Depuis le début de la crise du coronavirus, le gouvernement a souvent mentionné la possibilité que certains hôtels soient mis à contribution, que ce soit pour servir d’hôpitaux de fortune qui accueilleraient des patients non atteints de la COVID-19 de façon à libérer des lits dans le système de santé, ou encore pour accueillir des voyageuses et des voyageurs qui doivent être mis en quarantaine pendant 14 jours à leur retour au pays.
C’est dans cette deuxième catégorie que se situe l’hôtel pour lequel travaille Annie*. Préposée à la réception et présidente de son syndicat, celle-ci dresse un portrait surréaliste du déroulement des activités à l’intérieur de cet hôtel de la grande région métropolitaine.
« Les personnes qu’on accueille ont été testées à leur retour et leur test était négatif, assure-t-elle. Mais puisqu’elles reviennent de voyage et qu’elles habitent avec d’autres individus, la Croix-Rouge les envoie dans notre hôtel pour qu’elles restent en quarantaine pendant 14 jours. »
L’hôtel continue quand même à accueillir des clients « normaux » pendant ce temps, mais il y en a évidemment très peu. Et même les clients en quarantaine sont moins nombreux qu’attendu, selon Annie.
« Même avec ces clients, le taux d’occupation reste en bas de 5 %. On parle d’une dizaine de chambres occupées sur une capacité de quelques centaines, précise-t-elle. Avant la crise, il y avait environ 85 employé-es à l’emploi et maintenant, c’est un maximum de cinq qui travaillent. »
Mesures de distanciation obligent, les services aux clients ont évidemment été réduits au minimum. Les chambres ne sont pas nettoyées durant leur séjour, et après leur départ, elles restent vacantes pendant 72 heures.
« Mise à part la préposée à la réception qui est à l’abri derrière un plexiglas, aucun employé-e n’entre en contact avec les clients entre leur arrivée et leur départ, explique Annie. Les clientes et clients qui sont en quarantaine ont été installés sur le même étage. Notre restaurant est fermé; la nourriture vient donc de l’extérieur. Les repas sont déposés sur un chariot à l’étage et les clients sont appelés au téléphone à tour de rôle pour qu’ils sortent de leur chambre et aillent chercher leur repas dans le corridor. »
Jusqu’à présent, l’expérience semble se dérouler correctement, en partie grâce aux bonnes relations entre le syndicat et l’employeur et à l’attitude compréhensive de la clientèle. Il n’en reste pas moins que toutes et tous espèrent un retour à la normale le plus rapidement possible.
* Pour des raisons de confidentialité, nous avons choisi de ne pas dévoiler son identité ni celle de son employeur.