C’est sur le thème du renouvellement que se déroulera, du 15 au 20 mai prochain, le 63e Congrès de la CSN. Les quelque 2000 délégué-es participant seront saisis de propositions visant à ce que la CSN s’engage dans la promotion d’un véritable pacte social pour le Québec, basé sur trois grands axes : la lutte aux inégalités, un nouveau modèle de développement durable et le renouvellement du syndicalisme.
REnouveler le syndicalisme
Le syndicalisme est à la croisée des chemins. Nous assistons, depuis une trentaine d’années, à des changements structurels considérables qui affectent le monde du travail et ses institutions, dont le mouvement syndical. Le syndicalisme s’est bâti sur un modèle de développement qui, aujourd’hui, est mis à mal par la mondialisation, la financiarisation de l’économie, les enjeux environnementaux et la montée du néolibéralisme. « L’offensive contre les syndicats, ici et partout dans le monde, ne donne pas de signes d’essoufflement. Nous devons, dès maintenant, imaginer des stratégies pour progresser sur le terrain des relations de travail, comme sur celui du débat public. La valorisation du syndicalisme en tant qu’outil essentiel dans la quête d’une société plus juste, plus démocratique et plus égalitaire doit être au centre de nos priorités », de déclarer la présidente sortante de la CSN, Claudette Carbonneau. Le 63e Congrès se propose donc de lancer un grand chantier sur le renouvellement du syndicalisme en mettant l’accent sur les nouvelles réalités du monde du travail et sur l’importance d’apporter les correctifs nécessaires pour que les législations, tout comme nos approches, prennent la pleine mesure de ces transformations. « Nous devons repenser notre façon de pratiquer le syndicalisme. Nous avons besoin de réfléchir à nos approches en matière de négociation, à notre rapport de force, à notre capacité de mobilisation et à notre pouvoir d’attraction chez les jeunes », d’indiquer la présidente. Il sera donc proposé que la CSN organise un événement sur le syndicalisme, sur ses défis et les enjeux de son renouvellement, et ce, en collaboration avec ses partenaires syndi¬caux.
RÉduire les inégalités
Un des facteurs à l’origine des inégalités est lié à la précarisation du marché du travail. La prolifération des agences de placement et la multiplication des statuts d’emploi entraînent de plus en plus de travailleuses et de travailleurs dans l’insécurité et la précarité. Les syndicats de la CSN seront invités à donner un coup de barre pour s’attaquer à l’emploi atypique. « Plus du tiers des travailleurs occupent un emploi temporaire, à temps partiel ou autonome. Et ce sont les groupes vulnérables qui sont le plus souvent victimes de ces nouvelles formes de travail », rappelle la présidente de la CSN. C’est ainsi que les syndicats affiliés seront appelés à prioriser la lutte aux disparités de traitement dans le cadre de leurs négociations collectives. « L’accessibilité à une éducation de qualité est certainement le gage d’une participation citoyenne active. C’est aussi l’un des plus sûrs moyens de lutter contre les inégalités en favorisant le développement des personnes, leur intégration et leur maintien en emploi, de poursuivre Claudette Carbonneau. Nous devons pousser plus loin la démocratisation de notre système d’éducation et travailler à le revaloriser en tant que principal levier de développement social et économique. » Les orientations soumises à ce congrès proposeront entre autres de continuer la lutte au dégel des droits de scolarité universitaire et au décrochage scolaire. Elles invitent aussi à reprendre l’offensive pour consolider le français comme langue de travail et à faciliter l’intégration et le maintien en emploi des personnes immigrantes. D’autres propositions portent sur le surendettement et la retraite ainsi que sur les inégalités envers les personnes du troisième âge et les communautés autochtones.
RÉclamer un nouveau modèle de développement durable
Depuis quelques années, la CSN s’est engagée en faveur du développement durable. Le 63e Congrès poursuivra dans cette voie. En vue de renforcer et de moderniser l’emploi dans le secteur manufacturier, la centrale syndicale proposera l’adoption d’une politique de développement industriel faisant une large place aux technologies vertes et à la diversification de notre production manufacturière. Les orientations proposent aussi d’appuyer un plan vert de reconversion énergétique de notre économie, le plein contrôle de nos ressources naturelles et un système de redevances juste et équitable. Les orientations syndicales des trois prochaines années pourraient aussi amener les syndicats à s’impliquer davantage dans leurs milieux de travail, que ce soit sur les questions d’environnement, d’innovation et de reconversion technologique, de modernisation des équipements, de formation continue et d’organisation du travail. Une attention particulière pourrait être portée aux problèmes liés à l’intensification du travail. « Pour lutter contre les inégalités, pour imposer un virage vers un modèle de développement durable, pour renforcer le syndicalisme, nous devons plus que jamais nous réunir, nous redéployer, renouer avec la mobilisation et la réinventer, réinventer aussi notre action et nos solidarités internationales, renouveler nos approches, nos stratégies et notre membership. C’est l’appel que nous lançons aux délégué-es de ce 63e Congrès », de conclure la présidente, Claudette Carbonneau.
REnouvellement au comité exécutif
Rappelons qu’il s’agira d’un congrès électif avec les départs annoncés de la présidente, Claudette Carbonneau, de la secrétaire générale, Lise Poulin et du 2e vice-président, Roger Valois. L’actuel 1er vice-président, Louis Roy, est seul à avoir fait connaître son intention de briguer la présidence. Il en va de même pour Jean Lortie, président de la Fédération du commerce qui a annoncé son intention de se porter candidat au secrétariat général, tout comme Jacques Létourneau, adjoint au comité exécutif, qui a fait connaître sa volonté de solliciter un mandat à la 1ère vice-présidence. À la 2e vice-présidence, à ce jour deux, candidats s’affrontent : il s’agit de Gaétan Châteauneuf, président du Conseil central du Montréal métropolitain et de Jean Lacharité, président du Conseil central de l’Estrie. Denise Boucher sollicitera un 5e mandat à la 3e vice-présidence et Pierre Patry un 3e mandat à la trésorerie. Les mises en candidature auront lieu le mercredi 18 mai et les élections le jeudi 19 mai.