Une campagne de la CSN pour déprivatiser, décentraliser et démocratiser la santé et les services sociaux.
Nous le savons toutes et tous, les dernières années ont été très difficiles pour le réseau public de la santé et des services sociaux. Les partis politiques qui se sont succédé à la tête de l’État québécois ont multiplié les réformes dans le réseau, le centralisant et le privatisant toujours davantage, et ce, sans investir les sommes nécessaires pour en assurer le bon fonctionnement. On voit aujourd’hui le résultat : les urgences des hôpitaux débordent, les listes d’attente ne cessent d’allonger, que ce soit pour obtenir un médecin de famille, des services de soutien à domicile, une place en hébergement, etc. L’accès à une ressource professionnelle en santé mentale relève d’un miracle, tout comme les services d’orthophonie et d’ergothérapie pour enfants, et bien d’autres. La pandémie de la Covid-19 n’a fait que mettre en lumière les grandes lacunes du réseau auxquelles on doit s’attaquer d’urgence pour le bien-être et la santé de la population. Le réseau craque de partout et le dévouement du personnel ne suffit plus. Il faut faire des changements, et vite. Il y a au moins un consensus là-dessus, le statu quo n’est pas une option viable.
Pour certains, la réponse aux problèmes actuels du réseau public se trouve dans l’augmentation de l’offre de services privés qui viendrait «sauver» la situation désastreuse actuelle. On nous invite à «additionner» la «contribution» du privé à celle du public.
Pourtant, ça fait 40 ans que, de crise en crise, on recourt au privé en guise de solutions aux problèmes du secteur de la santé et des services sociaux… Si bien qu’en 2022, le secteur privé y est plus présent au Québec que presque partout ailleurs dans les pays comparables selon les statistiques de l’OCDE ! Et à ce que l’on voit, cela n’a rien réglé du tout. Loin d’être une addition aux ressources publiques, force est de constater que le résultat apparaît beaucoup plus comme étant une soustraction à ces ressources.
Une première ligne médicale et psychosociale presque entièrement privée au Québec, composée de cliniques médicales et de GMF privés, peu accessibles et qui appartiennent à des médecins entrepreneurs.
Et si à la place des cliniques médicales et des GMF fermés les soirs et les fins de semaine, on créait, partout au Québec, une première ligne reposant sur des CLSC ouverts en tout temps ? Chacun pourrait ainsi trouver l’accès aux soins et aux services dont il a besoin pour lui-même, pour ses enfants ou pour ses parents.
Des médecins ayant le statut d’entrepreneur indépendant et ayant la possibilité de s’incorporer.
Et si les médecins étaient réellement intégrés au système public, et que leur statut et leur mode de rémunération faisaient en sorte qu’on puisse collectivement bénéficier de leurs services en fonction de nos priorités et de nos besoins ?
La prise en charge des chirurgies les plus simples par des cliniques privées, en laissant les cas les plus complexes et coûteux au public.
Et si, au lieu de financer les profits d’entreprises privées, on investissait plutôt dans nos hôpitaux pour que les chirurgies les plus urgentes puissent être effectuées à temps ?
Des services d’hébergement en soins de longue durée qu’il faut souvent aller chercher dans le privé, avec des soins à payer « à la carte », au profit de grandes entreprises commerciales.
Et si les places en hébergement dans le public étaient assez nombreuses ? Si on rapatriait les établissements privés dans le réseau public ? Au lieu de devoir payer des soins et des services à la carte dans les résidences pour personnes âgées, les équipes de soutien à domicile des CLSC pourraient offrir gratuitement les soins et les services dans ces milieux.
Des soins et des services à domicile dispensés par une multitude d’organismes, sans stabilité ni point d’ancrage pour les usagers.
Et si, enfin, nous prenions le virage du maintien à domicile ? Avec des soins et des services qui incluraient des services médicaux en quantité suffisante, chacun pourrait être soigné à la maison, là où c’est le moins dispendieux !
Des services comme la buanderie, l’approvisionnement et les services alimentaires centralisés, privatisés et très peu efficaces pour répondre aux besoins spécifiques des établissements.
Et si, au lieu de confier des contrats à de grandes entreprises commerciales, chaque établissement disposait de services de proximité, par exemple d’un service alimentaire maison ?
Des agences de main-d’œuvre indépendantes qui font des affaires en or tout en empirant les pénuries de personnel dans le secteur public.
Et si on se débarrassait une fois pour toutes de ces agences, dont les effets néfastes sur le réseau sont si importants ?
Des contrat en sous-traitance concernant la maintenance et l’entretien ainsi que les services informatiques qui nous placent dans une dangereuse position de dépendance.
Et si au lieu de payer cher l’expertise d’entreprise privée, on misait sur une expertise publique bénéficiant à l’ensemble de la population ?
Des services professionnels à deux vitesses, avec de longues listes d’attente au public et des délais plus adéquats pour celles et ceux qui ont les moyens de se retourner vers le secteur privé.
Et si l’on avait accès à des services de psychologie, d’adaptation et réadaptation, sans avoir à payer ou à prendre une assurance privée ?
Et si au lieu d’additionner le privé au public, la solution était de s’en soustraire ? Et de miser, une fois pour toutes, complètement et résolument sur le public. Vraiment !
Peu importe si le soin ou le service est donné par le secteur privé ou par le secteur public, le nombre total de médecins, d’infirmières, de préposé-es aux bénéficiaires, de techniciennes ou de techniciens en laboratoire, d’agentes ou d’agents administratifs, etc., reste le même. Du nouveau personnel n’apparaîtra pas par magie, alors que nous sommes en pleine pénurie de main-d’œuvre. Le privé n’améliorera donc pas l’accès aux services en général. Au contraire, le privé draine les précieuses ressources du public pour donner des services. Mais est-ce que ce sont de ces services dont on a le plus besoin ? Ces ressources ne seraient-elles pas plus utiles pour faire fonctionner nos urgences, nos hôpitaux, nos CLSC et nos CHSLD ? Pourquoi laisser le privé décider ainsi de nos priorités ?
L’une des causes principales de la pénurie de personnel actuelle est justement l’existence d’un système de santé parallèle, mais privé. Comme le privé décide de ses heures d’ouverture, comme il ne fait que des opérations simples, sans prise en charge complexe et comme il réalise de gros profits, il peut offrir des conditions de travail parfois plus attrayantes que ce qui est offert dans le secteur public. Cela provoque un exode des travailleuses et des travailleurs du public vers le privé, réduisant encore davantage l’accessibilité aux services au public. D’un autre côté, force est de constater que dans certains emplois, par exemple dans les centres d’hébergement privé, des travailleuses et des travailleurs sont exploités. Pourtant, ces établissements sont très lucratifs pour les grandes entreprises de cette industrie. Il est inacceptable que des préposées aux bénéficiaires, pour ne nommer qu’elles, doivent se battre pour obtenir un taux de salaire à peine plus élevé que le salaire minimum, et ce, afin de prendre soin de résidentes et de résidents qui paient leur place plusieurs milliers de dollars chaque mois.
Il faut aussi rappeler que cela coûte beaucoup plus cher à l’État québécois de faire appel au secteur privé, alors que la qualité des soins n’est pas pour autant garantie. Plus le secteur privé est présent en santé, plus il faut prendre le temps de mesurer et de comptabiliser ce que l’on fait, ceci pour facturer ou pour juger de l’admissibilité au traitement privé. Et puisque les soins sont donnés par des personnes et que nous manquons de ressources, plus nous privatisons, moins nous offrons de soins. a
Pourquoi accepter qu’on fasse des affaires avec la santé des gens ? Pourquoi accepter qu’on fasse dans le privé, à plus grand frais, ce qu’on peut aussi bien faire dans le public, en gardant le contrôle sur ce qu’on veut prioriser et sur la qualité qu’on souhaite garantir à chaque usager ?
Nous verrons dans les prochaines années de nouvelles offensives majeures pour mettre sur pied encore plus de privé en santé. Entre autres, la CAQ fraîchement réélue entend introduire des mini-hôpitaux privés. Une fois que les appels d’offres seront octroyés, il n’y aura plus de retour en arrière possible : les compagnies vont s’en mettre plein les poches. Soyons clairs. Même si c’est encore « l’assurance maladie qui paie », cela reste un problème, parce que les mêmes services coûtent beaucoup plus cher au privé qu’au public. Ces sommes seraient mieux investies pour renforcer nos établissements publics, au bénéfice de toute la population.
D’autres voix proposent d’ouvrir la porte encore plus grande au financement privé de la santé et des services sociaux, en d’autres mots, elles suggèrent que les citoyennes et les citoyens paient de leur poche ou par le biais de leur assurance privée les soins et les services dont ils ont besoin. Pourtant, il est connu qu’en procédant de la sorte, nous nous retrouverions dans un système de santé à l’américaine, système parmi les plus chers et les moins efficaces de l’OCDE. Il n’y a rien à gagner à confier à de grandes compagnies d’assurance un rôle accru dans le financement de la santé. Et une fois le financement de la santé privatisé, il serait difficile, voire impossible, de revenir en arrière.
Il faut déconstruire les préjugés à l’encontre du secteur public et lutter contre des « faits alternatifs », par exemple : « Le Québec est le seul pays où y’a pas de privé à part Cuba et la Corée du Nord. » C’est totalement faux.
Notre force, notre clé, c’est notre nombre, militantes et militants syndicaux. Prochainement, dans les médias comme dans nos assemblées, dans les salles de repos comme à la partie de hockey, partout, nous aurons l’occasion d’agir pour défendre nos services publics en santé et en services sociaux. Nous avons des solutions à proposer. Des solutions publiques, concrètes, réalistes et pérennes.
Vraiment public, c’est une campagne de la CSN pour un réseau public, décentralisé et démocratisé. Ce site vise à outiller l’ensemble des travailleuses et des travailleurs et plus largement les citoyennes et les citoyens afin de les inciter à prendre la parole pour faire valoir la nécessité d’un réseau public fort.
Dans notre section Des mythes à déconstruire, vous trouverez une réponse pour votre « privatiseur en herbes préféré ».
Puisque nous représentons des salarié-es de tous les titres d’emplois dans tous les types d’établissement du réseau public de la santé et des services sociaux ainsi que des travailleuses et travailleurs d’organismes privés, publics et parapublics qui font partie du système, nous travaillons à la recherche de solutions concrètes et réalistes qui émanent de celles et de ceux qui offrent les soins et les services au quotidien.
Voici quelques pistes de solutions :
Le Québec investit moins dans le soutien à domicile que les autres provinces au Canada et beaucoup moins que les pays auxquels nous pouvons nous comparer économiquement. Les soins et les services à domicile permettent aux citoyennes et aux citoyens de vivre plus longtemps dans leur domicile, ce qui est non seulement souhaitable pour leur qualité de vie, mais aussi moins coûteux que l’hébergement dans un établissement. Le soutien à domicile permet davantage d’agir en prévention. C’est aussi un bon moyen de désengorger nos urgences.
Dès le départ, les médecins ont boudé le modèle des équipes multidisciplinaires des CLSC. Depuis 20 ans, c’est le modèle des cliniques privées qui a été privilégié avec les GMF pour tenter de corriger les problèmes d’accès aux services de première ligne, notamment à un médecin de famille. Les résultats ne sont pas au rendez-vous.
Pourtant, les CLSC sont déjà présents partout sur le territoire. Pour la CSN, c’est en misant sur des équipes multidisciplinaires incluant des médecins, au sein des CLSC, ouverts et accessibles 7 jours sur 7, que l’on faciliterait l’accès des citoyennes et des citoyens à la bonne ressource sociale ou médicale, au bon moment. Ainsi nous contribuerions à réduire la pression sur les urgences des hôpitaux. Les CLSC travaillent avec la communauté et agissent sur les déterminants sociaux de santé en ayant une vision globale plutôt qu’une vision strictement médicale de la santé. En misant sur les CLSC, on pourrait donc agir efficacement en prévention.
Les CLSC pourraient aussi servir d’agents de concertation avec les acteurs impliqués en santé et en services sociaux, mais aussi avec les milieux de garde, les établissements d’enseignement, le milieu communautaire, les instances municipales. Ainsi, ils pourraient mieux planifier les soins et les services en tenant compte des réalités locales et en favorisant l’action sur les déterminants de la santé (logement, revenus, éducation, etc.). Pour agir efficacement, il faut briser les silos et miser sur la cohésion entre les acteurs locaux.
Malgré les sommes fort importantes qu’ils exigent de leur clientèle, les centres d’hébergement privés offrent des conditions de travail très difficiles et bien souvent, des salaires à peine plus élevés que le salaire minimum. Durant la pandémie, l’État a dû voler au secours des personnes qui y étaient hébergées, notamment en versant des subventions salariales à ces entreprises pour qu’elles puissent retenir leurs salarié-es.
Le personnel qui assure les soins et les services dans les résidences privées pour personnes âgées réalise un travail remarquable qui n’est pas reconnu à sa juste valeur. Ces personnes devraient être intégrées aux équipes de soutien à domicile du secteur public, et les soins et services devraient être gratuits pour les usagers de ces résidences.
Ces ressources jouent un rôle clé dans le maintien et l’intégration, au sein des communautés, de personnes ayant une variété de besoins. Ces ressources ont besoin de plus d’aide de la part des établissements de santé, notamment pour bénéficier de périodes de répit et pour avoir accès à des personnes remplaçantes. Elles nécessitent également des moyens pour assurer une meilleure santé et une meilleure sécurité dans les milieux. Il faut mieux reconnaître ces ressources qui contribuent positivement au système public.
Le secteur préhospitalier québécois joue aussi un rôle majeur dans le système de santé au Québec. Il doit être renforcé. Les soins avancés d’urgence doivent notamment être déployés partout, sans délai. Aussi, les effectifs doivent être accrus, tant en ce qui a trait aux paramédics qu’aux répondantes et aux répondants médicaux d’urgence (RMU).
Il faut renforcer l’accès aux services en santé mentale, notamment pour faire davantage de prévention. Une récente étude indique même qu’une couverture universelle gratuite de la psychothérapie pour l’ensemble des Québécoises et des Québécois coûterait près de quatre fois moins cher que l’inaction du gouvernement en santé mentale. Les solutions promues par les professionnel-les sur le terrain touchent beaucoup à l’organisation du travail. Entre autres, il faut miser sur le travail en équipe de multiples professions et donner davantage d’autonomie aux intervenantes et aux intervenants. La CSN propose que l’on nomme une personne ou une équipe pivot pour s’assurer que chaque patient qui consulte en santé mentale puisse être suivi pour l’ensemble de ses problèmes dans un court délai.
La CSN appuie globalement les démarches du gouvernement pour mieux financer les soins et les services à la jeunesse et surtout son objectifs de placer dorénavant les intérêts des enfants au cœur de toutes les décisions. Devant l’urgence de la situation, le gouvernement a posé des gestes positifs et a ouvert un dialogue avec les organisations représentant le personnel, notamment dans les centres jeunesse. La CSN y participe activement. Pour nous, ce travail de concertation doit se poursuivre.
Le réseau public a recours à du personnel d’agences privées cinq fois plus aujourd’hui qu’il y a deux ans. Ce phénomène coûte très cher aux établissements. Or, ces agences apparaissent de plus en plus séduisantes aux yeux des travailleuses et des travailleurs. Voilà qui n’est pas sans aggraver les problèmes de main-d’œuvre des établissements publics
Des milliers de travailleuses et de travailleurs formés pour œuvrer dans nos établissements publics ont choisi de quitter le réseau pour travailler ailleurs. Il faut retenir davantage les employé-es du réseau et convaincre la relève d’y faire carrière. Ce n’est pas seulement en agissant sur la rémunération que nous y parviendrons, mais en améliorant la qualité de vie au travail. Comment y arriver ? En éliminant notamment les heures supplémentaires obligatoires (TSO), en développant un sentiment d’appartenance, en assurant à toutes et à tous un environnement de travail sain et en valorisant les relations humaines et les différentes professions. Les professionnel-les sur le terrain doivent bénéficier de plus d’autonomie. Les travailleuses et travailleurs devraient également être consultés afin de trouver des solutions aux défis présents au sein des établissements.
Au cours des années, un nombre de plus en plus élevé de travailleuses et de travailleurs de la santé ont été victimes d’un ennui de santé relié au travail. L’exposition du personnel à des facteurs de risques organisationnels et psychosociaux, tels la surcharge de travail ainsi que le manque de reconnaissance, d’autonomie et de soutien, n’est pas étrangère au nombre élevé de cas d’assurance salaire ou d’accidents de travail. Il faut assainir les milieux de travail de la santé et des services sociaux et protéger la santé et le bien-être du personnel de la santé. Du personnel en santé, c’est un réseau public en santé.
La mauvaise planification de la main-d’œuvre dans le réseau de la santé et des services sociaux n’est pas étrangère aux problèmes criants auxquels on fait face actuellement. Il faut revoir la planification de la main-d’œuvre, notamment en mettant en place des mécanismes paritaires et de concertation efficaces.
L’objectif de notre système est d’assurer la bonne santé physique et mentale de la population. En ce sens, ce n’est pas qu’une question de nombre de lits d’hôpitaux occupés, de temps d’attente pour une chirurgie ou de nombre d’actes effectués dans une journée, mais aussi une question de bien-être. Les CLSC ont notamment cette mission large de voir à l’amélioration de l’état de santé général de la population. Les services sociaux et la prévention jouent ici un rôle névralgique. D’ailleurs, différentes analyses ont régulièrement démontré que c’est beaucoup plus rentable pour la société d’investir en prévention, allant même jusqu’à souligner que 6 $ dans les dépenses liées au curatif sont économisés pour chaque dollar dépensé en prévention. L’accès à l’éducation et à l’enseignement supérieur ainsi qu’à des services de garde éducatifs, la disponibilité à proximité d’aliments sains, la garantie d’un revenu décent et d’un logement convenable ou encore l’existence d’activités culturelles abordables sont tous des facteurs contribuant au niveau global de santé de la population.
À l’issue des réformes des dernières années, le réseau se trouve aujourd’hui beaucoup trop centralisé. Il peut être facile de se perdre dans ce dédale administratif complexe. Les missions sociales, dont les services aux jeunes en difficulté, en santé mentale, en réadaptation ou en dépendance, devraient bénéficier de budgets qui leur sont spécialement alloués au lieu d’être à la remorque des décisions prises dans des mégas structures régionales au sein desquelles les grands centres hospitaliers et la sphère médicale ont tendance à aspirer les ressources. Une véritable décentralisation s’impose afin de favoriser un meilleur accès aux services.
Les récentes réformes ont anéanti la plupart des espaces locaux et régionaux où les gens pouvaient se faire entendre, obtenir des informations cruciales sur l’offre et le déploiement de services dans leur région, poser des questions et obtenir des réponses. La transparence est de moins en moins au rendez-vous dans les CISSS et les CIUSSS, qui n’ont maintenant de comptes à rendre qu’aux seuls hauts fonctionnaires à Québec. Il faut regagner ces espaces démocratiques afin de s’assurer que le réseau réponde adéquatement aux besoins de la population. Les citoyennes et les citoyens devraient pouvoir se réapproprier leurs services de santé, puisque ce sont les premiers concernés, tout comme le personnel du réseau.
Avec le temps, différents modèles de performance ont été imposés dans l’offre de soins. On parle entre autres des méthodes Lean et Toyota. À nos yeux, les soins de santé ne devraient pas être considérés comme de la production à la chaîne. Lorsque notre santé est attaquée, nous sommes fragiles et avons besoin d’encore plus de soutien et d’humanité. Les travailleuses et les travailleurs de la santé devraient pouvoir prendre le temps, avec chaque patient, de bien cerner les problématiques en cause et d’expliquer clairement les traitements ou les interventions à venir.
Le personnel sur le terrain sait mieux que quiconque comment organiser son travail, au bénéfice des usagers. Il faut libérer l’autonomie professionnelle en cessant d’enfermer le personnel dans des carcans administratifs stricts, ce qui sert trop souvent à alimenter une bureaucratie devenue trop lourde. Les personnes malades ne sont pas des objets, il faut donner le temps et la liberté aux intervenantes et aux intervenants de s’ajuster aux besoins de chacun.
La crise sanitaire n’a-t-elle pas montré l’échec du système public ?
La COVID a durement frappé tous les systèmes de santé du monde et, bien entendu, celui du Québec aussi. Cela dit, plusieurs des difficultés qui sont rapidement apparues étaient liées à la place grandissante du privé dans notre système, qu’on pense seulement aux CHSLD privés et aux agences de placement de personnel.
Par ailleurs, l’insuffisance de la rémunération et les mauvaises conditions de travail dans de nombreux titres d’emploi du réseau, dont plusieurs se voient forcés de faire des heures supplémentaires obligatoires, ont favorisé l’épuisement du personnel. La centralisation excessive de tous les établissements dans des mégastructures opaques centrées autour des hôpitaux a également fait partie des problèmes en fragilisant notre réseau et en ralentissant ses capacités d’action. Ce sont là des situations pour lesquelles la CSN était à la recherche de solutions bien avant la crise sanitaire.
En fait, la COVID a surtout montré l’urgence de financer adéquatement nos services sociaux et les soins à domicile.
La COVID a durement frappé tous les systèmes de santé du monde et, bien entendu, celui du Québec aussi. Cela dit, plusieurs des difficultés qui sont rapidement apparues étaient liées à la place grandissante du privé dans notre système, qu’on pense seulement aux CHSLD privés et aux agences de placement de personnel.
Par ailleurs, l’insuffisance de la rémunération et les mauvaises conditions de travail dans de nombreux titres d’emploi du réseau, dont plusieurs se voient forcés de faire des heures supplémentaires obligatoires, ont favorisé l’épuisement du personnel. La centralisation excessive de tous les établissements dans des mégastructures opaques centrées autour des hôpitaux a également fait partie des problèmes en fragilisant notre réseau et en ralentissant ses capacités d’action. Ce sont là des situations pour lesquelles la CSN était à la recherche de solutions bien avant la crise sanitaire.
En fait, la COVID a surtout montré l’urgence de financer adéquatement nos services sociaux et les soins à domicile.
Rien n’est plus faux. La CSN est en mode solution. Il est vrai que nous nous sommes opposés aux précédentes réformes qui ont centralisé davantage le réseau et favorisé l’émergence des soins et des services privés. Cependant, la CSN n’a jamais nié les problèmes. Au contraire, elle a saisi chaque occasion pour mettre de l’avant des solutions qui fonctionnent, puisqu’elles émanent des personnes qui travaillent au quotidien dans le réseau. La CSN publiera deux documents importants au cours des prochains mois à cet égard.
Oui, la santé mentale doit être une priorité. C’est aussi une question de gros bon sens économique. Investir dans la santé mentale de la population, c’est prévenir de nombreux problèmes qui pourraient coûter bien plus cher collectivement et affecter directement notre qualité de vie. Nous n’avons qu’à penser aux nombreux arrêts de travail que cela engendre. Une récente étude suggère même qu’une couverture universelle gratuite de la psychothérapie pour l’ensemble des Québécoises et des Québécois coûterait près de quatre fois moins cher que l’inaction du gouvernement en santé mentale. Toute la population devrait avoir accès aux soins et aux services en santé mentale dont elle a besoin, au moment où ils en ont besoin.
Pour nous, c’est l’une des clé importante pour solutionner bien des problèmes dans le réseau. Ces services sont sous-financés au Québec, et ce, depuis très longtemps. Pourtant, les soins à domicile coûtent beaucoup moins cher que l’hébergement en résidence. De plus, la plupart d’entre nous préfèrent pouvoir demeurer le plus longtemps possible à la maison. Notre immense retard dans ce domaine a pour conséquence d’envoyer des personnes qui pourraient habiter encore longtemps chez elles dans des centres d’hébergement déjà surchargés… tellement surchargés, en fait, que certaines doivent occuper un lit en centre hospitalier en attendant d’y avoir une place. C’est l’une des causes principales des débordements qu’on observe actuellement dans les hôpitaux, notamment dans les urgences.
Le secteur privé a toujours été présent dans nos services sociaux et nos services de santé. La place occupée par le secteur privé est d’ailleurs en croissance au Québec et au Canada. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) compare les États selon différents indicateurs. On y apprend que le Canada est l’un des pays riches où le secteur privé joue le plus grand rôle. Pas moins de 30 % des dépenses en santé et en services sociaux sont privées au Canada, une proportion plus élevée que la plupart des pays de l’OCDE.
Ce sont tous les citoyens et toutes les citoyennes qui financent l’assurance maladie, notamment par les taxes et les impôts que nous payons. Or, les services offerts dans le secteur privé coûtent plus cher, notamment parce qu’il faut garantir une marge de profit. Ces sommes supplémentaires devront être déboursées par l’État alors qu’il y a plein d’autres besoins à financer ailleurs en santé et dans les services sociaux ainsi qu’en éducation, pour le logement, dans les services de garde éducatifs, etc. De plus, rien ne garantit que le gouvernement ne choisisse pas plus tard de se retirer du financement de ces services, devant des coûts qui exploseront. Les compagnies d’assurance collective, dont les frais sont assumés par les travailleuses et les travailleurs, prendront alors le relais. Il va sans dire que cela fera augmenter encore plus le coût des primes !
C’est complètement faux. De façon générale, les statistiques de l’OCDE démontrent au contraire que plus la place du privé est grande dans un système de santé, plus les coûts globaux sont élevés. Par exemple, aux États-Unis, où 51 % des dépenses sont privées, la santé accapare 16,8 % du PIB ou 13 590 $ par personne, comparativement à 10,8 % ou 6 666 $ par personne, au Canada.
Cela ne devrait pas nous surprendre, c’est logique. Les entreprises privées doivent réaliser des profits pour survivre. Plus il y a de joueurs sur le marché, plus les mécanismes de contrôle, de reddition de comptes et de coordination sont nombreux. Après tout, la santé n’est pas une marchandise comme les autres… En outre, plus le recours au privé est étendu, moins l’État n’a de leviers pour intervenir afin de limiter les coûts. Enfin, il est très difficile de comparer les coûts au privé par rapport à ceux du public, car le secteur public a pour mission d’assurer à tout le monde des services, parfois extrêmement coûteux et spécialisés, alors que les cliniques privées ne réalisent que des interventions ciblées et moins complexes dans des endroits réservés à cette activité.
Les comparaisons internationales de l’OCDE disent le contraire. Plus le secteur privé joue un grand rôle dans le système, plus le système lui-même coûte cher aux citoyennes et aux citoyens. Plus le secteur privé est présent en santé, plus il faut prendre le temps de mesurer et de comptabiliser ce que l’on fait, ceci pour traiter la facturation ou pour juger de l’admissibilité au traitement privé. En outre, les soins sont donnés par des personnes et nous manquons de ressources ; par conséquent, plus nous privatisons, moins nous offrons de soins.
Un établissement de santé et de services sociaux ne peut être comparé à une usine de boîtes à chaussures. Évaluer la performance du réseau en nombre d’actes comptabilisés serait évidemment une erreur. Ce qui compte, ce sont les résultats en ce qui a trait à la santé publique. Ici encore, les comparaisons internationales donnent l’avantage aux systèmes avec un secteur public robuste.
Naturellement, c’est vrai, mais pour les personnes qui en ont les moyens seulement. Avec le déplacement de personnel vers le privé, le temps d’attente au public en sera pour sa part rallongé. C’est ce qu’on appelle un système à deux vitesses, un pour les plus riches et un pour les autres.
Quand nous réussissons à accéder aux soins et aux services publics en santé, la qualité est au rendez-vous. Sondage après sondage, les Québécoises et les Québécois le confirment : les problèmes du réseau ne concernent pas la qualité, mais bien l’accessibilité. Or, ce qui freine l’accessibilité, c’est la grande place qu’occupe le privé, notamment en première ligne et dans les soins de longue durée.
La perception de la qualité dans le privé provient souvent du fait qu’on nous montre des cliniques neuves, nouvellement aménagées, où seront réalisés des examens ou des opérations simples, en série. Or, on peut très bien, collectivement, faire le choix d’installer des équipes de travail publiques dans ces mêmes milieux, au lieu de soutenir des entreprises commerciales, avec pour résultat des services publics, entièrement au bénéfice du public.
La mise en concurrence du public et du privé en santé et dans les services sociaux est une aberration. On ne peut comparer les coûts d’une procédure faite en milieu hospitalier public, où l’on doit fournir des soins et des services complexes, d’urgence et intensifs, avec les coûts d’une même procédure faite dans une entreprise qui se consacre àcette seule procédure, dans un environnement complètement adapté. Non seulement une telle approche est contreproductive, mais elle demande des énergies rien que pour construire des indicateurs de coûts et des mesures qui, finalement, ne servent à rien d’utile. Dans des conditions équivalentes, le public fera aussi bien, sinon mieux, et à moindres coûts.
Pour que toutes et tous aient un réel libre choix, il faut impérativement que les soins et les services requis par la population soient accessibles gratuitement et offerts dans le réseau public . Développer le choix d’obtenir un service dans le privé, c’est développer un service au détriment du public, ce qui en limite l’accès pour la population. Ce n’est pas une solution. Le meilleur choix, pour chacune et pour chacun, c’est le public.
Pas du tout. Les soins de santé et les services sociaux, ce sont d’abord et avant tout des travailleuses et des travailleurs qui donnent des services. Actuellement, il y a des pénuries dans toutes les catégories de personnel du réseau de la santé, des secrétaires médicales aux professionnel-les en soins. Les personnes qui travailleraient dans de nouveaux établissements privés proviendraient pour la plupart du réseau public, ce qui aggraverait la situation concernant la pénurie de personnel.
Au contraire, force est de constater que l’augmentation de la proportion du nombre de psychologues n’exerçant que dans le secteur privé a un impact catastrophique sur les listes d’attente du secteur public. De même, si des CLSC publics ouverts la semaine comme la fin de semaine jouaient pleinement leur rôle de porte d’entrée partout sur le territoire, avec des équipes multidisciplinaires incluant des médecins, les urgences des hôpitaux seraient moins surchargées, en particulier les soirs et les fins de semaine, lorsque les urgences privées sont pour la plupart fermées.
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Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable.
Elle est composée de près de 1 600 syndicats et regroupe plus de 330 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec, mais également sur l’ensemble du territoire canadien.