Réforme en construction

Une loi pour les patrons ?

La réforme du ministre Boulet est jugée très décevante par la CSN et la CSN–Construction.

Par Thierry Larivière

L’adoption du projet de loi 51, qui modifie l’encadrement du secteur de la construction au Québec, ne vient pas régler les principaux problèmes auxquels est confrontée l’industrie, en plus de contenir des dispositions qui attaquent carrément le droit à la négociation.

La loi limite les matières qui pourront éventuellement être négociées. Ce sera entre autres le cas de la notion de mobilité des travailleuses et des travailleurs d’une région à l’autre qui devra être exclue des conventions collectives après 2025.

« Limiter le droit de négocier la mobilité entre les régions risque de créer d’importantes tensions régionales lorsque le nombre de postes sera plus limité et que des travailleuses et des travailleurs sans emploi verront des personnes d’autres régions travailler près de chez eux », affirme Pierre Brassard, président de la CSN–Construction. Le mémoire de la CSN, présenté en commission parlementaire le 13 mars dernier, proposait plutôt de mettre sur pied un comité paritaire pour revoir le découpage des régions en fonction des disponibilités de la main-d’œuvre.

Rien pour la pénurie de main-d’œuvre

« C’est surprenant que la réforme du ministre Boulet ne fasse rien pour attirer et retenir le monde dans le secteur de la construction, alors que c’est la priorité absolue. Il faudrait reconnaître les personnes qui œuvrent déjà dans l’industrie, comme les arpenteurs », ajoute Pierre Brassard.

Or, dans un contexte où il faudrait construire plus de 860 000 logements au Québec pour ramener une certaine abordabilité dans le marché immobilier, c’est une réforme jugée très décevante par la CSN et la CSN–Construction. Sans oublier qu’Hydro-Québec prévoit accaparer 20 000 travailleuses et travailleurs de la construction au cours des dix prochaines années.

Le problème de rétention dans l’industrie doit absolument être réglé si l’on veut augmenter la force de travail du Québec dans ce secteur névralgique. Ce problème est particulièrement criant pour les personnes non formées qui entrent encore à pleine porte dans ce qu’on appelle les bassins ouverts. Selon les chiffres de la Commission de la construction du Québec (CCQ), quelque 40 % de ces personnes quittent la construction après cinq ans. Pour celles et ceux qui ont une formation, c’est 24 % d’abandon après cinq ans. La formation courte, lancée en janvier 2024, ne fait pas encore partie des statistiques, lesquelles datent de 2021.

En somme, l’adoption du projet de loi rate la cible et ne donne pas aux syndicats le rapport de force qui permettrait, enfin, de réunir les conditions gagnantes pour attirer et retenir la main-d’œuvre.

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