La Fédération de l’industrie manufacturière (FIM–CSN) condamne la décision de la Société de protection des forêts contre les insectes et les maladies (SOPFIM) de mettre fin pour 2020 aux mesures de contrôle de l’épidémie de tordeuse des bourgeons de l’épinette qui atteignait déjà 9,6 millions d’hectares de forêts en 2019. La FIM–CSN estime qu’il est possible de réaliser les épandages nécessaires tout en protégeant les pilotes d’avion contre la COVID-19.
« L’épidémie de tordeuse est loin d’être maîtrisée et c’est l’approvisionnement des scieries et des papetières qui est en jeu pour les prochaines années. En arrêtant l’épandage d’insecticide biologique, on risque de perdre le contrôle et de compromettre l’avenir d’usines », insiste Louis Bégin, président de la FIM–CSN.
Une épidémie qui menace le bois d’œuvre
Selon les données du ministère des Forêts, quelque 9,6 millions d’hectares de forêt étaient infestés en 2019, nombre qui est en hausse constante depuis 10 ans. Le cap d’un million d’hectares a été atteint depuis 2011. On parle donc d’une augmentation par un facteur de 10 en moins de 10 ans. La tordeuse attaque principalement le sapin et l’épinette qui sont précisément les deux principales essences d’arbre à l’origine du bois d’œuvre au Québec.
On sait que le bois atteint par la tordeuse est de moindre qualité et doit être récolté rapidement. L’épandage d’insecticide biologique Bt permet d’endiguer la progression de cet insecte nuisible qui ravage déjà les sapins et les épinettes de Gaspésie, de la Côte-Nord, du Saguenay–Lac-Saint-Jean et du Témiscamingue. Le contrôle par épandage a coûté 33 M$ l’an dernier et on prévoyait une campagne record en 2020.
Tordeuse et réchauffement climatique
Selon une récente étude de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), le réchauffement climatique pourrait bientôt aggraver l’impact de la tordeuse des bourgeons de l’épinette. Pour le moment, ce sont surtout les sapins baumiers qui sont attaqués par ce ravageur, puisque leurs bourgeons sont disponibles au moment où sortent les larves de l’insecte. Le réchauffement pourrait cependant changer la synchronisation entre les larves et les bourgeons et faire en sorte que l’épinette soit davantage ciblée. « Si nous perdons le contrôle de l’épidémie et qu’elle devient plus nuisible pour l’essence principale destinée au bois d’œuvre, on pourrait payer cher pendant longtemps pour ce manque de vision », met en garde Louis Bégin.