Au sortir de la traditionnelle rencontre du 1er mai avec Philippe Couillard, le président de la CSN, Jacques Létourneau, a indiqué qu’il subsistait de profonds différends avec le premier ministre au regard des effets des mesures d’austérité sur l’ensemble de la société québécoise.
Dans le cadre de la Journée internationale des travailleuses et des travailleurs, le premier ministre Couillard rencontrait ce matin les présidences des centrales syndicales CSN, FTQ, CSD et CSQ, un rendez-vous annuel. Il était accompagné de la ministre responsable du Travail, Dominique Vien.
« Nous avons insisté sur l’arrêt des politiques d’austérité et plaidé en faveur d’un réinvestissement des services publics et des programmes sociaux, notamment les services de garde éducatifs, a expliqué Jacques Létourneau. Visiblement, le premier ministre ne l’entend pas ainsi. Nous continuons à dénoncer le démantèlement de l’État, sans mandat ni consultation, opéré par ce gouvernement depuis son élection en 2014. »
Des « forums » pour l’emploi
Un point intéressant, le premier ministre a annoncé la tenue de « forums » sur la relance économique et les emplois au cours des prochains mois. « Pour la première fois depuis qu’il a été élu, M. Couillard se montre ouvert à réunir tous les acteurs socio-économiques, dont les syndicats, pour parler d’une relance et de créations d’emplois. Ça tombe bien, car nous avons un cahier complet de propositions et une politique visant l’industrie manufacturière, a poursuivi le président de la CSN.
« L’emploi est au plus bas dans le secteur privé et il faut impérativement donner un coup de barre pour relancer notamment le développement régional. L’austérité a aussi frappé fort dans les régions et, en l’état actuel des choses, on doute fort que les libéraux atteignent leur engagement de créer 255 000 emplois au cours de leur mandat. »
Revenus décents
Au cours de cette rencontre, les organisations syndicales ont fait valoir que le gouvernement devait agir pour assurer à tout le monde un revenu décent tout au long de la vie. Jacques Létourneau : « L’actuelle réforme de l’aide sociale est un non-sens. Le rôle de l’État ne devrait pas être d’enfoncer davantage des personnes et des familles dans la pauvreté. Nous avons aussi abordé la nécessaire hausse du salaire minimum. Il n’est pas normal que des centaines de milliers de travailleuses et de travailleurs ne puissent vivre convenablement alors qu’ils travaillent 40 heures par semaine et doivent recourir à des banques alimentaires. »
Les représentants syndicaux ont insisté sur les mesures à prendre pour améliorer le sort des non-syndiqué-es. À ce titre, il faut instaurer un régime de retraite pour tout le monde, alors que 60 % des travailleuses et des travailleurs québécois ne bénéficient d’aucun régime de retraite.
Municipalités : mobilisations en vue ?
Le message adressé au premier ministre Couillard et à la ministre Vien a été très clair sur le pacte fiscal avec les municipalités. « En accordant le pouvoir aux municipalités de décréter les conditions de travail, le gouvernement s’expose à des mobilisations aux quatre coins du Québec. L’état des relations de travail dans le secteur municipal ne justifie absolument pas de changer le rapport de forces en favorisant outrancièrement les conseils municipaux, lors des négociations. Contrairement à ce que prétendent certains maires, il n’y a pas de déséquilibre à cet égard, car 98 % des conventions collectives sont négociées sans conflit de travail dans ce secteur », a conclu le président de la CSN.
Photos : Clément Allard, Louis-Serge Houle