Monsieur le Ministre,
La Confédération des syndicats nationaux (CSN), une organisation syndicale composée de près de 2 000 syndicats regroupant plus de 325 000 travailleuses et travailleurs, joint sa voix à celle des nombreux Canadiens et Canadiennes vous demandant de faire tout en votre pouvoir afin qu’Israël mette fin à son offensive militaire à Gaza.
Nous tenons à préciser que nous ne soutenons pas les actions actuelles du Hamas. Toutefois, nous condamnons fermement l’intervention de l’armée israélienne, l’une des plus puissantes au monde, qui a fait jusqu’à maintenant plus de 650 morts, dont la plupart sont des civils, notamment des femmes et des enfants. Le rapport de force entre les deux parties ne saurait être plus inégal. Que restera-t-il de Gaza et de sa population si les choses continuent au rythme actuel ? Combien de nouvelles victimes et combien de nouveaux réfugiés avant que la communauté internationale ne s’engage à trouver une solution au drame qui se déroule en Palestine depuis plus de 65 ans ?
Nous demandons que le Canada fasse siennes les demandes formulées par le Conseil de sécurité de l’ONU lors d’une déclaration à la presse le 12 juillet dernier, soit « l’apaisement des tensions, le retour au calme et le rétablissement du cessez-le-feu de novembre 2012 » ainsi que le respect du droit international humanitaire et, notamment, la protection des civils.
Nous demandons également que le Canada mette tout en oeuvre pour appuyer la recherche d’une solution au conflit israélo-palestinien. Soulignons que toute solution devra tenir compte des obligations d’Israël en vertu du droit international, notamment :
• le droit au retour ou à une compensation des réfugiés palestiniens chassés de leurs maisons et de leurs terres à la suite de la création de l’État d’Israël en 1948 (Résolution 194 de l’Assemblée générale des Nations unies adoptée en décembre 1948);
• la fin de l’occupation des territoires palestiniens par Israël qui dure depuis 1967 (Résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations unies adoptée en novembre 1967);
• la fin de la colonisation qui ne cesse de s’intensifier (art. 49 de la IVe Convention de Genève);
• la fin du blocus de Gaza (Déclaration universelle des droits de l’homme, conventions de Genève, Pacte international relatif aux droits civils et politiques et Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels);
• le démantèlement du Mur (avis consultatif de la Cour internationale de Justice du 9 juillet 2004); et
• la fin des politiques et pratiques d’apartheid (Convention internationale sur l’élimination et la répression du crime d’apartheid adoptée en 1973).
En mars dernier, la CSN a participé à une mission syndicale internationale en Palestine. Nous avons été témoins des humiliations quotidiennes et des inconvénients que représentent pour la population palestinienne les innombrables contrôles de sécurité et l’impossibilité d’utiliser les routes réservées aux colons. Nous avons vu la fatigue dans les yeux des travailleurs de Qalqilya qui, depuis la construction du Mur, doivent se présenter dès 2 heures du matin au point de passage afin d’arriver à temps à leur travail qui ne se trouve pourtant qu’à quelques kilomètres de là. Avant la construction du Mur qui encercle désormais cette ville, la principale activité de ses habitants était l’agriculture. Comment peuvent-ils continuer maintenant que les terres et l’eau se retrouvent de l’autre côté du Mur ? Nous avons vu les colonies et les zones de sécurité qui grugent illégalement, chaque jour davantage, un territoire palestinien déjà sévèrement morcelé.
Malheureusement, nous n’avons pas pu nous rendre à Gaza, ce territoire dont on dit qu’il est devenu une prison à ciel ouvert, pour observer, par nous-mêmes, la situation et pour témoigner de notre solidarité avec ses habitants.
Le peuple palestinien subit depuis trop longtemps la dépossession, la colonisation, l’oppression et l’apartheid. Le Canada peut et doit refuser que cette situation perdure. Le Canada doit aussi jouer un rôle important pour mettre un terme à ce conflit.
Nous vous remercions de l’attention que vous porterez à la présente lettre et sommes à votre disposition si vous souhaitez en discuter davantage. Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma considération distinguée. Le président, Jacques Létourneau