Éducation

Donnons-nous les moyens de nos ambitions !

Dans un contexte où les services publics ont été affaiblis par des années d'austérité, le discours de retour à l'équilibre budgétaire qui se fait de plus en plus entendre nous fait craindre le pire.

Depuis le début de la crise sanitaire, les enseignantes et enseignants du Québec ont porté le système d’enseignement supérieur sur leurs épaules. Nous avons dû adapter en un temps record notre enseignement pour permettre la réussite de nos étudiantes et étudiants et assurer un enseignement de qualité, malgré le manque de reconnaissance et de ressources pour le faire. À bout de souffle, nous exhortons le gouvernement du Québec à investir dans les ressources humaines pour nous permettre de poursuivre cette tâche colossale sans y engager notre santé ou compromettre la réussite de nos étudiantes et étudiants.

Le gouvernement Legault prétend que l’enseignement supérieur est une de ses priorités en temps de pandémie, au point de considérer le secteur comme un service essentiel. Pourtant, les faibles ressources investies pour faire face à un chamboulement majeur du mode d’enseignement ont davantage été dédiées à des infrastructures que pour le personnel enseignant.

Ce sont pourtant ces enseignantes et ces enseignants qui ont dû fournir la plus grande part de l’effort d’adaptation. Modifiant nos cours pendant nos temps libres et nos vacances, suivant des formations souvent non rémunérées pour apprendre des nouvelles formes d’enseignement et nous familiariser avec de nouvelles technologies, nous avons également dû dédier énormément d’heures supplémentaires, toujours bénévolement, pour assurer un encadrement adéquat à nos étudiantes et étudiants qui vivent des situations tout aussi difficiles.

Il va sans dire que la crise sanitaire a également eu un impact important sur la motivation et le parcours scolaire de milliers d’étudiantes et d’étudiants. Nous avons constaté à quel point les inégalités sociales étaient exacerbées par l’accès inégal aux ressources informatiques autant que culturelles. Il nous faut avoir les moyens de permettre à toutes et à tous de réussir et cela passe aussi par des conditions d’enseignement décentes, entre autres pour permettre une relation pédagogique plus humaine.

Un éventuel déconfinement ne devrait pas être plus aisé, puisque le gouvernement voudrait, sans jamais nous avoir consultés au préalable, nous imposer des cours en « comodal », c’est-à-dire à une partie de la classe en présence et l’autre à distance. Comme si l’animation d’une classe « normale » pouvait se faire de la même manière que celle d’un cours à distance, sans que l’une ou l’autre (ou les deux) ne perde en qualité. Toutes ces tâches et adaptations exigent du temps et des conditions de travail qui ne sont pas au rendez-vous. Il faudrait que le prochain budget provincial s’assure de nous donner les moyens d’enseigner dans des conditions adéquates.

Heureusement, nos efforts ont permis de maintenir un enseignement de qualité, malgré la situation adverse, et les taux de diplomation autant que la valeur de ces diplômes n’ont pas été compromis. À bout de ressources, sans moyens suffisants pour accomplir notre tâche, nous craignons cependant pour la santé mentale et physique du corps enseignant qui se sent épuisé et délaissé.

Dans un contexte où les services publics ont été affaiblis par des années d’austérité, le discours de retour à l’équilibre budgétaire qui se fait de plus en plus entendre nous fait craindre le pire. Le gouvernement doit injecter des sommes supplémentaires pour soutenir les enseignantes et les enseignants des cégeps et des universités afin de favoriser la réussite étudiante, condition essentielle au développement social, culturel et économique et génératrice de richesse collective.

Après des décennies de sous-financement de l’éducation et de l’enseignement supérieur, ce ne sont pas seulement des ressources pour une sortie de crise pandémique dont le réseau a besoin, mais d’un véritable réinvestissement à long terme qui permette à nos cégeps et nos universités d’assumer pleinement leur rôle de bâtisseurs de la société de demain.

Donnons-nous les moyens de nos ambitions !

Syndicat des professeures et professeurs enseignants de L’UQAM
Syndicat des professeures et professeurs du Collège de Rosemont
Syndicat des professeurs du Collège d’enseignement général et professionnel de Saint-Laurent
Syndicat des chargées et chargés de cours de l’université de Montréal-SCCUM
Syndicat du personnel enseignant du Collège d’enseignement général et professionnel d’Ahuntsic
Syndicat des professeurs du Collège d’enseignement général et professionnel du Vieux-Montréal
Syndicat des enseignantes et enseignants du Cégep Montmorency
Syndicat de l’enseignement du cégep André-Laurendeau

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