Les exigences financières du gouvernement envers ses sociétés d’État se traduisent par la perte d’un équivalent de 123 postes syndiqués à temps complet au casino de Montréal.
« Le ministre Marceau exige des revenus supplémentaires à Loto-Québec, mais il y a un coût humain à ça », soutient Stéphane Larouche, président du Syndicat des employées et employés de la Société des casinos du Québec – unité générale (CSN).
La compression a été annoncée cette semaine aux employés et sera effective dans les semaines à venir. Il est important de souligner que c’est loin d’être la première fois que les syndiqué-es et l’ensemble des employés du casino subissent une diminution des heures travaillées. Globalement, le nombre de personnes qui travaillent au casino, incluant les cadres, se situait à 3249 en 2010 et il était de 2830 en novembre dernier. C’était déjà près de 13 % de postes en moins en trois ans!
Toutes les accréditations syndicales du casino subiront une diminution d’heures travaillées qui aura comme effet des mises à pied pour certains et la perte de postes à temps plein pour d’autres. Le nombre d’emplois précaires sera donc en nette progression. Pendant ce temps, le ratio d’employés par cadre demeure à cinq pour un. Cette proportion surprenante ne tient même pas compte des cadres contractuels!
Dans l’unité générale, les compressions d’un équivalent de 41 postes à temps complet (75 000 heures) affecteront surtout le service direct aux clients tant aux machines à sous qu’aux caisses. « Le casino n’est pas à l’écoute de sa clientèle », estime Stéphane Larouche, qui ajoute que les personnes plus âgées ont été oubliées dans tous ces changements et dans les rénovations de plus de 300 M$ effectuées, qui visent surtout à séduire la clientèle plus jeune. La perte de services, notamment avec la fermeture du buffet le jour, et l’ajout de zones plus bruyantes ne plaisent cependant pas à une partie importante de la clientèle.
Pour l’unité des restaurants, on estime l’effet final à 37 mises à pied au mois de mai, en tenant compte du fait que certains syndiqués choisiront de prendre leur retraite. « Il y a une perte très claire de services aux tables et aux machines », indique Jose Oliveira, président du syndicat représentant cette unité. Ce dernier constate par ailleurs que le remplacement des serveurs et des serveuses par des machines distributrices a entraîné une hausse de 300 % de la quantité de breuvages gratuits distribués, ce qui annule complètement l’économie prévue avec l’abolition de postes.
L’unité de la sécurité est également touchée avec la perte de quatre postes. Il faut souligner que ce service comptait 193 employé-es en 2008 et se retrouvera bientôt avec 125. « On pourrait faire face à un problème de sécurité si un évènement majeur survenait », affirme Riccardo Scopelleti, président de ce syndicat. On retrouve parfois 24 agents en service au même moment, alors qu’il en faudrait 35 pour parer à toutes les éventualités.
Les syndicats des trois autres casinos de Loto-Québec craignent également des mauvaises nouvelles prochainement. Au lac Leamy, 18 postes ont d’ailleurs déjà été perdus. Notons qu’en plus des trois unités de la CSN déjà citées, le syndicat des croupiers de Montréal perdra de son côté quelque 41 postes réguliers.
Gestion douteuse
Les trois présidents de syndicat s’interrogent par ailleurs sérieusement sur les décisions prises par la Société des casinos du Québec. Des choix peu judicieux ne font rien pour rassurer quant à l’avenir du Casino de Montréal.
Peu d’efforts semblent être déployés pour attirer la clientèle en début de semaine. De plus, les moyens employés pour attirer des joueurs internationaux ne semblent pas porter ses fruits. En d’autres mots, les syndiqué-es ont l’impression de faire les frais d’une gestion déficiente et de risques mal calculés qui visent à la fois à compenser les récentes pertes de revenus et à répondre aux exigences de dividendes supplémentaires du gouvernement Marois. « Cette pression constante sur les résultats financiers se traduit par un impact dévastateur sur des centaines de familles », dénonce Stéphane Larouche.
À propos de la CSN
Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 300 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.