Trente ans se sont écoulés depuis l’adoption en 1987 de la première plateforme commune des chargé-es de cours membres de la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ–CSN). À l’époque, six syndicats provenant de différentes universités (universités du Québec à Montréal, Chicoutimi et Rimouski, Université de Montréal et Université Laval) avaient décidé de s’appuyer les uns les autres pour tenter de réaliser des gains, notamment en matière de rémunération, en adoptant une plateforme de demandes communes. Cette première négociation coordonnée sera fructueuse. Au cours des années qui suivront, les chargé-es de cours connaîtront une augmentation salariale moyenne de 60 %.
Aujourd’hui, les chargé-es de cours forment le plus vaste corps enseignant des universités québécoises. Non seulement ils enseignent au premier cycle, mais ils sont de plus en plus responsables de l’enseignement dans les programmes de maîtrise et de doctorat. Malgré cela, beaucoup de chemin reste à parcourir pour faire reconnaître leur contribution à l’enseignement universitaire.
Lorsqu’on compare leur rémunération, nous constatons qu’un grand écart existe entre les professeur-es et les chargé-es de cours, et partout, la rémunération est injuste et discriminatoire envers eux. « Il existe un énorme déséquilibre entre les professeurs et les chargés de cours, non seulement par rapport aux salaires, mais aussi par rapport à l’intégration dans la vie démocratique de l’université et à l’accès à la recherche, remarque Sylvain Marois, chargé de cours au Département des littératures à l’Université Laval et vice-président de la FNEEQ–CSN. Ce qui nous permet de parfaire nos connaissances et de rester à l’affût de notre domaine d’étude, c’est la recherche. Ne pas avoir accès à la recherche peut carrément mener à la déqualification. C’est pour cette raison qu’on se bat pour l’accès à des fonds de recherche distincts de ceux qui sont réservés aux professeurs. »
Les demandes inscrites dans l’actuelle plateforme commune, adoptée en mai 2016, visent à corriger ces déséquilibres. Les revendications portent entre autres sur la réduction de l’écart salarial entre les professeur-es et les chargé-es de cours, sur l’accès à la retraite et aux protections sociales, dont les assurances, sur l’encadrement de la taille des groupes d’étudiants et autres améliorations aux conditions d’enseignement et sur l’intégration, la représentation et la reconnaissance des chargés de cours au sein de la communauté universitaire.
Une mobilisation gagnante
La négociation coordonnée a déjà porté ses fruits en 2017. Au début de février dernier, le Syndicat des chargées et chargés de cours de l’UQAM (SCCUQ–CSN) a approuvé une entente de principe avec une augmentation totale de 8,61 % sur quatre ans, une clause remorque avec les professeurs pour 2019 et d’autres gains en matière d’accès à la recherche. Après une grande mobilisation sur le terrain et l’adoption d’une banque de jours de grève, la direction de l’Université du Québec a rapidement réglé avec le syndicat. Voilà une première leçon à retenir.
La présente ronde de négociation coordonnée compte sur la participation de presque tous les syndicats de chargé-es de cours affiliés à la FNEEQ–CSN — sauf deux, ce qui représente plus de 10 000 chargé-es de cours.