Des réseaux publics désorganisés, une main-d’œuvre qui se fait rare et des travailleuses et des travailleurs à bout de souffle; c’est dans ce contexte difficile, où il est urgent d’agir, que la CSN lance une vaste opération de consultation de ses membres pour déterminer les demandes à déposer au gouvernement du Québec pour la prochaine ronde de négociation. Les conventions collectives arrivant à échéance le 31 mars 2020, quelque 150 000 membres CSN du secteur public seront appelés, au cours des prochains mois, à se prononcer en assemblée générale sur diverses propositions, notamment sur les conditions de travail et de pratique et sur les salaires. Ils devront aussi évaluer si le projet qui leur est soumis répond aux besoins criants des femmes et des hommes qui s’occupent chaque jour de la population québécoise.
Des milieux de travail en crise
« Ça fait des années qu’on le répète, les travailleuses et les travailleurs des réseaux de la santé et des services sociaux, de l’éducation et des organismes gouvernementaux font face à une surcharge de travail importante et se retrouvent trop souvent en situation de précarité, affirme Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN. La situation est difficile depuis longtemps, mais elle s’est aggravée avec les compressions massives et le sous-financement chronique des années de gouvernance libérale. La CAQ dit vouloir faire les choses autrement; M. Legault ne devra donc pas s’étonner de retrouver des revendications pour des investissements majeurs pour améliorer la qualité et l’accessibilité des services publics. »
Les conditions de travail et de pratique se négociant essentiellement aux tables sectorielles, les investissements demandés devront permettre de dégager des marges financières importantes pour permettre aux différents secteurs de convenir des solutions à mettre en place pour régler les nombreuses problématiques dans les milieux de travail. « C’est souvent au détriment de leur santé que les travailleuses et les travailleurs ont réussi à maintenir des services de qualité pour la population. Ça ne peut plus durer. »
Des salaires insuffisants et non compétitifs
« On sera aussi en demande sur les salaires, ajoute Mme Senneville. Au fil des conventions collectives, certaines fois négociées, d’autres fois décrétées, les hausses salariales de nos membres ont presque toujours été inférieures à l’augmentation du coût de la vie. N’ayons pas peur des mots, le personnel des réseaux de la santé et des services sociaux, de l’éducation et des organismes gouvernementaux s’est appauvri. » Pour contrer tout éventuel appauvrissement, la demande salariale soumise aux membres propose l’introduction aux conventions collectives d’une clause de protection du pouvoir d’achat, assurant l’indexation annuelle des salaires à l’inflation.
Avec la détérioration des conditions de travail et les faibles hausses salariales des deux dernières décennies, le secteur public est maintenant très peu attractif pour les personnes qui arrivent sur le marché de l’emploi. « Dans le contexte actuel de rareté de la main-d’œuvre, cette situation est extrêmement préoccupante. C’est pourquoi nous proposons d’augmenter tous les salaires de 3 $ l’heure, et ce, dès la première année. Tout en ayant un effet positif important pour toutes et tous, ce montant fixe aurait un impact majeur pour les personnes qui œuvrent dans les emplois les moins bien payés », poursuit Mme Senneville. Actuellement, plus de 125 000 travailleuses et travailleurs, soit près du tiers des effectifs du secteur public, gagnent moins de 25 $ l’heure.
Pour chacune des deux années subséquentes, la demande salariale soumise aux membres propose une augmentation de 3 %. « Les prévisions pour les hausses salariales à l’extérieur du secteur public se situent autour de 2,5 %. La proposition soumise permettrait un rattrapage par rapport à l’ensemble des salariés québécois qui, rappelons-le, gagne en moyenne 6,6 % de plus, en rémunération globale, que les salarié-es du secteur public. »
Régime de retraite et investissement responsable
« Nous voulons aussi entendre ce que les membres ont à dire sur leur régime de retraite. Nous avons certaines demandes à proposer, dont une qui est en droite ligne avec la préoccupation grandissante de la population sur la question environnementale. Nous proposons de revendiquer que la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui gère le régime de retraite des travailleuses et travailleurs du secteur public, procède à un désinvestissement des énergies fossiles dans un délai de cinq ans », conclut Caroline Senneville.
D’autres demandes, notamment sur les assurances collectives, seront également soumises au débat dans les assemblées générales. À l’automne, les fédérations du secteur public de la CSN se réuniront à nouveau et feront le point afin de déterminer ce qui sera officiellement déposé au gouvernement du Québec, en vue de la prochaine ronde de négociation.