La protection sociale, un droit universel
Dans le cadre du Forum social mondial, la Confédération des syndicats chrétiens (CSC), une centrale syndicale de Belgique, organise deux activités sur le droit à la protection sociale. Une assemblée de convergence, « La protection sociale, un droit universel », visera à développer des solutions pour élargir l’accès à la protection sociale partout dans le monde. Par ailleurs, un atelier de discussion, « Protection sociale pour tous », permettra d’échanger sur les principaux enjeux, au Québec comme ailleurs.
Le Service des communications de la CSN a posé quelques questions sur ces activités à Annick De Ruyver, du service international de la CSC.
Qu’entend-on par protection sociale ?
La Convention no 102 sur la sécurité sociale de l’Organisation internationale du travail prévoit que cela inclut notamment un accès minimum à des soins médicaux et de santé, des protections contre le chômage et l’invalidité et l’accès à une retraite. Nombreux sont les pays qui ont signé cette convention mais rares sont ceux qui en ont appliqué complètement les principes. Lorsque nous parlons d’un droit universel à la protection sociale, c’est sur la base de cette convention.
Ceci dit, la protection sociale idéale doit couvrir plus large que ces normes minimales promues par l’OIT. Nous aborderons cette dimension lors de l’atelier de discussion, notamment les pressions que nos systèmes de protection sociale subissent, partout dans le monde et les obstacles à leur renforcement.
Qu’est-ce qui doit être prioritaire dans les pays les plus pauvres ?
La santé. Et que toutes et tous y aient accès, ce qui est loin d’être une réalité. Dans plusieurs pays, les paysans et agriculteurs et toutes celles et ceux qui gravitent dans l’économie informelle, n’ont pas accès aux systèmes fonctionnant sur la base de cotisations salariales. La mise en place d’un véritable système universel repose d’abord et avant tout sur une meilleure redistribution de la richesse et des fruits du travail de toutes et de tous. Il faudra tôt ou tard se questionner sur de nouvelles sources de financement. Est-ce que cela doit reposer uniquement sur les travailleuses et les travailleurs et leurs employeurs ? Une taxation des transactions financières internationales pourrait soutenir le financement de l’universalité de la protection sociale. Pourquoi pas, aussi, réfléchir à des cotisations globalisées pour assurer une protection sociale à tout le monde, dans tous les pays ?
Quels sont les enjeux dans les pays riches ?
La « commercialisation » de la protection sociale est en marche plus que jamais, promue par des traités commerciaux internationaux comme l’accord de « Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement ». En Belgique, les systèmes à deux vitesses, où les pauvres et les riches n’ont pas accès aux mêmes services, sont déjà une réalité, notamment en santé. Notre système de protection contre le chômage et l’invalidité est remis en question. La dynamique à l’œuvre tend à abaisser la protection sociale dans les pays où elle est mieux développée au lieu de tirer l’ensemble vers le haut.
Au Québec, les politiques d’austérité frappent de plein fouet l’universalité de nos services publics. Le système de retraite est attaqué de toutes parts. Comment résister à ce démantèlement à l’œuvre partout sur la planète ?
En Belgique, actuellement, nous luttons aux côtés des deux autres grandes centrales du pays et de plusieurs ONG pour conserver les droits que nous avons conquis dans le passé, maintenir la sécurité sociale et défendre le droit de tous les gens à y avoir accès. On a une Europe très « économique » et trop peu « sociale ». On doit travailler plus fort avec les syndicats des autres pays européens afin de mieux développer cette partie sociale de l’Europe.
La mondialisation syndicale, on doit s’y mettre tous. Dans notre monde plus globalisé que jamais, nos patrons se parlent… et nos gouvernements se parlent… Nous nous parlons aussi mais malheureusement nous sommes souvent trop timides dans l’action, trop lents à réagir. Il faut développer une solidarité sans frontière. Il faut que chacun réalise qu’une personne qui travaille pour le même patron qu’elle, dans un autre pays, est une collègue et non une concurrente. Il faut nous battre ensemble pour le bien commun de tous !