La CSN estime que les changements à la Loi sur les normes du travail annoncés aujourd’hui représentent certaines avancées, mais elle conserve tout de même des réserves. Elle craint de plus que ce ne soit qu’un ballon politique qui mourra au feuilleton avec le déclenchement des élections.
Agences de placement et disparités de traitement :
Enfin, nos pressions semblent avoir porté leurs fruits
« Nous sommes heureux de constater que le gouvernement s’est rendu à l’évidence en ce qui concerne l’encadrement des agences de placement et les clauses de disparité de traitement, a souligné le président de la CSN, Jacques Létourneau. On porte le dossier des agences de placement depuis des années. On avait senti lors du Rendez-vous national sur la main-d’œuvre que Philippe Couillard avait été sensibilisé à la réalité scandaleuse vécue par certains travailleurs et travailleuses, qui se font littéralement exploiter par des agences. Cela dit, il faudra être vigilants et nous assurer que des moyens seront mis de l’avant afin que les agences respectent les règles en place. On n’a pas de détails là-dessus et pourtant, c’est le nerf de la guerre. »
« Nous constatons aussi la volonté d’éliminer les disparités de traitement pour l’avenir en ce qui a trait à des régimes de retraite ou à d’autres avantages sociaux, a enchaîné Jacques Létourneau. Par contre, qu’en est-il pour les clauses existantes? Il faut trouver des solutions pour corriger les discriminations dont font l’objet les travailleurs visés par ces clauses. »
Insuffisant pour la famille
Le président de la CSN estime par ailleurs que le gouvernement a démontré certains efforts en matière de conciliation famille-travail-études, notamment en ce qui concerne les horaires de travail et certains congés rémunérés. Par contre, nous sommes encore loin de la coupe aux lèvres pour permettre une véritable conciliation famille-travail-études, estime-t-il. « Prenons le droit de refuser de travailler si un employé ne connaît pas son horaire cinq jours à l’avance, souligne Jacques Létourneau. C’est un début, mais ça ne lui permet pas de planifier un rendez-vous médical, par exemple, puisqu’il n’y a aucune obligation de rendre disponible l’horaire cinq jours à l’avance. Ça les empêche de s’organiser. » D’autres améliorations restent également à apporter, comme le droit à 10 jours de congés familiaux ou de maladie payés, tel que le réclame la campagne 5-10-15, alors qu’il en a accordé deux, la hausse du salaire à 15 $ l’heure pour aider les familles à faible revenu, ou encore la limitation de l’obligation de disponibilité qui fait en sorte que le temps libre n’est plus du temps libre. Ces mesures auraient dû être contenues dans la loi.
Jacques Létourneau souligne aussi que la semaine supplémentaire de vacances après trois ans au lieu de cinq constitue une certaine amélioration des conditions de travail.
Sur le harcèlement sexuel
Par ailleurs, le président de la CSN a tenu à souligner son soulagement de constater que le gouvernement reconnaît explicitement l’existence d’une forme de violence qui vise particulièrement les femmes dans les milieux de travail. « Philippe Couillard a finalement décidé d’inscrire à la loi la question du harcèlement sexuel. C’est une bonne chose. »
En outre, certaines améliorations, qui risquent malheureusement de demeurer lettre morte et de servir finalement le jeu politique des libéraux, commente Jacques Létourneau. « C’est classique : à l’approche des élections, on montre qu’on se préoccupe des personnes au bas de l’échelle et on fait du millage avec ces modifications. Maintenant, il faut que ce soit mis en place et que ça ne se résume pas qu’à un show de boucane. »