La nomination de Geneviève Biron à titre de PDG de Santé Québec soulève l’inquiétude de la Confédération des syndicats nationaux (CSN). La centrale syndicale et ses organisations affiliées s’inquiètent notamment que le passé entrepreneurial de la nouvelle PDG, qui a œuvré pendant plus de 30 ans dans le secteur privé, vienne teinter sa vision et influencer sa gestion du réseau public de santé et de services sociaux.
« Mme Biron s’est dite préoccupée des enjeux d’accès à la santé, c’est aussi le cas de la CSN et des milliers de travailleuses et de travailleurs de la santé. Pour nous, les solutions devront passer par le public et c’est pourquoi nous voulons en discuter rapidement avec la nouvelle équipe de Santé Québec », insiste Caroline Senneville, présidente de la CSN.
Le groupe Biron est une entreprise privée spécialisée dans les services de laboratoire et de génétique et les services d’imagerie médicale. Dans un article paru en 2020, Geneviève Biron estimait notamment que le rôle du privé était complémentaire au réseau public. « Maintenant qu’elle est à la tête de Santé Québec, ce ne sont plus des clients que Mme Biron devra servir, mais bien des citoyennes et des citoyens qui paient son salaire », poursuit Mme Senneville.
« Il est alarmant de voir que le gouvernement de la CAQ est prêt à confier les rênes de notre réseau public de santé et de services sociaux à une personne issue du secteur privé », s’inquiète Danny Roy, président de la Fédération des professionnèles–CSN. « Il est maintenant clair que le virage déjà amorcé par le gouvernement vers une plus grande présence du privé dans le réseau sera non seulement perpétué, mais accéléré », ajoute-t-il.
« Incroyable ! En nommant une entrepreneure à la tête de Santé Québec, la CAQ confie ouvertement notre réseau public aux loups du privé. En plus, on apprend que certains des proches de Geneviève Biron ont des contrats avec le réseau public et le ministre cautionne cette situation », critique vivement le président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), Réjean Leclerc. « La CAQ fait l’exact contraire de ce qu’il faut pour régler les problèmes du réseau. Rien ne démontre qu’une telle centralisation – ce sera le plus grand employeur du Canada – peut améliorer le réseau. Gérer le réseau public avec une logique inspirée du privé, du monde des affaires, ne fonctionnera pas. Ce n’est pas en gérant le réseau comme une entreprise, en payant des salaires de PDG du privé, qu’on va l’améliorer », conclut-il.
Malgré les nombreux défis qui demeurent et les inquiétudes que soulève la nomination de Mme Biron, la CSN poursuivra son travail afin que les préoccupations légitimes des travailleuses et des travailleurs du réseau soient entendues par l’équipe de direction de Santé Québec, et espère qu’elle saura se montrer à l’écoute des solutions mises de l’avant par la confédération pour préserver nos services publics.
À propos
La Fédération des professionnèles (FP–CSN) compte quelque 8000 membres répartis partout au Québec et œuvrant dans plusieurs secteurs, notamment en santé et en services sociaux et en développement régional et local.
La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) compte plus de 140 000 membres dans les secteurs public et privé, dont plus de 120 000 dans le réseau public de la santé et des services sociaux, partout au Québec, et ce, dans toutes les catégories de personnel. La FSSS–CSN est la plus grande organisation syndicale dans le secteur de la santé et des services sociaux ainsi que dans celui des services de garde. La FSSS-CSN agit en faveur d’une société plus équitable, plus démocratique et plus solidaire.
Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle regroupe quelque 330 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.