Une quarantaine de déléguées des responsables de service de garde (RSG), représentant environ 2000 membres de la CSN, ont voté à l’unanimité de recommander à leurs membres d’adopter un plan d’action musclé, incluant le recours à la grève. C’est la conclusion à laquelle elles sont arrivées après une journée de délibérations tenue à l’occasion d’un conseil sectoriel de négociation extraordinaire, aujourd’hui à Québec, alors que les négociations sur les questions d’ordre financier sont dans une quasi-impasse.
Les négociations achoppent sur les demandes pécuniaires des RSG, lesquelles avaient été déposées au ministère le 13 juin dernier, celles à incidence non pécuniaire ayant été presque réglées. Depuis cette date, observent les membres du comité de négociation des RSG, les pourparlers traînent terriblement en longueur, sans compter que les offres monétaires faites jusqu’ici sont très loin de répondre aux demandes légitimes des responsables de service de garde.
« Alors que la ministre de la Famille, Francine Charbonneau, nous dit que les services dispensés aux enfants sont exceptionnels, voilà qu’elle mandate ses porte-parole pour nous présenter des offres ignobles qui ne feront que nous appauvrir. C’est inacceptable. », déclare Lucie Longchamps, elle-même RSG, membre du comité de négociation et représentante du secteur des RSG à la FSSS–CSN. « Jusqu’ici, on a laissé la place à la négociation, sans résultat. Maintenant, on passe à l’action parce que l’on veut une entente satisfaisante. C’est ce qu’ont décidé les déléguées des 2000 RSG que nous représentons. On va donc consulter notre monde. »
Les dernières offres faites par le ministère, le 20 octobre, comportent une hausse de la subvention quotidienne de 0,14 $ par enfant par jour pour chacune des deux premières années, soit un total de 0,28 $. En tenant compte que la grande majorité des RSG accueillent chacune six enfants par jour, on arrive à une hausse maximale de 200 $ brut par année alors que les RSG sont confrontées à des hausses de coûts importantes.
Rappelons que les demandes des RSG se résument ainsi : 5 % de rattrapage aux fins de l’atteinte de l’équité avec les travailleuses en CPE qui bénéficient de 13 congés payés supplémentaires, conformément à la loi ; 2 % correspondant à la dernière hausse octroyée aux employé-es des secteurs public et parapublic le 1 eravril 2014, auxquels s’ajoutera bientôt 1 % le 31 mars 2015. Rappelons que le premier ministre Philippe Couillard s’est engagé, au printemps dernier, à respecter les hausses promises aux employé-es de l’État.
Pour Dany Lacasse, vice-président responsable du secteur privé à la Fédération de la santé et des services sociaux : « Les RSG accueillent et éduquent quelque 92 000 enfants en bas âges et sont un maillon essentiel aux services de garde. La ministre de la Famille doit bien comprendre le sérieux de la situation. Ses offres récentes vont les appauvrir et menacer la pérennité de ses services éducatifs à l’enfance. Elle doit plutôt accorder tous les mandats pour faire débloquer les négociations, plutôt de se réfugier derrière l’austérité à tout prix. »
Pour Ann Gingras, présidente du Conseil central de Québec-Chaudière-Appalaches : « Ces femmes s’occupent au quotidien de notre avenir, de l’avenir du Québec. Comme société, nous nous devons d’être extrêmement reconnaissants à leur égard. Or le gouvernement propose de se cacher derrière l’obsession du déficit zéro et de l’austérité pour perpétuer une situation d’exploitation de ce groupe de femmes que sont les responsables de service de garde, en les appauvrissant davantage. Nous allons les appuyer totalement pour qu’elles obtiennent ce à quoi elles ont droit. »
À propos des RSG et de la CSN
Environ 2000 responsables de service de garde en milieu familial sont regroupées dans 21 syndicats affiliés à la FSSS-CSN, comptant plus de 130 000 membres issus des secteurs privé et public. Pour sa part, la CSN est composée de près de 2000 syndicats regroupant plus de 325 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.