Que ce soit dans le secteur de la santé, des services sociaux ou de l’éducation, les syndicats du secteur public de la ville de Granby affiliés à la CSN se mettront en action dès maintenant pour améliorer leurs conditions de travail dans la prochaine négociation du secteur public.
Pour la CSN, il est clair que les offres salariales du gouvernement, qui sont de 1,75 % pour chacune des deux premières années, de 1,5 % pour la troisième année et de 1 % pour chacune des deux dernières années, sont nettement insuffisantes. Avec des surplus budgétaires confirmés, le gouvernement a non seulement les moyens, mais il a le devoir de réinvestir massivement dans les services à la population. Des services qui, rappelons-le, ont été frappés de plein fouet par les mesures d’austérité des gouvernements précédents.
Annette Herbeuval, présidente du Conseil central de la Montérégie (CSN), est catégorique : il est urgent d’apporter des solutions pour garder suffisamment de travailleuses et de travailleurs pour offrir des services à la population. « La pénurie de main-d’oeuvre affecte sévèrement nos services publics dans la région. Comme à chaque négociation, les syndicats de Granby pourront compter sur l’appui du Conseil central de la Montérégie », affirme-t-elle.
Camille Dubuc, président du Syndicat des enseignantes et enseignants du cégep de Granby, demande un réel réinvestissement dans le réseau collégial. « Nous l’avons vu récemment dans les médias, il y a dix fois plus d’étudiantes et d’étudiants en situation de handicap au Cégep de Granby. Nous souhaitons que la prochaine négociation nous permette de dégager des ressources pour les profs, afin que nous puissions nous adapter à ce changement dans la population étudiante. Dans les derniers mois, le gouvernement a injecté des sommes importantes dans les cégeps, cependant rien n’a été ajouté au niveau de l’enseignement. Il y a du financement qui a été établi dans les années 90 et qui n’a pas été revu depuis. Au Cégep de Granby, il y avait environ 1000 étudiantes et étudiants et un peu moins de cent professeurs. Aujourd’hui, on est deux mille étudiants et plus de 150 profs. Le financement ne suit pas l’évolution des besoins », affirme-t-il.
Selon Benoit Racicot, président du Syndicat du personnel du Val-des-Cerfs (CSN), le gouvernement doit prendre acte de la pénurie de main-d’oeuvre, notamment en ce qui concerne le personnel ouvrier dans les commissions scolaires. « Le gouvernement a octroyé une prime d’attraction à certaines parties du personnel ouvrier lors de la dernière ronde de négociation parce que l’exode vers le secteur privé est massif. Par contre, cette prime ne comble pas tous les problèmes rencontrés et les besoins sont encore criants. Il va falloir que le gouvernement donne un coup de barre de plus pour garder les ouvriers spécialisés dans les écoles, car actuellement, ce n’est pas assez », ajoute-t-il.
Pour la présidente du Syndicat du personnel administratif du CIUSSS Estrie – CHUS – CSN, Vicky Ouellet, qui représente également des salarié-es en Montérégie, les négociations sectorielles doivent permettre de trouver des solutions qui bénéficieront au personnel tout en améliorant les services. « Entre autres, nous voulons revoir la gestion de l’accès aux postes dans nos établissements pour qu’on puisse les combler. Par exemple, la reconnaissance de l’attestation d’études collégiales (AEC) favoriserait le recrutement de la relève tout en permettant à bon nombre de travailleuses à l’emploi de l’établissement d’accéder à de nouveaux postes pour lesquels elles détiennent l’expertise. Au cours de la dernière année, plus d’une centaine de travailleuses ont quitté. Les établissements peinent à combler ces postes. Le manque de personnel provoque une accélération de la surcharge de travail de celles qui sont en poste. Les gens finissent par tomber malades. Toute cette pression s’ajoute à des années de compressions budgétaires et de réformes. On n’en peut plus ! Un virage s’impose ! » affirme-t-elle.
Pour le vice-président du Syndicat des travailleuses et travailleurs du CISSSMO–CSN–Estrie, Jonathan Tétreault, les négociations sectorielles doivent permettre notamment de mettre fin aux heures supplémentaires forcées. Par exemple, dans les résidences à assistance continue, on voit de plus en plus des assistants en réadaptation ou des éducateurs forcés de travailler des heures supplémentaires imprévues à cause du manque de personnel pour assurer les soins et la sécurité des personnes hébergées. « Nos membres travaillant dans ces services s’adressant notamment à une clientèle en difficulté doivent être constamment en état d’hypervigilance, car ils peuvent à tout moment subir une agression durant leur quart de travail. Dans ce contexte, le fait de recourir régulièrement aux heures supplémentaires augmente considérablement les risques de subir un accident du travail. De plus, cela nuit beaucoup à la conciliation famille-travail-études. Les travailleuses et les travailleurs n’en peuvent plus de cette pression et en viennent à se considérer chanceux d’avoir pu terminer leur quart de travail sans avoir subi de blessure ! Il faut de vraies solutions, maintenant », affirme-t-il.
Les conventions collectives de toutes les travailleuses et tous les travailleurs des services publics arriveront à échéance le 31 mars 2020.