Négociation dans les CPE

3500 travailleuses en colère contre une association d’employeurs

Environ 3500 travailleuses et travailleurs œuvrant dans 133 CPE du Québec, dont la moitié à Montréal et à Laval, participent aujourd’hui à des actions de visibilité dans leur CPE. Elles dénoncent le fait qu’elles sont toujours dans l’impossibilité de renouveler leur convention collective, plus de deux ans après son échéance. Le motif : l’Association patronale nationale des centres de la petite enfance (APNCPE) refuse de joindre la table nationale de négociation où des échanges se poursuivent depuis décembre avec d’autres associations d’employeurs et le ministère de la Famille.

L’APNCPE, qui regroupe le tiers des 400 CPE syndiqués à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), n’a tenu jusqu’ici aucun pourparler avec la partie syndicale, malgré un protocole sur la négociation regroupée et le partage des matières à négocier convenu avec une majorité de CPE et le ministère de la Famille au printemps 2016. La FSSS–CSN a tenté de trouver des voies de passage afin que l’APNCPE réintègre la table nationale, mais elle s’est heurtée à une fin de non-recevoir.

« Au lieu de se rallier et d’enclencher la négociation avec les véritables acteurs déjà présents à la table nationale, affirme Carole Leroux, présidente du Syndicat des travailleuses(eurs) des centres de la petite enfance de Montréal et Laval (STCPEML–CSN), cette association cherche toujours à négocier seule, sans la présence du ministère, les matières d’ordre pécuniaire, dont les salaires, la retraite, les vacances et les fériés, les assurances collectives, en plus d’autres dispositions de portée nationale, le tout sans garantie de financement. »

En outre, l’APNCPE s’est enlisée à coup de dizaines de milliers de dollars dans un recours judiciaire contre la FSSS–CSN et ses syndicats en déposant une plainte de négociation de mauvaise foi devant le Tribunal administratif du travail (TAT), à l’automne dernier. L’APNCPE a soutenu que la partie syndicale avait agi de mauvaise foi en réclamant d’elle qu’elle réintègre la table nationale, comme cela est le cas depuis les débuts de la négociation regroupée il y a plus de vingt ans. La décision du TAT est attendue dans les prochaines semaines.

« C’est un gaspillage éhonté des deniers publics qui auraient pu être utilisés aux fins de la négociation », lance Luc Bastien, vice-président régional de la FSSS-CSN, qui craint que les 3500 salarié-es ne continuent à faire les frais de cette stratégie patronale en repoussant inutilement le règlement final de leurs conventions collectives.

Pour Nathalie Fontaine, 1re vice-présidente à la négociation du STCPEML–CSN  : « Ce qui est en jeu ici, c’est le maintien, l’amélioration et l’uniformisation des conditions de travail qui contribuent à stabiliser la main-d’œuvre et à offrir un haut niveau de compétence et de savoir-faire. Ce sont ces conditions de travail qui ont permis aux CPE de tout le Québec d’offrir une qualité de services inégalée jusqu’ici, comme l’ont reconnu plusieurs études. »

La présidente du Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM–CSN), Dominique Daigneault, est catégorique : « L’attitude de l’APNCPE nous ramène vingt ans en arrière alors qu’il existait d’importantes disparités entre les travailleuses et travailleurs des CPE et entre les régions même ! L’APNCPE doit revenir à la raison, et ce, tant pour les travailleuses que pour les enfants et les familles. »

À propos

Environ 11 000 travailleuses et travailleurs sont regroupés au sein de 37 syndicats affiliés à la FSSS–CSN, dont le STCPEML–CSN qui regroupe environ 3000 membres. Le CCMM–CSN regroupe sur une base régionale près de 100 000 membres. Pour sa part, la CSN est composée de 325 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle.

 

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