Un service public aussi essentiel que les soins aux personnes âgées en perte d’autonomie devrait être accessible gratuitement pour tout le monde au Québec. Il faut un continuum de soins publics incluant les soins à domicile, tout en ne laissant pas tomber les personnes âgées à la dernière étape de leur vie.
Cette affirmation peut sembler évidente, mais plusieurs dérives des politiques publiques des dernières années font en sorte que ce qu’on croyait être une garantie d’accès est trop souvent remis en question. Cette situation brise malheureusement la quiétude que devraient avoir les personnes âgées qui sentent leurs forces diminuer.
« Le nombre de places en CHSLD doit absolument s’ajuster à la demande », insiste Jean Lacharité, vice-président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN). La population du Québec est vieillissante. Une liste d’attente importante est en place pour accéder aux centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD). Or, plutôt que d’augmenter le nombre de places, le gouvernement a fait exactement le contraire en diminuant de 4 % le nombre de lits dans ce service de 2006 à 2011. Il est temps de renverser la vapeur.
Parallèlement à ce désengagement de l’État, on a assisté à l’émergence des CHSLD privés en partenariat public-privé (PPP). « La formule des CHSLD en PPP est un échec lamentable comme le montre le cas de l’entreprise du promoteur Eddy Savoie à Saint-Lambert », affirme Guy Laurion, vice-président à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN). La précarisation des emplois et le taux de roulement des employé-es ne sont pas du tout propice à la mise en place de soins de qualité sur une base continue. Au CHSLD de Saint-Lambert sur-le-golf le taux de roulement se situe à plus de 100 % par année!
Les personnes âgées qui devront se diriger vers ces établissements n’auront assurément pas la même qualité de soins. La CSN se prononce donc fermement contre les PPP dans le secteur des CHSLD et de la santé en général. Pour les mêmes raisons, la CSN estime que le gouvernement doit également cesser de confier aux résidences privées pour aîné-es des places d’hébergement.
Bref, le gouvernement devrait arrêter d’improviser au fil des compressions budgétaires successives et plutôt prévoir minutieusement le continuum de soins que doivent obtenir les aîné-es. Pour ce faire, on devrait revoir l’ensemble des orientations en ce qui concerne l’hébergement des personnes aînées. Un groupe paritaire (patronal-syndical) pourrait notamment établir des ratios de personnel adéquats afin d’assurer une humanisation des soins offerts aux résidentes et aux résidents de CHSLD. La CSN est également d’avis qu’il faut poursuivre les travaux qui vont mener à une révision des formations afin de répondre aux problématiques qui découlent de l’alourdissement de la clientèle.
« Toutes ces mesures ne seront possibles que si le financement public est ajusté de façon périodique aux besoins en croissance. Le report de l’atteinte de l’équilibre budgétaire devrait être l’occasion de prendre un temps de réflexion sur la façon dont nous voulons financer et orienter les soins de santé nécessaires à toutes les étapes de la vie afin d’éviter de glisser petit à petit vers un système de santé à l’américaine où le privé fait inévitablement gonfler la facture totale des soins de santé », conclut Jean Lacharité, vice-président de la CSN.
À propos
Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 300 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.