Les responsables de service de garde (RSG) en milieu familial de la CSN tiennent aujourd’hui une demi-journée de grève (de 7 h à 12 h) à l’échelle nationale. Les RSG–CSN souhaitent interpeller le gouvernement et avertir la population de la précarité croissante d’un réseau qui assure quotidiennement des services à près de 92 000 enfants et leur famille.
Le manque de places pourrait s’aggraver
« Partout au Québec, les parents ont raison de s’inquiéter. Il y a un manque criant de places et le peu d’intérêt du gouvernement pour notre travail risque d’aggraver la situation. En l’espace de quelques années, plus de 20 % des RSG ont choisi de quitter la profession faute de conditions attrayantes. Pourtant, ce sont les RSG qui ont contribué à développer l’offre de services de garde au Québec et le gouvernement sait que nous pourrions très vite répondre à la demande. Mais pour y arriver, il doit commencer à reconnaître notre travail à sa juste valeur », affirme Karine Morisseau, porte-parole des RSG–CSN.
Les RSG–CSN sont actuellement en négociation avec le ministère de la Famille pour le renouvellement de leur entente collective. Après bientôt un an de rencontres, les offres proposées par le gouvernement n’ont rien de valorisant et se situent en deçà de ce qui est nécessaire pour assurer la pérennité du réseau de services de garde en milieu familial.
« Je dois saluer le courage de nos RSG, car elles sont en train de faire un travail extraordinaire afin d’alerter la population sur les difficultés que vit le réseau. Il s’agit certes d’une négociation, mais l’enjeu, comme pour beaucoup de nos services publics, dépasse largement la seule question des travailleuses et des travailleurs. Il s’agit ici d’un réseau qui a fait grandir le Québec et qui, aujourd’hui, est mis à mal par un gouvernement qui ne semble pas en mesurer la pleine valeur », estime Jacques Létourneau, président de la CSN.
Le désintérêt du gouvernement ne favorise pas la conciliation famille-travail-études
« Il faut que le message soit clair pour les parents : les RSG de la CSN enclenchent cette grève dans l’objectif d’assurer la survie d’un réseau qui contribue grandement à la conciliation famille-travail-études. Si le gouvernement est inquiet des répercussions de cette grève sur les familles, nous lui signalons qu’il devrait plutôt s’inquiéter des répercussions qu’aura son manque de vision et d’intérêt pour le réseau. Nous sommes convaincus que les parents qui bénéficient des services de garde en milieu familial tiennent à la pérennité du réseau. Cette survie passe par une reconnaissance réelle du travail accompli quotidiennement par les milliers de RSG du Québec », explique Lucie Longchamps, vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN).
Reconnaître le temps réel de travail
Bien que les RSG ne soient pas rémunérées à l’heure, elles revendiquent une reconnaissance réelle de leur temps de travail. « Nous travaillons 50, 55, 60 heures par semaine, car c’est le temps nécessaire pour offrir un service de qualité qui répond aux besoins des familles. Or, lorsqu’on tient compte du temps réel de travail, notre rémunération se situe sous le salaire minimum. Pour valoriser notre profession, le gouvernement nous propose donc une augmentation qui ne couvre même pas la hausse du coût de la vie ! En somme, il nous demande de nous appauvrir. On ne fait pas la grève pour demander des privilèges, on la fait pour exiger l’équité », ajoute Karine Morisseau.
« Le Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM–CSN)) appuie sans réserve les revendications des RSG–CSN. Il est plutôt inquiétant de voir que le manque de vision du gouvernement met en danger un réseau qui permet justement aux familles de concilier le travail et la famille. D’autant plus que le secteur des RSG est composé à 99 % de femmes ! Le gouvernement peut et doit faire mieux, c’est une question de respect et de survie du réseau », commente Dominique Daigneault, présidente du CCMM–CSN.
Avec cette grève, les RSG–CSN espèrent interpeller le gouvernement et lui faire prendre conscience de l’importance de soutenir le réseau de service de garde en milieu familial. « Nous estimons que nous accomplissons un travail bénéfique pour l’ensemble de la société québécoise. Or, pour combien de temps encore pourrons-nous assurer le service ? Des milliers de femmes ont dû abandonner depuis quelques années, et ce, en raison des conditions de travail décourageantes. Le gouvernement doit changer d’attitude, sans quoi il risque d’aggraver la pénurie de places. À moins que cela soit sa volonté », conclut Karine Morisseau.