Les neuf travailleuses et travailleurs du journal « Le Peuple de Lévis » ont appris cavalièrement mercredi matin qu’ils perdaient leur emploi. À l’issue d’une réunion convoquée à la dernière minute par Transcontinental, ils ont dû plier bagage et quitter l’entreprise prestement. Au même moment, les trois employés du « Peuple de Lotbinière » apprenaient que Meliormedia inc. devenait propriétaire de ce journal.
« Sous le choc, mes collègues et moi tentons de comprendre et d’encaisser le coup. Il faut se rappeler que notre syndicat souhaitait participer activement à la création d’une coop pour assurer la pérennité du journal et le maintien des emplois. Mais Transcontinental a refusé catégoriquement de discuter de la faisabilité du projet avec la firme MCE–Conseils et nous, s’insurge Caroline Cliche, présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs des Publications Le Peuple – CSN. Cela témoigne d’un profond mépris de l’employeur pour les professionnels de l’information, pour les spécialistes des ventes et pour l’information régionale de façon générale. »
En 2014, Transcontinental avait racheté ces deux journaux à Québecor Média, dans une mégatransaction affectant quelque 75 publications régionales. À l’époque, Transcontinental se targuait de croire en l’importance de l’information régionale alors qu’aujourd’hui, moins de trois ans plus tard, l’entreprise vend et ferme l’ensemble de ses journaux hebdomadaires. « La succession de fermetures et de compressions majeures dans la presse écrite partout au Québec, incluant dans notre région, sont autant de drames qui menacent la liberté de presse et la qualité de l’information régionale. On y a déjà pas mal goûté dans le grand Québec au cours des dernières années », déplore Ann Gingras, présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CCQCA–CSN).
D’ailleurs, en mars dernier, la Fédération nationale des communications (FNC–CSN) déplorait la maigre enveloppe de 36 millions de dollars sur cinq ans débloquée dans le budget provincial de Carlos Leitão pour soutenir le virage numérique et assumer les coûts du recyclage du papier des journaux traditionnels.
« Ce qui se joue actuellement au Québec est une entorse à la santé démocratique de nos communautés. C’est très grave. La FNC–CSN va épauler les travailleuses et les travailleurs licenciés mercredi et continuer de faire pression sur le gouvernement pour qu’il protège l’information régionale, qui ne se résume pas à du simple business », promet Pierre Roger, secrétaire général–trésorier de la FNC–CSN.