« Si les techniciennes en administration n’étaient pas là, c’est tout le système de la santé et des services sociaux qui serait paralysé », lance sans complexe Barbara Poirier, technicienne en administration au secteur de l’approvisionnement au CISSS de Chaudière-Appalaches.
«J’aime mon travail. C’est varié, même si ça consiste principalement en un objectif : trouver le meilleur produit, au meilleur coût. Concrètement, j’achète le matériel dont les personnes soignantes ont besoin pour faire leur travail », explique- t-elle. Bien qu’elle ne soit pas en contact direct avec le patient, Barbara voit aisément le lien entre son travail, les patients et les usagers. « C’est simple, si je ne suis pas là, il n’y a pas de seringues. S’il n’y a pas de seringues, il n’y a pas de prises de sang ni d’administration de médicament. Bref, on ne soigne pas. » Elle compare le réseau de la santé et des services sociaux à une grosse voiture de course : le personnel de bureau, les techniciens et les professionnels de l’administration représentent les stands de ravitaillement. « Sans carburant, rien n’avance », note Barbara.
Barbara Poirier est technicienne en administration depuis une décennie. Au fil des années, sa fierté d’appartenir à cette catégorie d’emploi s’est confirmée. Ce désir de partager cette fierté l’a menée, il y a cinq ans, à devenir présidente de son syndicat. « Je veux que mes membres se rendent compte à quel point elles sont essentielles. La proximité avec les patrons les plaçant souvent dans une position inconfortable, il faut un syndicat fort, bien structuré et qui fait partie de la solution. Quand j’ai commencé au syndicat, les gens étaient gênés de faire appel à nous. Aujourd’hui, c’est tout le contraire. »
Prendre les choses en main
C’est aussi cette fierté qui a mené Barbara Poirier à mettre sur pied un projet audacieux qui allait permettre à « ses filles », comme elle les appelle, d’améliorer leur sort.
« Pour passer de la classe 3 à la classe 2 ou de la classe 2 à la classe 1, il faut passer des tests. Une partie de ces examens sert à évaluer la maîtrise du français et c’est cela qui empêchait des filles de bien réussir leurs tests. » Après avoir contesté ces résultats à plusieurs reprises, en expliquant lors des CRT que cette lacune en français n’empêchait pas les employé-es de bien faire leur travail, Barbara Poirier a eu l’idée de mettre sur pied une formation. « Il fallait trouver une solution, car les plus anciennes n’étaient pas capables d’améliorer leurs conditions de travail. Seules les plus jeunes réussissaient à obtenir de meilleurs classements. L’ancienneté ne comptait plus. J’ai dit à l’employeur “je vais les former et toi tu vas faire repasser les examens à celles qui le souhaitent”. Il a dit oui. »
C’est ainsi qu’à l’automne 2014, à raison de deux midis par semaine, de soirs et de fins de semaine, plus de 80 personnes ont suivi la formation pendant neuf semaines. Toutes ces soirées consacrées à la mise sur pied de la formation, à la correction des nombreux exercices par Barbara Poirier et ses collègues, mais surtout tous les efforts déployés par les employé-es qui ont suivi la formation, ont porté leurs fruits. « Sur les 80 personnes qui ont suivi la formation, 95 % d’entre elles ont réussi », explique-t-elle en ajoutant qu’une nouvelle formation est en préparation. « Il y a encore du travail à faire ! »
Pour ce projet, Barbara Poirier s’est vue décerner l’une des prestigieuses bourses Fernand-Jolicoeur, soulignant ses fructueux efforts pour améliorer le sort de « ses filles ».
Les bourses Fernand-Jolicoeur de la CSN promeuvent et encouragent les efforts investis par les syndicats et les membres dans diverses activités de formation continue.
Bravo à Barbara Poirier et son équipe !