Humour, poésie, chanson et beaucoup de réflexion ! Quelques centaines de personnes, préoccupées par l’avenir de nos cégeps et de nos universités, se sont réunies au Bain Mathieu dans l’est de Montréal, le 19 mars dernier, pour lancer le processus qui mènera à la tenue d’états généraux sur l’enseignement supérieur.
Il s’agit d’un appel aux acteurs progressistes en éducation pour créer un espace de discussion au sujet de ce qui ne tourne pas rond dans notre système d’éducation. Au fil des années, quelques chantiers de réflexion ont été lancés. Mais les conclusions, incluant celles tirées du Sommet sur l’enseignement supérieur tenu en 2013, ont souvent laissé la plupart d’entre nous sur notre appétit.
Cette fois, la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) veut ouvrir le dialogue pour réfléchir à des mesures concrètes et stopper la marchandisation de l’éducation. « Il faut qu’on forme des employé-es, oui, mais il faut qu’on forme avant tout des citoyennes et des citoyens », prévient Caroline Senneville, présidente de la FNEEQ.
Le constat semble généralisé. « C’est une éducation qui a été complètement soumise au marché, à une logique d’austérité et de réduction de l’État », déplore Alexis Tremblay de la Fédération étudiante collégiale du Québec. Stefana Lamasanu, chargée de cours à l’Université McGill dénonce « les concepts managériaux d’efficacité, de clientélisme et de performance qui s’immiscent partout dans le discours. L’éducation n’est pas là pour nous transformer en produits du marché ». Marie Blais, présidente du Syndicat des chargé-es de cours de l’Université du Québec à Montréal (FNEEQ-CSN) ajoute « que ce soit au primaire, au secondaire ou en enseignement supérieur, une seule chose compte : l’argent, les sources de revenus et les clients ».
Trop de béton au détriment de l’éducation
Si le réseau, sous-financé, requiert des investissements additionnels, encore faut-il dépenser correctement les budgets actuels. Michel Seymour, professeur de philosophie à l’Université de Montréal, constate depuis quelques années que les administrations universitaires accordent la priorité aux immobilisations. « Il y a une dérive immobilière et ce n’est pas dû qu’à l’Îlot voyageur de l’UQAM. On assiste à une dérive tentaculaire qui fait que les universités ont construit des pavillons tout neufs à proximité des universités concurrentes. Cela n’a aucun bon sens d’engloutir autant de fric dans le béton. » Pendant ce temps, le gouvernement prétend que l’argent manque, des cours sont supprimés et le ratio maître-élèves augmente.
Tout le Québec en souffre, hommes et femmes, et il risque d’en souffrir pour longtemps. La présidente de la Fédération des femmes du Québec, Alexa Conradi, craint même un retour en arrière. « La question de l’éducation, dans son accès et son contenu, est un élément central dans la démarche de quête d’égalité pour les femmes. On souhaite que les femmes aient accès à l’éducation pour améliorer leurs conditions. Mais aussi pour pouvoir contester les relents du sexisme dans les savoirs. »
Selon la FNEEQ-CSN, l’enseignement supérieur est un droit et l’éducation doit réellement être une priorité nationale. « Une société qui n’a pas d’éducation de qualité, c’est une société qui s’appauvrit à tous points de vue : culturel, social et économique », alerte sa présidente, Caroline Senneville.
Les appuis à la démarche se multiplient afin de renverser la vapeur. C’est donc en coalition, au-delà des allégeances, que la FNEEQ-CSN joindra ses efforts à ceux d’autres organisations syndicales, étudiantes et de la société civile pour réaliser les états généraux que nous voulons !