Macadam Sud, qui emploie 15 salarié-es, existe depuis plus de 30 ans et offre différents services aux jeunes de 12 à 35 ans. Parmi ceux-ci, nous pouvons compter une école de la rue pour jeunes décrocheurs, un volet squat qui fait office de maison de jeunes, un centre de jour et un service de travail de rue partout dans le Grand Longueuil.
Le travail réalisé par ces salarié-es est considérable. Ils sont appelés à intervenir dans des situations complexes, confrontés parfois à des réalités qui échappent au commun des mortels. Les travailleuses et les travailleurs de rue arpentent, hiver comme été, les rues, les ruelles, les « piqueries », et autres « piaules », afin d’apporter soutien et réconfort aux populations marginalisées et précarisées. Les intervenants ne sont pas en reste, ils ont la tâche d’agir auprès de jeunes ayant parfois des situations de vie extrêmement difficiles. Les organismes communautaires ont une mission louable, mais il ne faut pas oublier que ce sont les travailleurs qui la réalisent au jour le jour.
Lorsque les salarié-es de l’organisme entreprennent un processus de syndicalisation à l’automne 2014, ce n’est pas nécessairement parce qu’ils jugent leurs salaires trop bas, ils veulent plutôt limiter l’arbitraire de l’employeur en établissant des règles claires et identiques pour tout le monde. Comme nous l’explique Carl Lafrenière, président du SÉMAC-CSN : « Notre objectif, c’était d’établir une équité en matière de salaires et de conditions de travail. Nous voulions que toutes et tous aient les mêmes règles à respecter et les mêmes avantages. »
Mais après une année d’existence, il semble de plus en plus évident que leur volonté initiale de bâtir un syndicat indépendant, non affilié, s’avère une tâche plus difficile que ce que les membres avaient prévu. Les négociations stagnent depuis plusieurs semaines, le rapport de force est difficile à établir et la mobilisation s’essouffle, le syndicat n’a pas les moyens financiers pour accomplir des tâches importantes comme le suivi des griefs, les militantes et les militants n’arrivent plus à réaliser l’ensemble du travail à faire. Pour toutes ces raisons, les salarié-es en arrivent à considérer l’affiliation à une centrale. Après avoir évalué certaines options, le choix de la CSN va de soi pour l’ensemble des membres, qui demeurent jaloux de leur autonomie, un principe cher à la CSN.
« Il était très important pour nous de conserver notre liberté tout en étant épaulés par une équipe de personnes spécialisées dans différents domaines, affirme Carl Lafrenière. Avec la CSN, on obtenait des outils, des ressources, tout en conservant notre certificat d’accréditation, donc notre autonomie. » La présence d’une forte représentation du milieu communautaire au sein de la CSN, plus particulièrement à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), a également pesé fort dans la balance.
Une fois affilié, le SÉMAC–CSN a pu rencontrer un conseiller syndical et la négociation avec la partie patronale s’est poursuivie. « Il y a eu une première rencontre avec le conseiller, les échanges ont été intéressants et on sent que cela pourrait évoluer plus rapidement, bref, on voit déjà les impacts positifs de notre affiliation », se réjouit Carl Lafrenière. n