De nombreuses études ont été entreprises pour recenser les impacts particuliers des changements climatiques sur les femmes, surtout dans des régions moins développées industriellement et déjà aux prises avec les effets dévastateurs de ces changements. Au Québec, les travaux négligent trop souvent cette dimension. Pourtant cette problématique nous concerne toutes et tous. C’est dans cette optique que le comité national de la condition féminine s’est penché sur la problématique « femmes et environnement ».
Pour mieux évaluer les impacts spécifiques sur les femmes, le Réseau des femmes en environnement a soumis un mémoire à l’Office de consultation publique de Montréal en mars 2016. Nous vous en présentons et commentons ici quelques conclusions.
L’importance d’une analyse différenciée selon le sexe (ADS) trouve sa justification dans le fait que les femmes, même au Québec, sont plus nombreuses dans les catégories vulnérables aux changements climatiques, et cela, en raison des rôles sociaux spécifiques qui leur sont assignés par nos sociétés et des discriminations auxquelles elles doivent faire face.
De plus, en raison de la division sexuée du travail domestique, les femmes risquent de porter le plus gros du poids des problèmes de santé reliés aux changements climatiques (augmentation des cas de maladies de Lyme et du virus du Nil) et des conséquences des catastrophes naturelles dans leur rôle d’aidantes naturelles.
« Une étude réalisée en 2000 sur les impacts des inondations au Saguenay de 1996 démontre que les séquelles physiques et psychologiques étaient plus importantes pour les femmes que pour les hommes. En effet, les femmes doivent à la fois se rétablir de ces catastrophes naturelles et continuer à assumer leurs obligations familiales et extérieures. Elles vivent aussi des stress plus importants que ceux des hommes pendant et après un évènement météorologique extrême puisqu’elles sont les principales dispensatrices de soins (Duncan 2008). Les catastrophes naturelles sont aussi souvent accompagnées d’un accroissement de la violence envers les femmes (Duncan 2008). »
En outre, comme travailleuses à temps partiel, travailleuses « atypiques » et travailleuses ayant un taux d’emploi et des revenus inférieurs aux hommes, les femmes sont, dès aujourd’hui, plus vulnérables aux conséquences négatives qu’ont ces bouleversements sur leurs conditions économiques (augmentations des tarifs d’électricité, des coûts des aliments, etc.). Ces différences doivent être prises en compte lors de l’adoption de politiques dans la lutte aux changements climatiques afin d’éviter d’exacerber les inégalités qui existent déjà entre les femmes et les hommes.
Collectivement comme travailleuses et travailleurs, nous devons nous informer non seulement sur les volets économiques et scientifiques de la problématique, mais aussi sur les effets quotidiens qu’auront ces changements sur notre tissu social et plus particulièrement sur les femmes. Comme pour les mesures d’austérité, engageons nos réflexions en ce sens.