Lettre ouverte

Féminisme et syndicalisme, même combat

Lettre ouverte signée conjointement par la présidente de la CSN, Caroline Senneville, et la présidente de la FTQ, Magali Picard, à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes.

Il y a 15 jours, à l’Assemblée nationale, le gouvernement de la CAQ refusait de débattre d’une motion portant sur la Journée internationale des droits des femmes et sur les luttes féministes québécoises. À l’initiative du Collectif 8 mars, cette motion demandait au gouvernement de tenir compte des différentes formes de discriminations que peuvent vivre les femmes avant d’élaborer de nouvelles politiques publiques. Avec raison, le Collectif, dont font entre autres partie la CSN et la FTQ, s’est désolé de cette fermeture digne d’une autre époque.

Même si des plafonds de verre sont brisés tous les jours – nous sommes pour la première fois de l’histoire deux femmes à diriger les plus grandes centrales québécoises – cela ne signifie pas que tout est rose pour les femmes dans le monde du travail et dans la société québécoise. Tout comme les luttes syndicales sont encore nécessaires, l’égalité entre les femmes et les hommes n’est pas atteinte.

Résistances féministes
Année après année, le 8 mars est l’occasion, pour les femmes et ceux qui soutiennent leur combat, de prendre conscience à la fois des pas de géantes accomplis pour l’égalité, du long chemin qu’il reste à parcourir et des nouvelles menaces qui planent sur leurs droits. Rien ne peut être tenu pour acquis, surtout pas dans le contexte actuel où l’on observe la montée d’une droite qui remet en question les revendications féministes et la raison d’être du mouvement syndical.

Au Québec comme ailleurs, les femmes doivent se battre contre les violences qu’elles subissent, que ce soit la violence conjugale ou à caractère sexuel, les féminicides, la cyberintimidation ou encore le cyberharcèlement. Certains droits qui semblaient acquis se trouvent menacés, dont celui à l’avortement aux États-Unis. Des femmes ne peuvent travailler, faute d’accès à des services de garde éducatifs à l’enfance. Aussi, les femmes demeurent surreprésentées dans les emplois à bas salaire et à temps partiel. Elles se trouvent ainsi plus touchées par la pauvreté.

Toujours d’actualité
Plus de 25 ans après l’adoption de la Loi sur l’équité salariale, la bataille n’est toujours pas gagnée. Selon l’Institut de la statistique du Québec, les femmes ont touché 91 % de la rémunération horaire des hommes en 2021. Au rythme où vont les choses, l’égalité salariale femmes-hommes ne sera pas atteinte avant une bonne cinquantaine d’années, selon l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques.

Ces inégalités touchent particulièrement les femmes immigrantes et les travailleuses non syndiquées, note pour sa part le Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail. Voilà qui illustre le caractère essentiel et toujours pertinent des luttes syndicales féministes, alors que de nombreux combats doivent être menés, tant aux tables de négociation que dans la rue, pour la pleine reconnaissance sociale, professionnelle et politique des femmes.

Et maintenant…
Aujourd’hui, nous demandons à la CAQ de reconnaître que les femmes peuvent être discriminées non seulement en raison de leur genre, mais aussi, par exemple, de leur origine ethnoculturelle, de leur situation de handicap, du fait qu’elles sont autochtones ou racisées, ou encore qu’elles proviennent de la communauté LGBTQ+.

C’est au nom des femmes qui militent au sein de nos organisations respectives, mais également au nom de toutes les Québécoises, que nous réclamons la fin des inégalités. Nous revendiquons du même coup la valorisation et la pleine reconnaissance des métiers occupés majoritairement par des femmes.

Femmes du Québec, soyons vigilantes, solidarisons-nous !

Caroline Senneville, présidente de la CSN
Magali Picard, présidente de la FTQ

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