Au moment où les partis politiques fédéraux promettent mer et monde aux électeurs, qu’ont-ils à proposer pour mettre un terme au sous-financement chronique des musées du Québec, miroirs de notre société ? En cette fin de semaine des Journées de la culture, la CSN et la Fédération nationale des communications (FNC-CSN), représentant les travailleuses et travailleurs de différents musées québécois, demandent aux politiciens fédéraux de préciser leurs intentions, et au gouvernement de Philippe Couillard de délier les cordons de la bourse.
« Les institutions muséales ont atteint un seuil critique et ne peuvent plus fonctionner avec les moyens financiers qui leur sont attribués », lance sans détour Pascale St-Onge, secrétaire générale de la FNC-CSN. Le financement du réseau muséal doit être augmenté, pluriannuel, stable et indexé annuellement au coût de la vie.
Un investissement qui vaut le coût
« D’un point de vue strictement financier, selon une étude détaillée portant sur sept musées, nous avons observé que le gouvernement canadien profite d’une opération largement rentable, récoltant davantage de recettes comparativement à ses dépenses dédiées aux musées », explique, chiffres à l’appui, Claude Dorion, directeur général de la firme MCE Conseils. Par contre, pour le gouvernement québécois, le retour fiscal sur investissement n’est que de 31%. D’où l’importance d’insister sur une plus grande contribution fédérale pour maintenir un réseau patrimonial essentiel à la conscience nationale.
Appui de la SMQ
La Société des musées du Québec (SMQ), qui regroupe quelque 300 institutions muséales (musées, centres d’exposition et lieux d’interprétation), dénonce également le sous-financement du réseau qui perdure depuis plus d’une décennie. « Il est urgent de s’attaquer aux problèmes financiers pour que les institutions muséales poursuivent leurs mandats de conservation, de recherche, d’éducation, de médiation et de diffusion. Il faut aussi leur donner les moyens de jouer pleinement leur rôle dans la société », souligne René Binette, directeur de l’Écomusée du fier monde et président de la SMQ.
Malgré les nombreux cris d’alarme, les constats et les recommandations émis à l’occasion des États généraux des musées du Québec, réalisés par la SMQ en 2011 et ceux présentés dans le rapport Corbo, Rapport du Groupe de travail sur l’avenir du réseau muséal (2013), à l’effet que des sommes importantes doivent être injectées de manière urgente, la situation des institutions muséales continue de se dégrader.
« À l’heure de la mondialisation, où le monde tend à devenir de plus en plus homogène, les quelque 440 institutions muséales, partout au Québec, sont des bastions de la spécificité et de la diversité culturelle. Elles sont des lieux de mémoire vivante », rappelle pourtant Véronique De Sève, vice-présidente de la CSN. Les institutions muséales sont acculées au pied du mur. Pour certaines, particulièrement en région, la marge de manœuvre est si petite que des mesures draconiennes sont prises, comme fermer les portes quelques mois par année.
Des artistes à la défense des musées
Dans le cadre de la vaste campagne d’appui « Conservons nos musées » menée sur Facebook, plusieurs personnalités soulignent le caractère indispensable des musées. En vidéo, Xavier Dolan (cinéaste), Denis Gagnon (designer), Zilon et André Michel (peintres), en appellent à un meilleur financement de ces institutions muséales qui les ont tant inspirés.
À propos
La Fédération nationale des communications (CSN) regroupe 6000 membres oeuvrant dans le domaine des communications et de la culture à travers 88 syndicats. Elle est l’une des huit fédérations de la CSN. Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. Elle est composée de près de 2000 syndicats et de plus de 325 000 travailleuses et travailleurs.