Portrait

Caroline Senneville, présidente certes, mais syndicaliste et féministe avant tout

Élue à la tête de la CSN en juin dernier, Caroline Senneville a un long parcours de syndicaliste et de féministe derrière la cravate. C’est à titre de deuxième femme à la présidence en 100 ans d’histoire de la CSN qu’elle se lance avec enthousiasme dans son mandat. « Être à la tête d’une grande centrale syndicale brise un certain plafond de verre pour les femmes syndicalistes. Et j’en suis très fière », affirme-t-elle d’entrée de jeu.

Cela fait trente ans que Caroline est active au sein de la CSN. Enseignante en littérature au cégep Limoilou, elle joint rapidement son syndicat local et en assume la présidence pendant quatre ans. Elle intègre par la suite l’exécutif de la FNEEQ, où elle y est active pendant seize ans, dont cinq à la présidence. Pendant ces années, elle représente aussi la FNEEQ au sein du mouvement des femmes. C’est en 2017 qu’elle est élue vice-présidente de la CSN et qu’elle devient responsable du dossier de la condition féminine. Aujourd’hui, ce sont les habits de présidente qu’elle revêt. Et à ce titre, c’est sur le terrain qu’elle souhaite être, aux côtés des travailleuses et des travailleurs.

« Les patrons et les ministres nous cassent les oreilles avec la pénurie de main-d’œuvre. Mais moi je dis que c’est de pénurie de bonnes conditions de travail et salariale dont il faut parler ! Regardez les conditions de travail des travailleuses et des travailleurs dans l’hôtellerie, les centres d’hébergement privés, les résidences privées pour aîné-es, les CPE, la construction, le commerce de détail, les abattoirs, la restauration, le système préhospitalier, le système de santé, en éducation… Que l’on soit dans le secteur privé ou le secteur public et parapublic, une bonne partie des gens quittent leur emploi en raison des mauvaises conditions de travail. Est-ce que Messieurs Boulet, Legault, Dubé et M. le PDG du Conseil du patronat iraient travailler ne serait-ce qu’une journée dans ces conditions ? Si les patrons et les ministres écoutaient les travailleuses et les travailleurs ainsi que leurs syndicats, ce serait autre chose », déclare-t-elle.

Pour Caroline Senneville, son rôle de présidente doit servir certes à défendre les membres de la CSN, mais aussi à améliorer les conditions de vie du plus grand nombre de travailleuses et de travailleurs possible, qu’ils soient syndiqués ou non. Elle rappelle que les luttes menées par la CSN pour une réforme de l’assurance-emploi ou pour la hausse du salaire minimum, pour l’élargissement des protections des droits des travailleuses et des travailleurs ou pour l’amélioration des protections sociales touchent TOUS les gens qui travaillent. « C’est en étant le plus possible présent sur le terrain, avec le monde, qu’on peut parler avec eux de l’importance des actions syndicales dans l’amélioration de leurs conditions de travail, certes, mais aussi de vie », continue-t-elle.

Que souhaite-t-elle accomplir dans le cadre de son nouveau mandat de présidente ? « Je veux que les gens puissent se dire “Elle, elle travaille pour nous”. Et pour ça, je veux travailler à ce que toutes les structures syndicales de la CSN se rapprochent de leurs membres. Il faut mieux les connaitre, mais surtout les écouter et rendre concret pour eux ce qu’est le syndicalisme. Je souhaite aussi que nous nous rapprochions des travailleuses et des travailleurs non syndiqués en continuant nos implications dans diverses luttes sociales qui touchent les droits de toutes les travailleuses et de tous les travailleurs. De plus, nous développons présentement un plan national de syndicalisation afin de mieux structurer nos efforts. Cela fait partie de travaux importants de la CSN dans le prochain mandat ».

Et les femmes ? C’est avec un sourire en coin qu’elle répond à cette question : « Les femmes, elles sont partout dans le monde du travail. L’égalité entre les patrons et les travailleurs n’est pas atteinte, l’égalité entre les femmes et les hommes encore moins. Il va de soi que la CSN est une centrale résolument féministe. Et sa présidente encore plus ! », termine-t-elle.

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