Au sortir du Rendez-vous national sur la main-d’œuvre, le président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Jacques Létourneau, a invité le gouvernement Couillard à faire preuve d’audace et à profiter du prochain budget pour réinvestir massivement dans la formation, l’éducation et l’enseignement supérieur.
« Depuis hier, les interventions des participants et des participantes ont démontré que de façon générale le système d’éducation fonctionne très bien et qu’il remplit son rôle pour former des travailleuses et des travailleurs, mais aussi des citoyennes et des citoyens, a déclaré Jacques Létourneau. Toutefois, les mesures d’austérité ont fait très mal et un réinvestissement s’impose. Avec les surplus budgétaires qu’il engrange depuis 18 mois, il dispose de toutes les marges de manœuvre pour le faire. »
Ce forum, qui réunissait les centrales syndicales, les associations patronales et les organisations reliées au secteur de l’éducation, de la formation et de l’employabilité, notamment, a permis à la CSN d’intervenir sur toutes les questions qui la préoccupent au regard de l’emploi et de la main-d’œuvre. « Nous avons insisté sur la nécessité d’améliorer les conditions générales de vie au travail pour pourvoir les postes vacants et pour maintenir les travailleuses et les travailleurs à l’emploi. Il est faux de prétendre que l’attraction et la rétention se résument à de la formation », a poursuivi Jacques Létourneau pour qui la formation ne doit pas être asservie aux stricts besoins à court terme des employeurs, comme le souhaitent notamment les associations patronales.
Le porte-parole syndical a rappelé des études de l’OCDE et de l’OIT qui ont établi une corrélation entre l’amélioration des conditions de travail et l’accroissement de la productivité. « En bonifiant les conditions de travail, on agit donc aussi sur l’économie du Québec et sur la rentabilité des entreprises. »
À cet égard, la CSN a bien accueilli l’annonce du premier ministre Couillard d’agir sur les agences de placement de main-d’œuvre et de réviser la Loi sur les normes du travail. En clôture de l’événement, M. Couillard a salué les interventions syndicales sur les agences de placement qui lui ont « rappelé des histoires à faire dresser les cheveux sur la tête », en raison du sort que réservent ces bureaux de main-d’œuvre aux travailleurs immigrants.
« Une révision de la Loi sur les normes du travail doit viser à une bonification des conditions de travail, a expliqué le président de la CSN. Il n’est pas question de reculer et nous pousserons pour faire valoir les revendications de la coalition 5-10-15. Par ailleurs, nous avons très bien démontré la nécessité d’adopter une loi-cadre sur la conciliation famille-travail-études pour établir des conditions uniformes à toutes les entreprises québécoises qui profiteraient à tout le monde. »
Au cours de cet événement, la CSN a aussi plaidé pour que le gouvernement réinvestisse dans les programmes d’employabilité et de francisation, un domaine malmené par l’austérité, et pour qu’il enraye le racisme systémique, notamment en instituant une commission parlementaire, deux conditions pour favoriser une meilleure intégration des immigrantes et des immigrants et pour leur ouvrir le marché du travail. Elle a aussi lancé un appel pour que soit développée une stratégie d’emploi pour les femmes.
À l’ouverture du Rendez-vous national sur la main-d’œuvre, les centrales syndicales québécoises en avaient profité pour lancer une déclaration qui établissait leurs priorités.
Outre Jacques Létourneau, la délégation de la CSN était formée de Jean Lortie, secrétaire général de la CSN, de Véronique De Sève, vice-présidente de la CSN, d’Yves Fortin, secrétaire général du Conseil central de Québec Chaudière-Appalaches (CCQCA–CSN), de Nicole Lefebvre, vice-présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN), de David Bergeron-Cyr, vice-président de la Fédération du commerce (FC–CSN), de Michel Forget, adjoint au comité exécutif de la CSN, et de Julie Audet, conseillère syndicale au Service des relations du travail de la CSN. Le Rendez-vous sur la main-d’œuvre, qui se tenait au Centre des congrès de Québec, s’est terminé vendredi.