Projet de loi 20

Il faut cesser de réformer à la pièce

La réforme du réseau québécois de santé et de services sociaux ne peut pas se faire à la pièce, il faut une vue d’ensemble. La CSN réclame donc le retrait du projet de loi 20 et la tenue d’une vaste consultation sur l’ensemble des éléments qui pourraient mener à un meilleur accès à la première ligne, ce qui devrait être la priorité du gouvernement du Québec dans ce secteur.

« Le ministre Barrette doit cesser de saucissonner sa réforme du système, il doit consulter les acteurs du réseau et la population sur un plan d’ensemble », soutient Jean Lacharité, vice-président de la CSN. Ce dernier rappelle que les projets de loi 10, 20 et 28, présentés sans consultation préalable, contiennent tous des dispositions très controversées qui provoquent un climat de confrontation. On sait par ailleurs que d’autres morceaux de la réforme devraient être présentés dans les mois à venir, sur le financement à l’activité des établissements, la révision de la Loi sur les services de santé et les services sociaux, la mise en place de super-cliniques et l’augmentation du rôle des infirmières et des autres professionnel-les de la santé. On doit aussi procéder à la mise en place des établissements mammouths de la loi 10, les CISSS, et au déménagement de très importants hôpitaux universitaires : le CHUM et le CUSM. « Les risques de dérapages sont trop importants si nous ne prenons pas le temps de voir l’effet de toutes ces réformes. Les Québécoises et les Québécois ont le droit de savoir vers quel système de soins ce gouvernement veut aller », ajoute Jean Lacharité.

Les quotas sont un mauvais remède

La CSN estime par ailleurs que l’imposition de quotas aux médecins sans aucune consultation préalable présente des risques qu’on ne peut ignorer.

Cette méthode pourrait avoir des effets pervers comme la désaffiliation de médecins du régime public ou la sélection de clientèles plus légères par les médecins de famille, les patients plus lourds étant laissés à eux-mêmes. D’autres mesures sont essentielles si on veut régler le problème de l’accès aux soins en tenant compte de l’ensemble du réseau.

La CSN est notamment d’avis qu’il faut favoriser la médecine de groupe, le travail interdisciplinaire et revoir le mode de rémunération des médecins. L’apport de toute l’équipe soignante est essentiel afin d’utiliser les compétences de chacun pour assurer une prise en charge collective des patients tout en visant l’atteinte de cibles précises.

Quant à la rémunération à l’acte des médecins, elle a été remise en question par les commissions Rochon et Clair, et le Québec fait bande à part sur cette question en comparaison de plusieurs pays de l’OCDE. « Malgré une dépense de 6,5 milliards de dollars par année, la rémunération toujours croissante des médecins n’a pas permis d’allouer les ressources au bon endroit pour régler la question de l’accès à la première ligne », fait valoir M. Lacharité, qui ajoute que cette rémunération ne favorise aucunement la prévention et la prise en charge collective de patients.

« Il est grand temps que le gouvernement s’attaque au mode de rémunération des médecins », ajoute le vice-président de la CSN. La mise en place d’une informatisation efficace dans le réseau aiderait également à prendre des décisions éclairées et éviterait les dédoublements.

La CSN estime par ailleurs qu’un financement additionnel est nécessaire pour les soins à domicile et les maladies chroniques. L’engorgement des hôpitaux s’explique en bonne partie par un manque d’investissement dans ces types de soins.

Sur la procréation assistée, la CSN s’insurge contre la disposition visant à rendre illégale la fécondation in vitro pour les femmes de plus de 42 ans. À ce chapitre, le gouvernement devrait retirer les articles sur l’âge, l’évaluation psychosociale ou le nombre de relations sexuelles et s’en tenir à déterminer ce qui est admissible à un remboursement.

À propos

Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 325 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

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