Pendant que les signaux de détresse du personnel du réseau de la santé et des services sociaux s’accumulent, certains employeurs veulent profiter des négociations locales actuellement en cours pour s’en prendre davantage aux conditions de travail du personnel.
Dans les derniers jours, le ministre Barrette a indiqué que ces négociations étaient une occasion de répondre aux préoccupations du personnel. Pour la FSSS–CSN, plusieurs demandes patronales actuellement déposées aux tables de négociation sont plutôt une preuve supplémentaire du peu de considération des employeurs et du gouvernement pour celles et ceux qui donnent les services à la population. Alors que ces négociations doivent obligatoirement être terminées dans les prochains mois, il est inquiétant de constater l’ampleur des reculs patronaux demandés dans le contexte d’épuisement du personnel. Ces demandes sont d’autant plus insultantes que l’entente intervenue au Saguenay-Lac-Saint-Jean démontre qu’il est possible de s’engager au niveau local pour donner un peu de souffle au personnel.
Ces employeurs sont muets pour proposer des solutions aux problèmes d’attraction et de rétention de personnel. Ils n’ont rien à proposer pour améliorer les conditions de travail et ainsi répondre aux nombreux indicateurs du niveau d’épuisement du personnel, des taux d’absences maladie qui atteignent des sommets à la pénurie grandissante de personnel. Au contraire, ce qu’ils mettent de l’avant actuellement dans les négociations locales ne ferait qu’empirer les choses. Voici quelques exemples des reculs qu’ils proposent pour augmenter la détresse du personnel :
- Modifier l’horaire de travail du personnel avec un délai de seulement 48 heures ;
- Déplacer le personnel pratiquement sans limites un peu partout sur le territoire des CISSS ou CIUSSS ;
- Rayer de la liste de disponibilité pour une période de 6 mois toute personne qui refuse 2 affectations par année ;
- Planifier l’horaire de travail sur une période de deux semaines, sans régularité du nombre d’heures de travail par jour ou des jours de congé ;
- Annuler deux jours à l’avance une fin de semaine de congé s’il y a insuffisance de personnel.
« Où sont ces employeurs des établissements du réseau pour répondre aux signaux de détresse du personnel ? N’ont-ils pas la responsabilité de s’assurer que le personnel a ce qu’il faut pour donner des soins de qualité ? Comment les femmes du réseau pourront-elles concilier leur travail et leur vie familiale si on change leur horaire aux deux jours ? Ces négociations locales, elles sont une occasion qu’on ne peut pas rater. Elles doivent permettre de donner de l’oxygène au personnel avant qu’il ne soit trop tard », lance Josée Marcotte, vice-présidente de la FSSS–CSN.
« Avec sa réforme ultracentralisée, le ministre Barrette s’est assuré d’avoir le contrôle sur tout. J’ai bien du mal à croire qu’il n’est pas au courant de ce qui se passe actuellement dans les négociations locales. Si son intention est vraiment d’améliorer les choses pour le personnel épuisé, il est temps qu’il l’indique aux employeurs question que ces négociations avancent », de conclure, Jeff Begley, président de la FSSS–CSN.