Lors de la récente négociation du secteur public, quelque 420 000 membres du Front commun sont sortis dans la rue en même temps, du jamais-vu ! De plus, fait inédit dans l’histoire du Fonds de défense professionnelle (FDP), l’ensemble des
170 000 syndiqué-es de la CSN membres du Front commun ont pu toucher des prestations pour leurs 11 jours de grève.
Depuis près de 75 ans, le FDP permet de soutenir financièrement la combativité des organisations affiliées à la CSN et de « tenir la minute de plus », comme le dit l’expression consacrée. Avec le FDP, les travailleuses et les travailleurs ont décidé, à l’époque, de se donner les moyens de leurs ambitions en matière de luttes syndicales.
« En 2023, nous avons écrit l’histoire de la CSN dans le secteur public », témoigne Micheline Charron, vice-présidente générale du Syndicat des travailleuses et travailleurs du CISSS de la Montérégie Est–CSN, qui représente près de 8000 membres.
Contrairement aux négociations précédentes dans le secteur public, les employé-es de la catégorie 3 en santé (personnel de bureau, techniciennes et techniciens et professionnel-les de l’administration) devaient assumer beaucoup plus de temps de piquetage, et ce, en raison de la décision du Tribunal administratif du travail sur la contribution des gestionnaires aux services essentiels.
Ce jugement a entraîné d’énormes bénéfices pour l’exercice du rapport de force et a exercé un impact financier sans précédent pour ces salarié-es, qui devaient piqueter des journées complètes. « Le FDP a joué un rôle décisif dans la négociation. Sans lui, nous aurions eu de la difficulté à faire sortir notre monde, poursuit Mme Charron. Notre fonds local ne suffisait pas au remboursement de nos membres à 70 % de leur salaire brut. Ça coûtait entre 110 000 $ et 130 000 $ par jour de grève. »
Le FDP, que ce soit dans le secteur public ou dans le privé, c’est ce qui aide à mener une lutte jusqu’au bout, estime celle qui milite syndicalement depuis plus de 20 ans. « La CSN, c’est une grande famille. Le montant des per capita est peut-être moins élevé dans d’autres centrales, mais celles-ci n’ont pas les moyens de se constituer des fonds de grève comme le nôtre. »
La différence CSN
« Notre but, c’était que les gens soient bien et heureux sur la ligne de piquetage, explique pour sa part Pascale Boilard, présidente du syndicat des employé-es de soutien au centre de services scolaire Harricana en Abitibi-Témiscamingue. Le FDP nous a permis de louer des salles pour se réchauffer et des toilettes, de servir des repas et des breuvages. Tout ça a aidé à conserver notre monde sur la ligne de piquetage. Sur 300 membres, nous avions une moyenne de 205 personnes présentes. Comme membres du comité exécutif, on donne haut la main le crédit au FDP. Les professeur-es et les professionnel-les des autres organisations étaient jaloux de notre fonds de grève. Ils étaient d’ailleurs beaucoup moins nombreux sur les lignes de piquetage », ajoute-t-elle.
Le FDP a également permis aux syndicats d’organiser des activités avec leurs membres et de louer des autobus pour tenir des rassemblements régionaux. Lors de l’une de ces journées de mobilisation, près de 5000 travailleuses et travailleurs des quatre coins de l’Abitibi-Témiscamingue se sont réunis à Rouyn-Noranda. À l’échelle du Québec, cette mobilisation historique a permis aux employé-es du soutien scolaire de toucher, eux aussi, des prestations de grève. Une autre première dans l’histoire du FDP !