En ce début d’année pour le moins mouvementé, nous avons eu droit non pas à une, mais bien à deux déclarations de guerre. La première, en provenance du sud de la frontière, est d’ordre tarifaire ; la seconde, qui touche au droit de grève, provient du gouvernement Legault par l’entremise de son ministre du Travail, Jean Boulet.
Bien sûr elles n’ont pas la même portée, mais toutes deux entraîneront, à des degrés différents, de lourdes conséquences sur les travailleuses et les travailleurs. Mais j’ajouterais, pour nous donner un peu d’espoir : si tant est qu’elles se concrétisent !
Car dans le premier cas, avec les volte-face quasi quotidiennes du président américain à propos de l’entrée en vigueur et la portée exacte de ces fameux tarifs douaniers à l’endroit des produits canadiens, on nage toujours dans l’incertitude la plus complète. À preuve, au moment d’écrire ces lignes, pour la deuxième fois en deux jours, le président Trump a reculé une fois de plus en annonçant un nouveau sursis de 30 jours pour les marchandises canadiennes. Si sa crédibilité va continuer d’en prendre pour son rhume à force de jouer au yoyo avec ses partenaires et alliés économiques traditionnels, la menace qu’il fait peser sur notre économie et sur le sort des personnes qui la font rouler doit être, elle, prise très au sérieux.
Et comme si ces provocations ne suffisaient pas, Amazon a pris la décision sauvage et antisyndicale de fermer ses sept entrepôts au Québec, causant ainsi la perte de plus de 4700 emplois.
En effet, plusieurs secteurs sont à risque au Québec, notamment les industries manufacturière, forestière et agroalimentaire, dont la production dépend essentiellement des exportations vers les États-Unis. La CSN a multiplié les interpellations et les rencontres auprès des différents paliers de gouvernement afin de s’assurer que des mesures seront prêtes pour soutenir les travailleuses et les travailleurs touchés, si des barrières tarifaires devaient officiellement entrer en vigueur.
D’ici là, tâchons de garder la tête froide malgré ce tumulte étourdissant qui prend des airs de plus en plus inquiétants.
Bombe antisyndicale
De ce côté-ci de la frontière, il sera aussi difficile de rester zen face à l’affront étonnant de Jean Boulet, qui vient de déposer un projet de loi pour « considérer davantage les besoins de la population en cas de grève ou de lock-out ».
Sous les prétentions fumeuses du ministre qui dit vouloir protéger les plus vulnérables en cas de conflit de travail se cache une attaque en règle au droit de grève et, par le fait même, au rapport de force dont disposaient jusqu’ici les travailleuses et les travailleurs du Québec.
Cet affront est d’autant plus surprenant que le premier ministre Legault lui-même estime que l’heure devrait être à l’unité des forces vives du Québec pour faire face à cette période de grande instabilité, et non à la confrontation.
Mais encore une fois, gardons espoir : il ne s’agit encore que d’un projet de loi qui doit franchir de nombreuses étapes, dont les consultations en commission parlementaire auxquelles nous participerons, avant d’être adopté… s’il finit par l’être !
Délivrons-nous d’Amazon
Et comme si ces provocations ne suffisaient pas en ce début d’année pour le moins explosif, la multinationale Amazon a pris tout le monde de court en janvier avec sa décision sauvage et antisyndicale de fermer ses sept entrepôts au Québec, causant ainsi la perte de plus de 4700 emplois. Dans la foulée, la CSN a lancé un mouvement de boycottage pour nous affranchir collectivement de cette entreprise voyou, tout en appelant du même souffle à favoriser le commerce local et nos entreprises québécoises.
Des recours juridiques d’envergure ont de plus été déposés pour exiger d’Amazon le respect de ses obligations comme employeur et celui des lois qu’elle a jusqu’ici si éhontément bafouées.
Notre combativité sera une fois de plus mise à l’épreuve dans les mois à venir, mais vu la force et la solidarité inébranlables de notre mouvement, nous réussirons à traverser cette tempête en nous serrant les coudes et en gardant, toujours, la tête haute.