Alors que le gouvernement Legault continue de multiplier les opérations de communication concernant la négociation du secteur public, les enseignantes et enseignants de cégep des syndicats affiliés à la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN) entament une grève dès ce midi, et ce, jusqu’à jeudi midi. Pour elles et eux, plutôt que de miser sur les relations publiques, ce dernier doit prendre acte des besoins dans le réseau collégial et cesser de gérer les services publics selon ses seules priorités électorales.
Des revendications pourtant cohérentes avec les objectifs du gouvernement
Les enseignantes et enseignants de cégep dénoncent le manque d’ouverture et le refus d’entendre le bien-fondé de nombreuses demandes, alors que celles-ci permettraient de contribuer à l’atteinte des objectifs en éducation du gouvernement.
« Le manque d’écoute et de mouvement de la partie patronale est difficile à comprendre. Nos revendications apportent des solutions à des enjeux bien réels pour le réseau collégial. À titre d’exemple, la formation continue permet de former des éducatrices en CPE, des infirmières et des techniciennes et techniciens du réseau de la santé ou encore des techniciennes et techniciens en ingénierie tout comme plusieurs autres professionnel-les dispensant des services à la population et participant même à la relance économique. Or, enseigner à la formation continue, c’est donner le même cours qu’un enseignant au régulier pour 50 % du salaire. Ce n’est pas attrayant et nous allons avoir de plus en plus de difficulté à attirer des personnes qualifié-es pour assurer ces formations. Il nous semble que c’est une logique que le gouvernement peut comprendre et surtout en fonction de laquelle il peut voir l’importance de débloquer les ressources nécessaires afin de rehausser la rémunération des chargé-es de cours à la formation continue », explique Yves de Repentigny, vice-président responsable du regroupement cégep de la FNEEQ.
Une situation similaire touche les programmes de techniques lourdes de la santé, où le manque de ressources alourdit considérablement la tâche et complique l’attraction d’infirmières enseignantes, par exemple, et ce, alors que qu’il s’agit de disciplines en grande demande et en situation de pénurie dans le réseau de la santé. Les enseignantes et enseignants revendiquent que des sommes supplémentaires soient débloquées afin de corriger la situation actuelle.
Autre revendication majeure : l’ajout de ressources afin de mieux encadrer les étudiantes et étudiants en situation de handicap et ceux avec faible moyenne générale au secondaire. « Les cohortes qui entreront dans nos collèges sont les élèves de 4e et 5e secondaire de cette année, soit les plus affectés par la pandémie. Les retards s’avéreront importants et les ressources devront être au rendez-vous pour les soutenir; c’est, encore là, un objectif de diplomation post-secondaire cohérent avec les volontés du gouvernement. Bref, nous invitons François Legault à se détacher de ses priorités électorales et à faire preuve de vision pour l’ensemble des enjeux en éducation », ajoute Yves de Repentigny
La liberté académique (liberté d’enseignement, liberté de recherche et de création, liberté d’expression) est protégée et reconnue pour les professeur-es et chargé-es de cours à l’université. Or, même si les enseignantes et enseignants du réseau collégial font partie de l’enseignement supérieur, il n’existe rien de tel dans leur convention. C’est une situation qui s’avère problématique et qui mérite d’être corrigée dans le cadre de l’actuelle négociation.
Cette importante mobilisation a également pour objectif de rappeler au gouvernement qu’il doit redresser la barre en matière de rémunération dans les services publics, où l’on trouve notamment une très forte proportion de travailleuses. Pour y arriver, la CSN revendique un mécanisme de protection du pouvoir d’achat et des augmentations de 2 $ de l’heure la première année de la convention ainsi que le montant le plus avantageux entre 0,75 $ de l’heure ou 2,2 % pour les deux années subséquentes.
Le secteur public de la CSN a maintenant tous ses mandats de grève
« Aujourd’hui, c’est le début d’un vaste mouvement à la CSN, alors que des mandats de grève ont été adoptés dans tous les secteurs que nous représentons dans les services publics. Par ce mouvement, les travailleuses et les travailleurs de la santé et des services sociaux, de l’éducation et des organismes gouvernementaux expriment qu’ils en ont marre d’entendre le premier ministre dire qu’il a été patient, alors que son gouvernement reste campé sur ses positions depuis 2019. Nous voyons très clairement, qu’en ce moment, celui-ci préfère investir l’argent des contribuables dans des campagnes de publicité pour vanter son offre, au lieu de l’investir là où il doit l’être : dans les services à la population », affirme Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.
« Aucune stratégie de relations publiques, ni aucune campagne publicitaire ne pourront mettre en veilleuse ce que l’on sait trop bien et que l’on répète depuis le début de la négociation : il est urgent d’améliorer les salaires et les conditions de travail dans les services publics, car il y a des graves problèmes de surcharge, d’attractivité et de rétention de la main d’œuvre. Le gouvernement doit donner un coup de barre, sans quoi nous continuerons d’en payer collectivement le prix », conclut Dominique Daigneault, présidente du Conseil central du Montréal-métropolitain-CSN.