Ciel noir

Le Parti libéral du Québec en est maintenant à la mi-temps de son mandat et le bilan est lamentable, tant sur le plan économique que social. Le gouvernement peut bien se targuer du nombre d’emplois créés depuis son élection en avril 2014, soit quelque 70 000, dont 37 300 au cours de la dernière année, il n’en demeure pas moins que le ciel est toujours d’un noir d’encre au-dessus du Québec. On ne voit pas comment il atteindra son engagement de créer 250 000 nouveaux emplois durant son mandat. Et encore, s’agira-t-il d’emplois de qualité ?

La raison est évidente. Il ne se donne pas les moyens pour y arriver. Sur la planète, ils sont de plus en plus nombreux à s’entendre sur les méfaits de l’austérité. Même les organisations qui ne sont pas réputées avoir de grandes préoccupations sociales concluent que l’austérité est un échec. C’est notamment le cas du Fonds monétaire international, selon qui l’austérité nuit à l’économie et à la croissance tout en augmentant les inégalités. Les mesures restrictives frappent d’abord les pauvres et la classe moyenne, et plus particulièrement les femmes. Nous l’avons abondamment démontré dans des éditions antérieures de Perspectives CSN.

Au Québec, les libéraux de Philippe Couillard maintiennent pourtant le cap sur l’austérité depuis deux ans. Ils ont coupé les ailes aux régions en éliminant les organisations impliquées dans le développement régional et en ne posant pas les bons gestes pour créer des emplois. Dans le secteur manufacturier, le portrait est des plus sombre. Les groupes communautaires qui interviennent auprès des populations les plus vulnérables, en particulier les immigrants et les femmes, ont aussi vu leur financement fondre.

Cap sur l’austérité

Depuis deux ans, les mesures d’austérité ont frappé fort les services publics et les programmes sociaux, diminuant leur accessibilité et leur qualité. On voit avec quelle ferveur le gouvernement Couillard s’en prend aux services de garde éducatifs. Il y a dans cet acharnement à démolir ce joyau présenté comme un modèle dans le monde, conjugué entre autres aux nouvelles coupes à l’aide sociale, la démonstration d’une volonté d’en finir avec un État redistributeur de la richesse.

Avec les surplus constatés lors du dernier budget, le gouvernement avait tout en main pour administrer un électrochoc et effectuer un virage à 180 degrés dans l’intérêt du Québec. Il a plutôt consolidé son parti pris en faveur de l’austérité et de l’iniquité. Certes, il hausse les dépenses de 3 % en éducation, qui seront affectées principalement à l’entretien des infrastructures scolaires négligées depuis plus de 20 ans. L’état de décrépitude des écoles commandait un tel réinvestissement. Mais en ne couvrant que les coûts de système, quelle part reviendra aux services spécialisés aux élèves ? Aux services de garde scolaires ? À la pédagogie ? Aux ajouts de postes pour alléger un peu la tâche de celles et de ceux qui, au quotidien, rendent possible ce service ? Très peu, en définitive, et beaucoup moins que nécessaire.

Dans la santé et les services sociaux, les compressions se poursuivront. Avec une hausse des dépenses de 2,4 %, loin de couvrir l’augmentation des coûts prévue pour la prochaine année à 4,5 %, il ne peut en être autrement. Avec les fusions d’établissements et les transferts massifs de personnel, les services à la population et les conditions de travail des travailleuses et des travailleurs du réseau ne peuvent qu’être lourdement atteints.

En outre, dans ce troisième budget Leitão, le gouvernement diminue les charges fiscales des entreprises pour une deuxième année consécutive, sans aucune contrepartie de leur part pour créer des emplois. Il se prive ainsi d’importantes sources de revenus. Le fardeau fiscal des PME diminuera donc de 385 millions de dollars, montant qui s’ajoute à la baisse des cotisations au Régime québécois d’assurance parentale et à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail.

À l’heure où Ottawa jette aux ordures nombre de décisions du gouvernement fédéral précédent, et réinvestit pour permettre au plus grand nombre de mieux respirer, Québec poursuit son entreprise de démolition de l’État québécois. Si le gouvernement Couillard croit que la mobilisation citoyenne contre l’austérité ralentira, nous lui démontrerons qu’il est dans le champ.

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