernière accusation, menant à des condamnations entre 40 et 60 ans d’emprisonnement, est basée sur le fait que la ligne de piquetage tenue à l’entrée du champ pétrolier empêchait d’y entrer ou d’en sortir. Il s’agit d’une accusation grave qui ne sera sans doute pas retenue au procès, mais qui a pour conséquence immédiate d’empêcher la libération conditionnelle dans l’attente du procès, une pratique qui vise à contenir la contestation sociale et que l’on déplore malheureusement avec fréquence.