Les sages-femmes écartées des conseils d'administration des CISSS

Inacceptable et irrespectueux

L’Ordre des sages-femmes du Québec (OSFQ) et le Regroupement Les Sages-femmes du Québec (RSFQ) dénoncent l’exclusion des sages-femmes des conseils d’administration des futurs Centres intégrés de santé et services sociaux (CISSS).

« Le gouvernement exclut les sages-femmes des conseils d’administration des CISSS, alors qu’elles siègent aux conseils des CSSS depuis 1999. C’est inacceptable et irrespectueux de sa part. Dans les dernières années, les sages-femmes ont dû se battre pour faire entendre leur point de vue chaque fois qu’une décision était prise ou qu’un comité était formé au sein du Ministère. Dans la plupart des cas, nous avons eu gain de cause, mais cette fois-ci, nous avons été carrément ignorées », déplore Marie-Ève St-Laurent, présidente de l’Ordre des sages-femmes du Québec.

« Il est quand même ironique de constater que les nouveaux centres de santé et services sociaux que l’on veut inclusifs n’intègrent pas les sages-femmes au conseil d’administration. La pratique sage-femme offre des services de première ligne et il est impératif qu’une sage-femme puisse contribuer à la prise de décision sur l’organisation du travail et la planification de la main d’œuvre », soutient Claudia Faille, présidente du Regroupement Les Sages-femmes du Québec.

En plus de coordonner les services offerts, les professionnels qui siègent sur les CA possèdent une connaissance inestimable des besoins de la population locale. Tous les conseils professionnels sont représentés sur les CA. Il est aberrant d’exclure les sages-femmes, et leur expertise, du processus décisionnel alors qu’elles offrent des services de proximité qui leur permet un contact direct avec la clientèle desservie.

L’OSFQ et le RSFQ sont d’accord avec l’objectif du projet de loi qui vise à créer un réseau de soins centrés sur les besoins des patients, dans un souci de fluidité et d’efficience. Les sages-femmes font partie de la solution pour réduire les coûts liés aux interventions obstétricales. En effet, en prenant en charge les suivis des grossesses à bas risque, conjointement avec les médecins de famille, les sages-femmes rendent les médecins spécialistes en obstétriques davantage disponibles pour répondre aux besoins des femmes requérant leur expertise.

Pour que les sages-femmes du Québec puissent continuer à faire profiter le réseau de la santé de leur expertise, et compte tenu de leur nombre restreint actuellement, il est très important que le Conseil des sages-femmes soit représenté sur les CA des CISSS et qu’une sage-femme soit responsable de la coordination et de la gestion clinico-administrative des services régionaux de sage-femme, sous l’autorité directe du PDG.

L’Ordre et le Regroupement ont d’ailleurs tenté de faire valoir leur point devant la Commission de la santé et des services sociaux. Les deux organismes ont conjointement déposé un mémoire expliquant l’impact de la réforme telle qu’elle était présentée et proposant des amendements au projet de Loi 10 afin de minimiser l’impact des changements sur les sages-femmes et les femmes.

Malgré plusieurs tentatives, les sages-femmes n’ont pas été en mesure de défendre leur point de vue devant la Commission. D’abord ignorées, elles ont ensuite reçu une invitation à présenter leur mémoire à deux heures de préavis… alors que trois heures de route les séparaient du lieu de présentation. Elles espéraient alors être inclues dans les 160 amendements présentés par le ministre de la Santé lundi.

« Nous sommes consternées de voir que les sages-femmes ont été complètement ignorées dans ce dossier. Considérant que, à la suite de la réforme, très peu d’établissements n’auront pas d’équipe sage-femme sur leur territoire et que l’une des responsabilités du CA est d’effectuer des recommandations quant au développement régional sur leur territoire respectif, il est impératif de redonner un siège aux sages-femmes sur les CA », a rappelé Marie-Ève St-Laurent, présidente de l’Ordre des sages-femmes du Québec.

À propos de l’Ordre des sages-femmes du Québec

Fondé en 1999 après l’entrée en vigueur de la Loi sur les sages-femmes du Québec, l’Ordre des sages-femmes du Québec a pour mission d’assurer la protection du public en voyant à l’encadrement, au développement professionnel et au respect des obligations déontologiques et réglementaires des sages-femmes au Québec. Il compte plus de 160 membres qui offrent un suivi de maternité sécuritaire et complet, entièrement gratuit pour les femmes détentrices d’une carte de la Régie de l’assurance maladie du Québec. Seules les membres de l’OSFQ peuvent porter le titre de sage-femme et poser les actes qui sont définis par la loi. L’Ordre des sages-femmes du Québec, tout comme la profession, célèbre cette année son quinzième anniversaire. www.osfq.org

À propos du Regroupement Les Sages-femmes du Québec

Le Regroupement Les Sages-femmes du Québec est l’association professionnelle des sages-femmes depuis 1995. Il travaille au développement de la profession et de sa spécificité à l’intérieur du système de santé du Québec. Il défend le libre choix des lieux d’accouchement pour les femmes (domicile, maison de naissance ou centre hospitalier), en conformité avec les normes de pratique de la profession, ainsi que de sa philosophie de pratique. Le RSFQ a pour mission de défendre les intérêts professionnels, économiques et sociaux de ses membres. Le RSFQ est en entente de service avec la Fédération des professionnelles de la CSN depuis 2009.

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