C’est une nouvelle tuile qui tombe sur l’information régionale. Après 62 ans d’existence, le journal hebdomadaire La Gatineau annonce aujourd’hui sa fermeture définitive en raison de la crise économique qui sévit dans la presse écrite. Dans un long article paru sur leur site Internet, l’équipe de La Gatineau indique faire face à de grandes difficultés financières, dans un contexte où les géants du Web accaparent plus de 70 % des revenus publicitaires et où même de grandes institutions de la presse écrite comme le Toronto Star affirment lutter pour leur survie.
Pour la Fédération nationale des communications–CSN, la situation vécue par La Gatineau est une preuve de plus que la presse écrite a besoin de soutien. « C’est un autre journal qui ferme ses portes, pendant que le gouvernement fédéral préfère se mettre la tête dans le sable. Le Canada laisse notre presse écrite mourir et choisit plutôt l’inaction. Croire en la liberté de presse, qui est garantie par la Charte canadienne des droits et libertés, c’est aussi se donner les moyens d’avoir une presse libre », s’indigne Pascale St-Onge, présidente de la FNC–CSN. L’organisation syndicale rappelle que le soutien de l’État s’élève à 3,62 $ par habitant par année au Canada, alors qu’il atteint 30 $ en France et 92 $ en Finlande. « Le gouvernement fédéral aurait pu annoncer, dans son dernier budget, des mesures beaucoup plus importantes pour accroître son soutien. Il a préféré proposer des miettes qui ne pourront répondre aux besoins du secteur », poursuit Pascale St-Onge.
Bien que l’annonce d’aujourd’hui ne soit pas une surprise aux yeux du Syndicat des travailleuses et des travailleurs du journal La Gatineau, son président, Stéphane Bogé, est attristé par la nouvelle. « On le sentait venir, nous ne sommes pas surpris. Cela dit, c’est un moment très difficile à traverser. Pour certains d’entre nous, ce sont plusieurs années de travail qui se terminent, et dans le contexte de crise qui touche la presse écrite, il nous sera difficile de nous trouver un autre emploi dans notre secteur », affirme le président du syndicat.
Du côté du Conseil central des syndicats nationaux de l’Outaouais (CCSNO–CSN), on déplore la perte d’emplois de qualité pour la région ainsi qu’une source d’information régionale crédible et fiable. « C’est dommage, ce sont neuf emplois qui disparaissent, mais c’est aussi un média régional fort d’une histoire de plus de 60 ans, qui participait à la vie sociale, politique et culturelle régionale. C’est un triste jour pour l’Outaouais », déplore Michel Quijada, président du CCSNO–CSN
À propos
La Fédération nationale des communications–CSN regroupe 6000 membres dans 88 syndicats œuvrant dans les domaines des communications et de la culture. Elle fait partie de la CSN, qui est une organisation syndicale fondée en 1921 et qui regroupe 300 000 membres dans 1700 syndicats. La CSN œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise.