Rétrospective des fronts communs

50 ans de luttes conjointes : les syndicats demandent toujours le respect

La négociation du secteur public battant son plein, la CSN a voulu souligner les 50 ans du premier Front commun de 1972 par une courte rétrospective de cette négo au fil des ans. La projection du documentaire s’est close avec une ovation et des chants solidaires qui ont ouvert la troisième journée du rassemblement.

Dans la conjoncture politique du moment, les troupes se mobilisent devant un gouvernement qui « tend vers un appauvrissement des conditions de travail dans le secteur public », soutient François Enault, 1er vice-président de la CSN.

Pour le responsable de la négociation des secteurs public et parapublic, « les travailleuses et les travailleurs, comme en 1972 avec Robert Bourassa, considèrent que le gouvernement Legault a peu de respect pour leur profession. C’est pour ça que le monde se mobilise. » Pour une huitième fois au cours de l’histoire québécoise, les trois grandes centrales syndicales, accompagnées cette fois de l’APTS, ont décidé de se réunir à la table des négociations.

« Le Front commun, c’est super important. On est toutes et tous dans le même bateau, on a besoin du plus de bras possible pour assurer une bonne mobilisation et pour que le message passe », avance Yves Sabourin, vice-président à la vie syndicale, à la mobilisation et à l’information du Syndicat des travailleuses et des travailleurs de la santé et des services sociaux de l’Outaouais–CSN.

En 1972, la revendication principale était de 100 $ minimum par semaine. « En 2023, la moyenne de la demande salariale du Front commun équivaut, pour la première année, à 100 $ de plus par semaine. Le gouvernement dit que ça n’a pas de bon sens, mais en même temps, les député-es vont se voter dans quelques jours une augmentation de 30 %, ce qui équivaut à 582 $ par semaine. C’est rire de nous autres », affirme François Enault. Pour la majorité des élu-es, l’indemnité annuelle de base passerait à 131 766 $, à laquelle s’ajoutent des primes dans la plupart des cas.

Une privatisation accélérée

La sauvegarde des services publics est le nerf de la guerre dans la bataille de l’heure, pour les militantes et les militants du secteur. Avec le dépôt du projet de loi 15 et l’objectif d’implanter la mégastructure que sera l’agence Santé Québec, le mouvement vers la privatisation se fera en accéléré et ce sont les contribuables qui « risquent d’en payer la facture ». Pour le premier vice-président de la CSN, « la vraie bataille est celle du maintien des services publics forts au Québec. Il faut s’adresser à l’ensemble du monde, pour que le message soit bien compris par toute la population. Ce n’est pas vrai qu’on va laisser le gouvernement nous pousser vers une privatisation de plus en plus grande », ajoute-t-il dans son discours d’aujourd’hui.

Annoncer des reculs acquis au terme de longues batailles a habituellement un effet mobilisateur. Dans son dépôt de décembre dernier, la CAQ proposait des reculs dans les

régimes de retraite. Pour le Comité de coordination des secteurs public et parapublic (CCSPP), le gouvernement utilise comme prétexte les départs hâtifs à la retraite provoqués par la récente bonification du Régime des rentes du Québec (RRQ). Il cherche ainsi à réduire la rente et à reprendre d’une main ce qu’il a donné de l’autre, alors que le régime est en pleine santé. « Un des avantages que les travailleuses et les travailleurs du secteur public ont, c’est bien le régime public de retraite. Ça mobilise notre monde que le gouvernement touche à ça », estime François Enault.

Ensemble, la CSN, la FTQ, la CSQ et l’APTS représentent plus de 420 000 travailleuses et travailleurs de l’État québécois dans les secteurs publics, en éducation, en santé et dans les services sociaux ainsi qu’en enseignement supérieur. Cinquante ans après le premier Front commun, les centrales unissent une fois de plus leurs forces pour la ronde de 2023.

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