Nouvelles CSN

Confinés dans la rue

Certains organismes qui viennent en aide aux gens dans la rue ont fermé leurs portes le temps que passe la COVID-19. Spectre de rue, lui, demeure ouvert. Nouvelles CSN s’est entretenu avec une travailleuse de rue qui a bien du pain sur la planche par les temps qui courent.

COVID pas COVID, le travail quotidien de Julie Laflamme-Desgroseilliers et de ses pairs consiste à arpenter les rues de Montréal, à pied, avec un sac à dos et un bac pour qu’ils soient reconnus par les personnes concernées, tout en demeurant discrets. Leur rôle vise à repérer les individus qui peuvent avoir besoin d’eux et à développer des stratégies pour qu’ils viennent les voir. « On se tient dans les parcs, dans les piaules, ces endroits fermés où il y a de la consommation, dans des squats, et on développe des stratégies pour que les gens viennent nous voir. Puis, lorsque la confiance est installée, on tente de leur donner le soutien dont ils ont besoin ». Ce soutien, nous explique Julie, peut se concrétiser par l’accompagnement chez le médecin, au palais de justice, ou chez un agent de probation. Il n’est pas rare non plus que les travailleuses ou les travailleurs de rue aident les gens qu’ils rejoignent à se trouver de la nourriture, un appartement ou des vêtements.

Le portrait a changé
La pandémie a changé bien des aspects du travail de Julie, qui remarque à quel point les gens qu’elle croise sur la rue se trouvent principalement parmi la clientèle cible. En raison du confinement, la majorité de la population travaille moins ou travaille à domicile. Les personnes dans la rue, elles, se font mettre en dehors des refuges durant le jour. Comme elles n’ont pas la possibilité d’aller dans les restaurants ouverts 24 heures ou dans les centres commerciaux comme en temps normal, elles demeurent dans les parcs et les espaces publics.

Bien entendu, le manque de ressources en temps de COVID donne lieu à des situations de stress plus intense. Les personnes dans le besoin peuvent en effet être plus à cran. Puisqu’elles reçoivent moins d’argent, elles ont plus de mal à se procurer la drogue à laquelle elles sont habituées. « On essaie de les aider comme on peut, mais ça reste de la survie, explique Julie. On fait aller nos contacts pour trouver de la bouffe, des endroits pour dormir. Mais ce n’est pas évident, quand les refuges fonctionnent à moitié de leur capacité en raison de la distanciation sociale. »

Être ultra-conscient de son environnement
Julie souligne également le côté paradoxal de son travail, en situation de pandémie. « On est là pour faire de l’intervention de proximité, mais il faut constamment rappeler aux gens de rester à deux mètres de nous. Il faut penser à tout moment à se mettre du Purell, pour éviter d’être contaminé ou de devenir un agent de contamination. Les gens qu’on accompagne sont maganés, vulnérables. C’est une population à risque de mourir si elle attrape la COVID-19, car les problèmes respiratoires causés par la cigarette ou la drogue sont fréquents. »

« Des fois, le sentiment d’impuissance est grand. Mais beaucoup de gens ont besoin de nous. Ça nous aide à tenir le coup », conclut Julie Laflamme-Desgroseilliers.

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