Les souffrances invisibles au travail | Karen Messing
Écosociété, 2016 | 231 pages

À la librairie

Franchir le fossé empathique

A priori, il peut paraître éton­nant qu’une scientifique prône « une science du travail à l’écoute des gens ». Mais pour qui a entendu parler de Karen Messing, d’abord généticienne puis ergonome, qui a consacré sa vie à la santé des travailleuses et des travailleurs, rien de plus naturel. Figure bien connue du milieu syndical, Mme Messing s’est particulièrement fait connaître pour ses travaux concernant la santé des femmes au travail.

C’est au début des années 90 qu’un lien étroit se tisse entre le milieu syndical et cette chercheuse, lorsque la CSN et d’autres centrales sont invitées à collaborer avec CINBIOSE (UQAM), le Centre de recherche interdisciplinaire sur la biologie, la santé, la société et l’environnement, fondé par Karen Messing et Donna Mergler. C’est le début d’une collaboration privilégiée de laquelle émergeront de nombreuses recherches touchant la santé au travail. Aujourd’hui, c’est par un essai très personnel intitulé Les souffrances invisibles. Pour une science du travail à l’écoute des gens que l’auteure démontre comment « certains environnements de travail rendent les gens malades, en particulier les femmes » ; tantôt des caissières (supermarchés, banques), tantôt des préposées aux chambres, dans l’hôtellerie. C’est parmi celles et ceux qui évoluent au bas de l’échelle sociale qu’elle a « constaté combien les employeurs et la population sont ignorants de ces questions ». Finalement, elle tente « de montrer en quoi l’écart en matière d’expérience et d’intérêts qui sépare les salarié-es à faible revenu des classes plus privilégiées affecte leur santé et le discours scientifique qui s’y rattache » (p. 13). Ainsi, les chercheurs et les scientifiques, malgré toute la rigueur de leur démarche, n’en sont pas moins influencés.

À travers ces constats se pose le questionnement central du livre : d’où vient ce déficit d’empathie envers les classes laborieuses ? Comment franchir ce que l’auteure appelle le fossé empathique ? L’intérêt de cet essai tient à sa capacité de sensibiliser les individus aux conditions de travail néfastes quasi invisibles, mais bien réelles. Que l’on soit ouvrier, professionnel, employeur, universitaire, le regard empathique s’avère profitable lorsqu’il est question d’améliorer les conditions de travail agissant sur la santé des travailleurs.


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