La possibilité évoquée par le gouvernement à la mi-novembre de garder les services de garde en milieu scolaire ouverts pendant le prolongement du congé des Fêtes a causé un véritable branle-bas de combat chez les syndicats du personnel de soutien. En plus de la volonté de François Legault exprimée peu de temps avant d’ajouter trois journées pédagogiques au calendrier scolaire, son intention de maintenir ouverts les services de garde scolaires pendant le prolongement des vacances a eu l’effet d’une claque au visage pour les travailleuses et les travailleurs. Si le gouvernement est revenu sur sa décision de prolonger le congé des Fêtes, le personnel de soutien et les éducatrices en service de garde ne décolèrent pas face au manque de considération du ministre de l’Éducation Jean-François Roberge.
Samuel Fortin, président du syndicat du soutien scolaire Bellimont–CSN, ne mâche pas ses mots à l’endroit du ministre. « C’est du gros n’importe quoi. C’est géré au jour le jour, sans consultation. On fait partie de la solution, mais là, on est épuisés et exaspérés par ces décisions sans queue ni tête qui nous sont imposées ». Au printemps dernier, l’ensemble du personnel des services de garde s’était démené pour la mise en place des services de garde d’urgence. « Même si on a prouvé à maintes reprises le caractère essentiel de notre travail, on se bute à un manque de reconnaissance du personnel de soutien, sans compter qu’on évite soigneusement de nous impliquer dans la prise des décisions. Cela cause énormément de frustration », ajoute M. Fortin qui, avec ses collègues, a rendu visite à deux députées de la CAQ et au conseil d’administration de son centre de services.
De son côté, le Syndicat du personnel de soutien des Hautes-Rivières–CSN a décidé de prendre les choses en main, comme l’explique celle qui en est secrétaire, Mireille Gauvin. « On fait tout ce qu’on peut pour se faire entendre, parce ce qui se passe en ce moment, ça n’a pas d’allure. » Les membres du syndicat sont d’ailleurs allés manifester spontanément devant les bureaux de circonscription du ministre Roberge. Pour Mireille Gauvin, il y a une incompréhension totale de l’ensemble du travail effectué par les éducatrices. « Organiser une journée pédagogique, ça ne se fait pas en claquant des doigts. En plus de devoir respecter les bulles-classes au sein même des groupes, on doit composer avec le manque de locaux et une pénurie de personnel. »
Départs précipités à la retraite, réorientations de carrière, congés de maladie… d’une même voix, la représentante et le représentant syndical soulignent l’hémorragie de personnel que subit actuellement le secteur. « Les gens sont déchirés. D’un côté, ils ont à cœur leur emploi et la mission éducative des enfants, et de l’autre, ils sont au bout du rouleau, parce qu’en plus de la précarité du métier, le sentiment d’injustice et de non-reconnaissance les mine au quotidien », renchérit Mirelle Gauvin.
Si les derniers mois ont démontré la capacité d’adaptation, de résilience et de mobilisation du personnel de soutien dans les écoles, le ministre Roberge aura de sérieux comptes à rendre à la sortie de la crise sanitaire.