Déménagement du Centre de réadaptation Lucie-Bruneau

Des économies présumées sur le dos des patients fragilisés

C’est avec colère et inquiétude que la CSN, la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) et la Fédération des professionnèles (FP–CSN) prennent acte de la décision du CIUSSS du Centre-Sud de Montréal de transférer trois des dix programmes du Centre de réadaptation Lucie-Bruneau dans l’Ouest de Montréal.

Il s’agit pourtant du seul établissement répondant aux besoins des personnes qui souffrent de handicaps physiques ou neurologiques dans l’Est de l’Île. « C’est un bel exemple d’un manque flagrant de sensibilité à l’endroit des patients, pour réaliser des économies de bout de chandelle, seulement à court terme », dénonce Jean Lacharité, vice-président de la CSN.

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En effet, pour des centaines de patients vulnérables, le transfert des soins dans l’arrondissement Outremont peut signifier près d’une heure additionnelle en transport adapté, plusieurs fois par semaine, alors que, déjà épuisés, ils tentent de se remettre d’accidents de toutes sortes. « Est-ce que certains patients, à bout de souffle, risquent d’abandonner leur traitement thérapeutique ou encore verront leur progrès physiques limités en raison de la fatigue provoquée par le transport interminable ? » questionne Nancy Corriveau, vice-présidente de la FP–CSN. La distance à parcourir, en provoquant stress et douleur, est en effet une barrière importante pour les usagers, comme en témoignent des usagers dans une vidéo produite par la CSN.

De surcroît, le gouvernement admet que huit lits seront coupés à cause de cette décision administrative. « On veut nous faire croire que les mégastructures du Dr Barrette visent à améliorer les soins. Comment compte-t-il s’y prendre en coupant des lits ? » lance avec dérision, Guy Laurion, vice-président de la FSSS–CSN. La réduction des lits en internat pourrait provoquer une pénurie de lits auprès de la clientèle lors des périodes d’achalandage plus élevées. Ce qui signifie une rupture de soins.

Abandonner l’Est de Montréal pour rénover dans l’Ouest

Le déménagement des programmes pour les blessés à la moelle épinière, pour les traumatisés crâniens et pour les blessés orthopédiques graves exigera la rénovation de l’Institut Gingras-Lindsay, situé dans l’arrondissement Outremont. Combien cela va-t-il coûter, alors que ces services surspécialisés sont déjà dispensés dans les locaux et dans un quartier parfaitement adaptés au Centre de réadaptation Lucie-Bruneau ? En effet, une étude de la firme MCE-Conseils révèle que les installations tels la piscine, le gymnase et les équipements de conditionnement physique sont primordiaux pour les traitements des patients dans le cadre des programmes de réadaptation du Centre Lucie-Bruneau. Disposer des mêmes installations à l’Institut Gingras-Lindsay apparaît impossible en raison du manque d’espace et des coûts importants que cela engendrerait.

Les explications comptables du CIUSS cachent-elles plutôt des motivations politiques ? « Dire que le gouvernement Couillard prétendait favoriser l’accès aux services avec sa loi 10… En vérité, la création de mégahôpitaux et les compressions à répétition qu’il impose au réseau compromettent jour après jour l’accès aux services de proximité, partout au Québec », de conclure Jean Lacharité.

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