Les nouvelles dépenses d’Ottawa pour le logement, annoncées avant le budget, représentent un effort louable d’augmentation du nombre de logements, mais cela demeure insuffisant.
La Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) prévoit qu’il faudrait construire 3,4 millions de logements d’ici 2030 pour avoir une offre suffisante afin d’assurer un retour à l’abordabilité. Or, si ce n’est pas abordable, c’est impossible de se loger.
« L’intention du gouvernement est bonne, mais ça ne permettra pas d’atteindre l’abordabilité dans le secteur du logement d’ici 2030. La demande est telle, qu’une stratégie canadienne en consultation avec tous les partenaires impliqués, dont les provinces, serait essentielle pour faire en sorte que toute la population puisse avoir accès à un logement décent, et ce, à coût accessible », affirme Caroline Senneville, présidente de la CSN, précisant que le financement et la main-d’œuvre devront être au rendez-vous si l’on veut que ce méga chantier aboutisse enfin.
La CSN estime que le déficit ne devrait pas empêcher de voir plus grand sur cet enjeu crucial. Le directeur parlementaire du budget estimait l’an dernier que le gouvernement fédéral pouvait accroître ses dépenses de 1,7 % du PIB, ou 49,5 G$, sans nuire à sa viabilité financière à long terme. Il serait par ailleurs possible d’augmenter les revenus d’Ottawa tout en assurant une meilleure redistribution de la richesse. La CSN propose, par exemple, une taxe sur les services numériques pour les géants du web, laquelle avait déjà été envisagée par le gouvernement fédéral. Comme il n’y a toujours pas d’entente multilatérale pour imposer ces entreprises, le Canada devrait mettre en place une telle taxe, dès 2024, comme annoncé dans le précédent budget.
Des promesses toujours en plan
Alors que le gouvernement Trudeau est en place depuis 2015, la réforme de l’assurance-emploi n’a toujours pas été réalisée et quelque 60 % des Canadiennes et des Canadiens qui perdent leur emploi n’ont pas le droit à des prestations. Les syndicats et plusieurs groupes communautaires exigent depuis plusieurs années des changements fondamentaux. Rien n’est fait.
Le régime d’assurance médicaments universel n’est pas encore en place, mais la CSN salue le premier pas dans cet important dossier. Il faudra toutefois aller plus loin que la couverture de deux médicaments et pour cela, il faudra une entente avec les provinces.
La décarbonisation de l’économie canadienne piétine. Ottawa doit être au rendez-vous pour appuyer des moyens concrets de réduction des émissions de carbone, comme l’augmentation de l’offre en transport en commun. « Les intentions sont là, mais l’atteinte des objectifs prend énormément de temps », conclut la présidente de la CSN, qui estime qu’il serait pourtant possible de se donner les moyens de faire ce qui doit être fait pour l’avenir de nos enfants.
À propos
Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle regroupe plus de 330 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans 13 conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.