En 2013, les 280 travailleuses et travailleurs de Kronos ont traversé un long lock-out de six mois. Une période difficile au cours de laquelle certains d’entre eux ont dû se rabattre sur les banques alimentaires pour nourrir leurs familles.
« On a reçu beaucoup d’aide des autres syndicats de la CSN », se rappelle Serge Berthiaume, président du syndicat de l’entreprise située à Varennes. « Après la fin du lock-out, on avait pris la décision de prélever une cotisation spéciale de 10 $ par membre par semaine. La moitié pour renflouer nos caisses, l’autre moitié pour appuyer, à notre tour, d’autres syndicats dans le besoin. »
C’est à même ce fonds que les membres du syndicat ont décidé de verser un don de 5000 $ à une banque alimentaire de la région. « On n’a pas eu le temps encore de s’informer sur les groupes de la région, c’est juste trop fou à l’usine en ce moment avec tout ce qui se passe ! », s’excuse Serge. « Mais je vais voir à ça dès ce soir ! »
L’usine Kronos produit du dioxyde de titane. Le minerai, une fois purifié sous forme de poudre ou de liquide, entre dans la fabrication de divers produits alimentaires et pharmaceutiques. Faisant partie des secteurs jugés essentiels par le gouvernement, l’entreprise a pu poursuivre ses activités.
« Mais on talonne le boss tous les jours pour ajouter des mesures de prévention », nous rassure le président du syndicat. On a modifié les horaires de travail pour éviter que trop de monde se croise dans le vestiaire. En plus du personnel d’entretien régulier, on a ajouté des équipes pour désinfecter, 24 heures sur 24, les différents lieux de travail. Et pour ceux qui le peuvent, comme les dessinateurs ou les gens des bureaux, le télétravail est privilégié. »
Déjà réduit au minimum, le va-et-vient des camionneurs demeure une préoccupation pour le syndicat en raison des risques de propagation du virus. « On a fait installer une roulotte à l’extérieur de l’usine, ils peuvent l’utiliser pour aller à la salle de bain ou se laver les mains. On travaille également sur un projet avec l’employeur pour pouvoir prendre la température de toute personne voulant entrer sur les terrains de l’usine. À la guérite, avant même de passer le tourniquet. »
Chaque travailleur présentant des symptômes s’apparentant à un rhume ou à une grippe est promptement renvoyé chez lui. « On touche du bois. En date de 15 h aujourd’hui, personne n’a attrapé le virus chez nous. »
« Mais c’est ben du stress à gérer… »