Lettre de Lucie Longchamps
Vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux
Le drame survenu à l’urgence du CHAUR de Trois-Rivières le 9 février dernier met en lumière le fait que l’élargissement du rôle des paramédics dans le réseau de la santé et des services sociaux constitue une voie d’avenir. Face à la surcharge des urgences, phénomène exacerbé par la pandémie, les paramédics peuvent jouer un rôle accru au sein de la chaîne de soins.
Le saviez-vous ? Si vous appelez au 911 pour une ambulance, les paramédics n’auront aucun autre choix que de vous amener à l’urgence d’un centre hospitalier. Pourtant, bien souvent, ces travailleuses et travailleurs sont à même de constater que leur patient ne sera pas considéré comme une urgence au triage du centre hospitalier. Ils savent qu’il sera redirigé vers un médecin de famille, vers le soutien à domicile, vers un service du CLSC ou encore que son état de santé ne requiert pas d’être admis en urgence à l’hôpital. Et pourtant… ils n’ont pas le choix de l’y amener !
Depuis 2006, les paramédics possèdent un diplôme d’études collégiales en soins préhospitaliers d’urgence ; certains poursuivent même à l’université une formation avancée. Avec cette professionnalisation, on leur a délégué de plus en plus d’actes médicaux. Mais leur expertise et leurs compétences demeurent sous-utilisées par un réseau qui semble avoir de la difficulté à intégrer la notion que les paramédics ne sont plus les « chauffeurs d’ambulance » d’antan.
Si vous passez devant l’urgence d’un centre hospitalier, grandes sont les chances que vous y voyiez plusieurs ambulances en attente l’une derrière l’autre… Des paramédics y attendent, avec leur patient, que l’urgence de l’hôpital soit en mesure de les prendre en charge. Par conséquent, ils ne sont pas disponibles pour répondre à un autre appel d’urgence. Cela entraîne un effet domino sur toutes les autres équipes de paramédics. Cela peut entraîner des situations où une zone se trouve carrément « à découvert », c’est-à-dire qu’aucune ambulance n’est disponible pour répondre en temps adéquat à une urgence dans ce secteur.
En bref, pour garantir les meilleurs soins et services possibles à la population, pour diminuer les surcharges de travail et les heures supplémentaires, mais aussi pour soulager en partie la surcharge du personnel dans les urgences, les paramédics devraient pouvoir exercer pleinement leur rôle, notamment en ce qui a trait à l’évaluation médicale de leur patient.
Au cours des dernières années, nos syndicats ont participé à plusieurs travaux avec les employeurs ainsi qu’avec les gouvernements qui se sont succédé pour améliorer l’organisation des services préhospitaliers au Québec, au bénéfice de toute la population, et ce, sans renier la vocation première des paramédics comme service préhospitalier d’urgence.
C’est pourquoi nous invitons le gouvernement à passer à l’action, sans attendre qu’un autre drame se produise.