Une approche innovatrice a été proposée pour le 65e Congrès de la CSN. Après un long processus de consultation auprès des syndicats, un consensus s’est dégagé autour de cinq axes de revendication : sécuriser le revenu tout au long de la vie, développer l’économie et créer des emplois de qualité, lutter contre les changements climatiques, consolider les services publics, renforcer la démocratie. Pour lancer un plan d’action, il faut bien comprendre les enjeux. Nous vous présentons ici un aperçu des ateliers thématiques qui se sont tenus mardi.
Financement des services publics
Des solutions concrètes
Le Québec est-il trop endetté ? Comment financer les services publics et lutter contre la privatisation ? Voici les questions auxquelles ont tenté de répondre Mathieu Dufour, chercheur de l’IRIS et professeur à l’UQO et François Bélanger, économiste à la CSN. Dans un premier temps, M. Dufour est venu déconstruire l’idée selon laquelle nous vivons au Québec une crise de la dette. Cela mettait la table pour l’intervention de M. Bélanger qui portait sur la mise de l’avant de solutions concrètes et accessibles pour augmenter les revenus de l’État et ainsi permettre un financement adéquat de nos services publics et de nos programmes sociaux.
Sécuriser le revenu tout au long de la vie
Combler le déficit humain
Chiffres à l’appui, Simon Tremblay-Pepin de l’IRIS a estimé qu’en 2011, environ 3,5 milliards de dollars seraient nécessaires pour combler les besoins de base de tous les ménages qui ne touchent pas un revenu suffisant. Et collectivement, notre excédent pour couvrir ces mêmes besoins de base totalise environ 90 milliards.
Une des approches préconisées afin d’arriver à cette répartition équitable de la richesse : le crédit d’impôt pour solidarité. Contrairement à l’aide sociale, aucune surveillance ne serait exercée, mais il serait aussi versé chaque mois et facile à administrer.
Les regards sont tournés vers l’exemple de l’Ontario qui a décidé d’aller de l’avant avec ce crédit d’impôt. Ce faisant, le gouvernement ontarien a augmenté de 39 % l’aide sociale qui était offerte dans cette province.
4e révolution industrielle
Fin de l’emploi salarié ?
Nous vivons à l’ère de l’information, où des ordinateurs dotés de banques de données massives peuvent faire des prédictions, détecter des failles et résoudre des problèmes sans intervention humaine.
Dans ce contexte, il est primordial que le mouvement syndical s’interroge sur la relation entre la quatrième révolution industrielle et la fin de l’emploi salarié. Dans cet atelier, Simon Lacoste- Julien, professeur adjoint à l’Université de Montréal a expliqué comment l’apprentissage automatique et les données massives vont transformer notre monde. Christian Cyr, coordonnateur du Comité intersectoriel du secteur privé, a donné un aperçu général des exemples concrets déjà en cours, dont l’épicerie automatisée du géant américain Amazon.com à Seattle.
La réflexion se poursuivra lors du Colloque Gérard-Picard, qui se tiendra en novembre 2017, dans l’espoir d’aboutir à des stratégies de négociation pour les syndicats dans le secteur privé en 2018. Un dossier chaud à suivre !
Médias, médias sociaux
Fausses nouvelles
Les « fausses nouvelles » ne sont pas nées avec l’élection de Trump. Déjà, a rappelé Josée Legault, lors du référendum de 1980, le premier ministre Trudeau père, avait mené une campagne de peur en déclarant qu’un Québec souverain ferait disparaître les pensions de vieillesse. L’analyste politique et chroniqueuse au Journal de Montréal a ainsi ouvert l’atelier sur la Démocratie et les médias en insistant sur le fait que les médias sociaux intensifiaient ce phénomène.
En outre, le transfert de la publicité des annonceurs de la presse écrite, par exemple, vers les géants d’Internet comme Google et Facebook, a fragilisé la démocratie en privant la population de sources variées et complètes d’information. La campagne menée par la Fédération nationale des communications (CSN) pour défendre une presse forte et indépendante est donc essentielle.
Transition juste
Notre lutte contre les changements climatiques
Ceux qui croient que les changements climatiques n’intéressent pas les militants syndicaux auraient été fort surpris par le taux de participation aux ateliers thématiques sur cet enjeu. « Il y a de quoi faire mentir les cyniques », a lancé à la blague Pierre Patry, trésorier de la CSN. Quelque 200 personnes ont participé aux ateliers traitant des changements climatiques : décarbonisation de l’économie et transition juste. Isabelle Ménard et Mireille Pelletier, salariées de la CSN, accompagnées d’Isabelle Charron d’Ouranos, ont capté l’attention des syndicalistes préoccupés par les effets que les changements climatiques auront sur leur vie quotidienne et sur l’organisation du travail. Pour Mireille Pelletier, la place du mouvement syndical dans ce débat est indéniable : « Si l’on ne s’adapte pas aux changements climatiques, les autres vont le faire à notre place. »