Quelques jours avant l’ouverture de la conférence de Lima sur le climat, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a exhorté le Canada à être plus ambitieux et plus visionnaire dans la lutte internationale contre les changements climatiques. « Les actions du gouvernement canadien à Lima ne nous rapprochent pas de cet objectif », ont dénoncé des organisations non gouvernementales et la CSN qui ont participé au Sommet.
En plus des commentaires faits par le premier ministre cette semaine, alors qu’il déclarait qu’il serait « fou » de réglementer les secteurs du pétrole et du gaz, la position canadienne sur le climat est considérée comme une farce, tant au Canada que sur la scène internationale à Lima. Alors qu’il a déjà été un leader, le Canada a désormais perdu sa pertinence dans les négociations internationales. En fait, il y a une explication au fait que le Canada n’a remporté aucun prix Fossile cette année (le « prix » remis aux pays les plus nuisibles aux négociations, à plusieurs reprises attribué au Canada dans le passé). « Ce n’est pas parce que la délégation d’Ottawa a une influence positive ici, mais parce que le rôle de notre pays dans ces négociations est de plus en plus inexistant, », a déclaré Alex Cool-Fergus de la Délégation jeunesse canadienne.
Dans les années précédentes, les pays du G8 et du G20 se sont engagés à éliminer les subventions aux énergies fossiles. Malgré son engagement à Varsovie l’année dernière, le gouvernement canadien a mis de côté la réglementation des secteurs du pétrole et du gaz. Même la cible peu ambitieuse du Canada à Copenhague est officiellement hors de portée sans réglementation des secteurs du pétrole et du gaz, selon un organisme de surveillance environnementale indépendant.
« Le Canada devrait s’engager à honorer sa promesse faite il y a un an à Varsovie et dévoiler sa contribution nationale de réduction des émissions de gaz à effet de serre (‘intended nationally determined contribution’, ou INDCs dans le langage onusien) d’ici la fin de mars 2015. Le gouvernement pourrait aussi contribuer à faire avancer les discussions sur le financement aux pays pauvres pour atteindre 100 milliards de dollars US par année dès 2020 comme l’ont promis les pays riches à Copenhague en 2009. Ottawa devrait aussi jouer un rôle positif dans les discussions entourant l’évaluation des engagements pris en vue de la prochaine grande conférence sur le climat à Paris l’an prochain, » a déclaré Christian Holz du Réseau action climat Canada. « De telles évaluations sont cruciales pour déterminer si tous les pays contribuent équitablement et si nous sommes, collectivement, sur la bonne voie pour éviter les pires impacts des changements climatiques, » a-t-il ajouté.
Comme le montre un récent sondage, près de neuf Canadiens sur dix souhaitent plus d’actions et d’efforts internationaux sur le climat. Ainsi, Catherine Gauthier d’ENvironnement JEUnesse conclut que « le gouvernement ne s’acquitte pas de son devoir de représenter la voix de ses citoyens au niveau international. En tant que membres de la société civile, nous avons vu les négociateurs canadiens prioriser les compagnies d’énergies fossiles plutôt que l’intérêt public à de maintes reprises, et cette fois encore à Lima. »
La présence et le dynamisme des délégations du Québec, de l’Ontario et de la Colombie-Britannique montrent à quel niveau des mesures sont prises pour réduire les émissions à travers le pays. « Sur la scène internationale, ces gouvernements provinciaux représentent davantage les aspirations des Canadiens sur l’enjeu du climat que le gouvernement fédéral, » a ajouté Alain Brunel de l’AQLPA.
Ces négociations nous mèneront à Paris à la fin de 2015, alors que le Canada aura élu un nouveau gouvernement. « Bien que tous les partis d’opposition proposent actuellement une politique climatique plus ferme que le gouvernement actuel, les changements climatiques doivent demeurer une priorité durant la campagne électorale en 2015, et au-delà. S’agissant des ambitions des partis politiques concernant le climat, les Canadiens méritent une course au sommet, et nous espérons qu’un nouveau gouvernement changera la donne en ce qui a trait à la contribution internationale du Canada au processus et, de manière cruciale, aux actions domestiques. Le Canada ne peut pas espérer être un leader dans la diplomatie internationale s’il maintient le statu quo sur la question des énergies fossiles et des changements climatiques au niveau national et international, » a insisté Leehi Yona d’Adopt a Negotiator.