Point fixe

Ils attendent que le gouvernement se déniaise

Près de 40 000 membres de la CSN, réunis dans des dizaines de syndicats négociant avec le gouvernement, attendent depuis des mois la conclusion de leur négociation pour améliorer leurs conditions de travail, leurs salaires et les services à la population.

Par Hubert Forcier

Ces salarié-es proviennent d’orga­nis­mes gouvernementaux, de services de garde éducatifs, de la santé et de la sécurité du public. S’ils ont leurs enjeux propres, ils sont pris dans des négociations qui s’étirent en longueur face à un gouvernement qui n’est pas pressé de régler. Dans certains cas, la convention collective est échue depuis plus d’un an et demi.

 

Blocages

Malgré leur bonne volonté, ces personnes font face à des blocages, autant du côté des employeurs que du gouvernement. Souvent, les employeurs disent devoir obtenir les mandats du gouvernement. S’ensuivent des retards et une déconnexion par rapport aux enjeux vécus sur le terrain par les membres. « On a parfois l’impression que l’employeur est réceptif, mais quand ses représentants reviennent vers nous, les positions changent. C’est toujours difficile de comprendre d’où vient le blocage », explique Éliane Bouchard-Genesse, présidente du Syndicat général des employé-es de Télé-Québec–CSN.

Amaili Jetté, présidente du Regroupement Les sages-femmes du Québec, déplore : « Les sages-femmes ne se sentent pas appuyées par le gouvernement quand elles voient à quel point la négociation traîne. » La mise sur pied de Santé Québec chamboule aussi leur négociation, ce qui risque de prolonger les choses et de créer bien de l’incertitude pour elles.

 

Et les services écopent

Pendant que l’on peine à s’entendre, les problèmes sociaux s’accumulent. Des milliers de familles attendent une place dans un CPE ou dans un milieu familial régi et subventionné. Les temps d’attente des ambulances continuent de préoccuper la population. L’accès à la justice reste ardu pour bien des personnes en situation précaire.

Parlez-en à Chantal Racicot, représentante du secteur des Responsables de service de garde éducatif en milieu familial (RSGE) de la Fédération de la santé et des services sociaux–CSN. « Bien des services de garde éducatifs en milieu familial ont fermé ces dernières années. Nous, on propose des solutions afin de maintenir les services aux familles. À la table, le ministère de la Famille nous dit qu’il faut faire plus avec moins. On n’a pas eu le choix d’aller se chercher un mandat de moyens de pression. »

« Dans tous ces secteurs qui négocient, il faut améliorer les conditions de travail et les salaires pour assurer le personnel nécessaire afin de donner les services à la population. Ce n’est pas qu’une question de négociation, c’est aussi une question de société », rappelle François Enault, 1er vice-président de la CSN.

Le nouveau mantra gouvernemental

Le gouvernement brouille les cartes en voulant imposer de la flexibilité aux syndicats. Dans une récente déclaration publique, Sonia LeBel, présidente du Conseil du trésor, laisse entendre que les récentes augmentations salariales obtenues par le Front commun l’ont été en échange de contreparties sur la flexibilité. Ce terme, martelé par le gouvernement depuis des mois, est au cœur de son exercice de relations publiques pour faire mal paraître les syndicats.

Le gouvernement tient tellement à la flexi­bi­lité qu’il choisit de ne pas respecter les clauses de parité (clauses remorque) de plusieurs conventions collectives. « Notre première convention négociée inclut une clause remorque qui ne souffre pas d’interprétation. Le Conseil du trésor a fait partie des échanges lors de la négociation. Cette clause a été acceptée et maintenant, on nous exige des concessions », explique Éric Guay, président du Syndicat des enseignantes et enseignants de l’ITHQ–CSN.

La situation pose aussi problème au Parc olympique, où les sept syndicats de la CSN négocient à une seule table. Ceux-ci ont obtenu, en juillet dernier, une entente sur les clauses normatives, soit les conditions de travail. « Nos négociations devaient être relancées sur l’aspect financier afin d’obtenir les mêmes gains que le secteur public, mais le gouvernement nous demande de rétropédaler pour renégocier sur le normatif », s’étonne Yanick Martineau, président du Syndicat des travailleuses et travailleurs de métiers et de services de la RIO–CSN.

Comme le dit Éliane Bouchard-Genesse de Télé-Québec, « les travailleuses et les travailleurs doivent toujours faire plus avec moins. De la flexibilité, ils n’en manquent pas, mais on leur demande d’en avoir encore plus en ce qui concerne leurs conditions de travail. »

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